A bon entendeur

lundi 3 mars 2014

A propos d'Alain Resnais


Voilà, ce qui devait arriver est arrivé: à 91 ans, Alain Resnais est mort. Paix à son âme et Vive le cinéma !

Les hommages sont unanimes, il était cinéaste, un monument du cinéma français.

C'est assez curieux quand ce genre de personnage tire sa révérence, la confrérie des gens de l'Art s'emballe et celui que le grand public n'a finalement jamais reconnu comme tel est élevé au rang de monument. J'écrivais hier qu'en entendant la triste et "dévastatrice" nouvelle, je m'étais aperçu que j'étais incapable de citer quelques titres de films d'Alain Resnais. En fait, après avoir été me renseigner sur wiki sans qui nous ne saurions rien, je découvris en avoir vu une bonne demi-douzaine. Je découvris aussi qu'aucun, si ce n'est peut-être Nuits et Brouillards, ne m'avait laissé de souvenir impérissable. 

Il y a donc là un grand mystère. Comment "une légende du cinéma français", comment "un tel monument", comment un "si grand transgresseur d'idées anciennes et de tabous" a-t-il pu ne pas rentrer dans le Panthéon personnel du lambda moyen ? Si de cet homme "dont le cinéma mondial gardera indubitablement une trace" est si monumental, comment expliquer qu'au grand désespoir d'Anne Sinclair, son nom ne fut même pas évoqué, hier, aux Oscars ? Combien de ses films dépassèrent le million d'entrées ? 

Et c'est là tout le décalage qu'il peut y avoir entre EUX et nous. Nous, on aime quand ça bouge, quand ça pète de tous les côtés, on aime le cinéma qui fait rire, frissonner ou pleurer, on punaise des posters des Ch'tis dans les toilettes, on va voir ou revoir Les intouchables, on se retape avec plaisir, pour la dixième fois, La grande vadrouille ou Le gendarme à St Tropez, on s'émotionnera  pour Les enfants du paradis, pour Les choristes ou Jean de Florette... mais qui, oui qui, pourra bien fondre devant On connait la chanson ou  Coeur ? Franchement ?

Alain Resnais vaut-il des funérailles nationales comme certains l'ont suggéré ?

Alain Resnais n'est pas un monument du cinéma français, il n'est que monument pour les gens de culture, pour cet entre-soi qui césarise, pour cette partie de la population qui ne sait peut-être plus rire "bêtement", pour ces élites qui décident de qui est statue ou  juste commercial.

Alain Resnais ne sera jamais un monument du cinéma populaire, juste un grand réalisateur. Grand parce qu'il le vaut bien ou grand parce que l'on nous aura dit qu'il était grand?...

Folie passagère 2166.
D'accord, pas d'accord: atoilhonneur@voila.fr

15 commentaires:

  1. Mhhh... bien incertain, tout ça. Je suis incapable, à brûle-pourpoint, de te donner le nom du metteur en scène ou du réalisateur de la grande vadrouille, et ne partage pas ton avis sur les films que tu cites en ante-antépæniltième paragraphe. En revanche, pour un truc révélateur du fossé entre les élitches de la cultchiure et le commun des spectateurs, il y avait la consternation, hier sur la RSC™, devant la récolte de césars de Galliène, face à Abdelatif Kéchiche qu'a un peu fait flanelle (faut bien l'avouer) avec son dernier film. Et rien que ça suffit à ensoleiller un maussade dimanche en socialie.

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  2. @Al West: mais tu te souviens de La Grande Vadrouille, c'es déjà ça. Et ne me dit pas que les éloges dithyrambiques auxquels ont droit les gens comme Resnais n ont pas quelque chose de ridicule et de surfait, totalement déconnecté de ce que les gens dans leur ensemble attendent du cinéma...

    Pour une fois Askolowitch a été bon lui aussi sur Itélé dimanche pour dénoncer le coté "entre soi" des Césars

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    1. @atoilhonneur corto

      La "Grande Vadrouille", un morceau d'anthologie comme "La Vache et le Prisonnier" !
      On aime ou pas, mais c'est humain et ça "sonne" beaucoup plus juste que bon nombre de films à thèse.
      Autrement dit, la vraie vie, dans des circonstances dramatiques.

      JPB

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    2. @JPB: je plussoie, le cinéma populaire, ignoré des intellos, parle c'est vrai et nettement mieux de la vraie vie que tous les "chefs d'oeuvres " de Resnais.

