"2018 sera l'année de la cohésion de la Nation ". Emmanuel Macron, 31 décembre 2017.
Les gilets jaunes... ont bien ébranlé la France, ils continuent même: pas une journée, pas une heure sans que l'on en parle dans les médias. Bientôt deux mois que ce vent de révolte souffle sur la France, bientôt deux mois que des crève-misères, des précaires, des laissés-pour-compte de la mondialisation et du microcosme parisien, des petits salaires et des retraités manifestent pour défendre leurs intérêts, leurs pensions, leurs pouvoir d'achat et pour savoir de quoi demain sera fait. Ils veulent tout et aussi n'importe quoi mais comment pourrait-on leur en vouloir, ça fait des lustres qu'on les a laissé tomber, que Paris les snobe et que les politiciens s'en foutent. Fallait forcément que ça pète. A un moment ou à un autre. Ce fut l'annonce des hausses des taxes sur le carburant qui fit déborder le vase et le réservoir. Macron et sa clique parlaient d'écologie ou de prime à la casse et eux répondaient: "on fait comment pour aller bosser ?". L'incompréhension, forcément.
Et les samedis de manif se sont succédé. Et les premiers débordements ont eu lieu, les premières violences aussi. A chaque samedi sont lot de destructions, de blessés et de morts.
Le pouvoir ne sait plus comment réagir. Ferme et droit dans ses bottes, au début il maintient le cap et promet de ne pas céder un pouce de terrain: les augmentations de taxes et autres prélèvements seront maintenues. Le mouvement s'amplifie, les violences augmentent elles aussi, casseurs à la manœuvre, gilets jaunes en soutien. Jusqu'au dé-ballonnement présidentiel. Mais la révolte ne s'atténue pas et les gilets jaunes, forts de leur première victoire, entendent poursuivre le mouvement: Démission du président, dissolution de l'Assemblée, RIC et autres joyeusetés sont les nouvelles revendications. Les blocages de ronds-points continuent et même si les chiffres évidemment pipeautés du ministère montrent que le mouvement s'essouffle, les gilets jaunes sont encore là.
Alors très vite, le pouvoir macronien emploie les grands moyens pour tenter de mater la fronde. Un arsenal qu'on aurait aimé voir pour ramener l'ordre dans les cités est déployé: grenades lacrymo par dizaines de milliers, canons à eau, blindés, flashball en tir tendu, interdictions diverses prononcées, filtrages préventifs dans les gares et aux péages autoroutiers les jours de manif, des milliers d'arrestations arbitraires, des centaines de GAV, des flics déguisés en casseurs, matraquages, etc.... Même les voltigeurs à moto sont de retour. La France, vue d'ailleurs, est en pleine révolution et le pouvoir est fragilisé comme jamais. La répression est maximale et les violences policières se multiplient.
Résultat ? Pas de quoi être fier. En cette fin d'année 2018, voilà à quoi ressemble la France: 12 morts (du jamais vu depuis des lustres pour un mouvement social), des milliers de blessés, des éborgnés par dizaines, des centaines de voitures brûlées et plus de 6 000 arrestations depuis le début du mouvement ! 6 000 arrestations ! Sans compter les pertes économiques. Pour un peu, on se croirait au Venezuela ! La France est montrée du doigt et j'ai les boules en constatant à quel point notre pays part en quenouilles et à quel point le pouvoir en place se délite.
Castaner, ex-semi-racaille marseillaise devenu ministre de l'Intérieur par la volonté d'un gamin de 40 ans, pérore, joue les caïds d'Etat et parle d'homophobie et de racisme chez les gilets jaunes. Le préfet de police, minus parmi les minus , se couvre de ridicule en se faisant berner plusieurs fois par les gilets jaunes. Macron ? On ne sait pas trop, quasi absent des écrans radar depuis deux mois mais toujours empêtré dans ses histoires avec Benalla. La majorité ne sait plus où elle habite et les députés LaRem sentent la maîtrise des choses leur échapper. Tout se fendille. Ça craque de partout. Quant aux partis d'opposition, ils ont beau essayer de la jouer fine pour récupérer le mouvement, ça ne prend pas. Les gilets jaunes sont hors système.
Quant à ceux qui ne sont ni gilets jaunes, ni politiciens, ils regardent consternés ce bordel ambiant. Voilà où nous en sommes. Pas de quoi être fiers d'être Français en ce moment. Et tout ça parce que ceux qui sont chargés de veiller au bien commun ont failli en ne voulant pas voir le malaise qui s'installait. Tout ça parce que les différents pouvoirs successifs n'ont pas voulu prendre en compte la France périphérique. Tout ça parce que les élites ont considérés que le hors sol était vachement plus confortable que de mettre les mains dans le cambouis et que d'arpenter le terrain hors période électorale. Tout ça parce que ces gens supposés gouverner par et pour le peuple ont oublié que la France, c'était celle d'en haut mais surtout celle d'en bas. Tout ça parce que ceux qui votent ont reconduit quasiment les mêmes clampins depuis 40 ans. Tout ça parce que ceux qui ne votent pas ou plus ont laissé à d'autres le destin du pays.
Tout ça parce que 20 743 128 personnes (à peine 43% des inscrits), manipulées par les médias pour un bon nombre, ont voté pour un gars trop jeune, trop inexpérimenté, trop charmeur, trop sûr de lui, un gars à qui tout réussissait tant qu'ils'agissait de ne pas être confronté aux réalités quotidiennes, un gars arrogant et suffisant qui dès élu n'aura de cesse d'insulter ses électeurs et les Français. Forcément qu'avec ces "tout ça", un jour ou l'autre, ça allait merder grave. Nous y sommes.
On peut penser, espérer pour certains, que la trêve des confiseurs va calmer le jeu. Le gouvernement peut nous gaver de chiffres bidonnés pour nous faire croire que le mouvement s’essouffle; possible mais je n'y crois pas un instant. Le mouvement va se poursuivre sous sa forme actuelle ou sous une autre, le malaise est trop grand et ce n'est pas l'actuel gouvernement qui pourra sortir le pays du merdier dans lequel il se trouve, trop inexpérimenté, trop suffisant, trop loin d'un peuple qui ne lui fait plus confiance.
Paradoxalement, c'est de Macron, en tant que Président de la République, que dépend le sursaut et le retour au calme. En est-il capable ? Non. Non, parce qu'il est totalement démonétisé. Non, parce que trop mal élu. Non, parce que trop impopulaire. Non parce que trop mal entouré. Non, parce que sa majorité est insuffisamment expérimentée pour l'épauler. Non parce que ... Benalla. Non, parce que trop immature. Non, parce qu'en dix neuf mois de présidence, il n'a aucun réel succès politique, économique ou diplomatique à mettre à son actif. Non, parce qu'il n'a rien de commun avec nous, avec les gilets jaunes, avec le peuple de France.
Ce soir, Macron parlera aux Français. Il va jouer gros, il n'a plus rien à perdre si ce n'est son siège. Sera-t-il à la hauteur ? Saura-t-il inverser la tendance et se refaire la cerise ?
Non. Parce qu'il ne nous ressemble pas.
Sur ce les amis, je vous souhaite un excellent réveillon de la Saint Sylvestre sur un rond-point... ou ailleurs, en famille ou entre amis. Que cette soirée soit belle et sympathique.
La Bise en attendant de vous souhaiter, dès demain, mes meilleurs vœux.
D'accord, pas d'accord: atoilhonneur@yahoo.fr