A bon entendeur

dimanche 23 février 2014

En territoire ennemi


Didier Goux a publié. Les éditions Les Belles Lettres ont bien voulu héberger  en son catalogue la prose de cet éminent blogueur réactionnaire. Plus qu'un livre, c'est le recueil de quelques dizaines de billets qu'il a couché sur son blog ces dernières années. Les articles, relativement courts - ce qui permet de pouvoir lire ce bouquin n'importe où, par morceaux, au lit, dans le métro, sur le quai d'une gare, entre deux verres de vin - sont agréablement écrits dans un style qui n'appartient qu'à Goux. C'est drôle quand il vous parle des films de zombis, c'est fort quand il dépeint la bêtise ou la vacuité de ses contemporains, pimenté parfois, émouvant, mignon, réac et sans concessions. On se régale. Il y a du Muray, du Camus (Renaud), du Zemmour, du Finkie, du Modernoeud dont il se moque avec plaisir et du Grosréacq (dont il se moque aussi parfois) chez ce diable d'écrivain en bâtiment. On trouve de tout dans ce bouquin: de l'homosurdité, du zombi, donc, de la littérature expliquée pour les nuls, de la musique, des animaux, du communiste, des autoroutes, des clones, des souchiens (preuve s'il en est que notre auteur ne manque pas de courage pour aborder de nos jours ce type de sujet) ou bien encore des oiseaux qui se prennent pour des hommes (ou peut-être bien l'inverse, allez savoir) et tout pleins de bonnes choses encore... Lisez-le et il se produira peut-être un miracle comme par exemple celui de vous donner une irrésistible envie de découvrir et lire A la recherche du temps perdu.

Petite mise en bouche:

 L'immigration, p.348.

" Lors de notre dernier recensement officiel, les chardonnerets bénéficiant des aides sociales dans la fraternité autonome du Plessis-Hébert étaient, on s'en souvient, au nombre de cinq. Ils sont désormais huit. L'ACC, (Action Solidarité Chardonnerets) est une association à but non lucratif mais dûment subventionnée, nouvellement créée dans le but de rendre illégal et passible des tribunaux le comptage des chardonnerets, lesquels n'ont pas à être discriminés puisque chacun sait qu'il n'existe ni race ni espèce chez les volatiles, ainsi qu'il est solennellement stipulé dans la Déclaration des Droits du Piaf. Tout au plus, et dans un premier temps aussi court que possible, sera-t-il toléré d'évoquer une ethnie chardonneret, afin que ses représentants puissent demeurer légitimement fiers de leurs racines buissonnières – mais sans en abuser. Il est fortement recommandé de s'habituer dès maintenant à les appeler tout simplement “oiseaux”, en prenant conscience que, loin de toute plumophobie malsaine et nauséabonde, les chardonnerets représentent une véritable CPJ – Chance Pour nos Jardins. 
L'ACC envisage d'autre part d'étendre son action en faveur du becqueter-ensemble afin que d'autres composantes du conglomérat-à-plumes (anciennement appelé “peuple”) puissent en bénéficier. Dans ce souci d'apaisement et de tolérance de toutes les volatitudes qui ont fait la richesse de notre jardin, elle préconise que les verdiers, trop souvent stigmatisés en raison de fumeux fantasmes de violence, soient désormais appelés “oisillons”, cependant que les mésanges bleues deviendront des mésanges de couleur. 
Prenez-en de la graine."

Soyez gourmand, craquez  ICI ou .

(Ce billet est sponsorisé par  plaisir de lire et de partager)

Folie passagère 2151.
D'accord, pas d'accord: atoilhonneur@voila.fr

6 commentaires:

  1. Une belle arme que la dérision ! surtout lorsqu'elle est pratiquée avec talent. M'en vais lire ce bouquin de ce pas. La culture,c'est comme la confiture: plus il y en a, plus on savoure.

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    1. @Idel: et bien bonne lecture, ça m’étonnerait que tu sois déçu

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  2. Hé bé ! Me voilà tout rose de confusion et de fierté !

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    1. @Didier Goux: ben quoi, c'est mérité, non ? Vous, tout rose... On ne demande qu'à voir :)

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  3. J'ai de plus en plus hâte que le sms de mon libraire m'informe de l'arrivée de l'objet.

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    1. Al West: tu as un libraire qui commande le livre d'un affreux réactionnaire ? Faut le préserver celui-là ! (tu devrais l'inciter à en mettre un pile en stock)

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