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  3. Réalisateur de la Grande Vadrouille = Gérard Oury
    Il y a quand même dans l'espace du cinéma de la place pour différents auteurs plus populaires ou plus confidentiels . C'est aussi une forme d écriture qui peut avoir différents publics et différents styles . Le cinéma c'est un regard sur le monde ... et vive le cinéma d'auteur qui apporte sa petite musique dans la grande industrie du cinéma et là c'était un réalisateur Français On a le droit de reconnaitre son talent et de lui dire au revoir ! Le nombre d'entrées n'est qu'un indicateur relatif !.. Marguerite

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  4. Je me demande souvent pourquoi on qualifie le cinéma de 7ème "art" excepté pour faire plaisir à ce parterre d'acteurs et de réalisateurs de seconde zone imbus de leur propre importance (ils sont "LA" culture française) mais qui ne vivent qu'en biberonnant aux subventions

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    1. @Petitpatapon: mais le cinéma est un art a part entière lorsque la qualité de ce qu il propose sublime le sujet. Le pb c'est que n est considéré comme chef d oeuvre que ce qui est "tendance" , "hors réalité", innovant, bravant les tabous etc... et généralement subventionné effectivement.

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  5. J'aime pas le cinéma français....
    Je hais encore plus les films des années 70, français.
    Mais je déteste encore plus ces acteurs bobos de gauche qui s'autocongratulent en s'extasiant sur leurs génies, comme aux Césars.

    J'ai été scandalisée cependant d'apprendre que ce ****** de François Cluzet ait osé dire aux Césars à propos de Delon

    "Il y a un acteur très connu, très, très connu, ça fait 15 ans qu'il est en Suisse. Vous avez vu ce que ça donne ? L'autre jour, il est revenu à Paris pour une émission. Bah il est pas con. Son cerveau, il l'a pas amené, il l'a laissé là-bas, de peur qu'on lui pique !"

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    1. @lady Watterloo: je ne dirai pas que je n aime pas le cinéma français mais qu il est d une pauvreté, d un manque d imagination, surfait souvent, oui, ça par contre. Comme en plus n'est encensé que ce qui plait à Télérama ...

      Pauvre Cluzet !

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    2. @Lady Watterloo: si j ai le temps faudra que je te raconte une anecdote a propos de Delon et moi ...

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  6. Alain Resnais était, je crois, un Homme de Gauche. En général, cela tient lieu de talent.
    Amitiés.

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    1. @Nouratin: Pourquoi crois tu, il était de gauche , assurément.et encensé par la gauche. je me souviens de cette pauvre Bernadette qui malgré ses dizaines de films a été enterrée avec un parfait mépris de tout ce que compte le cinéma français ( sauf Mocky)

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  7. ce que je viens de répondre chez le Plouc, j'ai vu Marienbad et Hiroshima, je me suis fait ch..; comme dans un film de Bergmann où un livre de Duras.par contre, je connais toutes les répliques des tontons flingueurs et je connais par cœur la métamorphose des cloportes

    en ce qui concerne ce con de Cluset sur Delon, quand il aura fait autant de chefs d’œuvres que lui, il pourra la ramener et comme c'est pas demain la vieille, il sera mort avant d'en avoir fait le dixième ! laissons donc ces grands intellectuels donneurs de leçons de gauche se vautrer dans leurs certitudes et leur fange

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  8. Je n'ai vu aucun de ses films et je ne m'emporte pas plus mal!

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  9. "Je découvris aussi qu'aucun, si ce n'est peut-être Nuits et Brouillards, ne m'avait laissé de souvenir impérissable. "

    Je partage complètement votre analyse Corto et particulièrement ce critère d'évaluation.

    Alain Resnais a réalisé des dizaines de films ( j' ai bien aimé " mon oncle d' Amérique" ) mais je n' ai gardé aucun souvenir d' une scène mémorable.

    Alors que plusieurs scènes de " la Nuit du chasseur réalisé par Charles Laughton en 1955 sont restées inoubliables.Ce dernier n' a fait que deux films dans sa vie....

    De même chacun d' entre nous peut citer une ou plusieurs scènes d' un Visconti ( le bal du "Guépard" ou l' agonie du héros de " mort à Venise" sur la plage ,etc,...) ,d' un Fellini, d' un Ford, d' un Kurosawa, y-a de la subtance et il suffit de piocher dans sa mémoire.

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