J'ai été au pesctacle aujourd'hui. Le vrai, celui d'une démocratie qui avance....
Nous sommes arrivés par la petite porte, l'entrée des artistes ou celle du petit peuple, choisissez. Il faut montrer patte blanche. C'est exactement comme pour prendre l'avion: vous êtes contrôlés. De haut en bas. Formalités accomplies et pièces d'identités photocopiées sur une machine des années 80, vous pénétrez dans l'antre de la République. Les couloirs sont beaux, les tableaux aux murs, aussi, surtout celui dédié aux droits de l'homme et à la Franc-Maçonnerie; ça sent la majesté.
Une fois les visiteurs débarrassés de tout ce qui est autorisé aux visités ( journaux, manteaux, sacs, téléphones portables, tablettes...), une fois les consignes bien enregistrées ( pas de photos, pas de bruits, aucun signes extérieurs de contentement ou de mécontentement, silence, aucun signe ou geste déplacés, aucun applaudissements,... ), vous pénétrez dans le sein des saints: l'hémicycle de l'Assemblée Nationale !
Bien plus petit en réalité qu'à la télévision mais tout aussi joli, parfaitement tapissé, un peu vieillot, nous sommes à l'Assemblée, nous allons vivre avec la copine Boutfil les questions d'actualité au gouvernement, les fameuses QAG du mardi.
14h45, Michèle Delaunay est la première à entrer, elle se re-pomponne. Vient le reste, tout d'un coup, l'arène se remplit: ministres et députés, ils sont quasiment tous là. C'est important les QAG, la télévision est là, ça tourne. Et le brouhaha commence. Rien à voir avec ce que vous regardez, un brin dépité, dans la lucarne, à la maison. C'est bruyant, très bruyant.
Montebourg fait un tour de salle, Duflot s'installe, Fabius aussi. Ayrault se pose, courtisé. Valls, dynamique, se pointe. Filipetti-petti. Borloo aussi, là-bas; de même que Wauquiez, Copé, Tabarot, Chassaigne, Guedj ( le coq dans une basse-courre )...Oui, ils sont pour ainsi dire tous là. Sauf Taubira, la cayennaise, sauf Le Foll, coincé sous un tracteur, sans doute.
Le cirque est plein, quasiment; au jugé les 3/4 de nos députés sont présents: qui dort, qui lit le journal, qui pianote sur sa tablette ou son smartphone, qui fait son courrier ou joue au scrabble.... On s'invective, on s'échange des messages par escouades d'huissiers en queue de pie interposés, c'est le grand cirque. Ça jacte, ça caquète, ça pérore et personne n'écoute personne. Les questions ont été au préalable transmises aux ministres, les réponses sont prêtes; ne manquent plus que la façon, l'art et la manière de les poser et de répondre. Le ballet est bien réglé et peu importe les réponses puisque tout le monde se fout des questions. Et ça rigole, ça raille, ça se moque et ça insulte... c'est affligeant. Nous ne sommes pas à l'Assemblée, nous sommes au théâtre de Guignol avec Bartolone pour Gnafron. C'est dire si tout le monde tremble...
Une question: 2 minutes; une réponse: 2 minutes. Gnafron veille, pas une seconde de plus, la démocratie, oui, le temps de parole scrupuleusement minuté avant tout.
Brouhaha et capharnaüm.
La classe est dissipée, un euphémisme, et le maître manque d'autorité: c'est carnaval avec la cocarde et le prestige républicain pour déguisements et scène. Le petit peuple, au balcon, mal assis sur des velours rouge passés est consterné: tout est risible ou triste, au choix. Il est 16h10, les QAG ont pris fin, chacun a joué et personne n'a perdu.
Et à l'huissier que l'on questionne, cette réponse désabusée: cela fait 17 ans que je les supporte...
J'ai passé mon après-midi à l'Assemblée Nationale. Le déplacement et le spectacle, déplorable, valent le coup. D'autant plus qu'il est gratuit, le pestacle.
Enfin, gratuit, vous l'aurez compris, c'est une façon de parler, vu comment nos impôts les engraissent...
Folie passagère 1592.