(Adoption à l'unanimité du Projet 2012, 9 avril 2011) |
Un blogopote de gauche écrivait récemment qu'il fallait tourner la page des Primaires, que la gauche se rassemble et que tous ensemble, tous ensemble, il était temps de mettre Sarko en vacances. Soit. Les primaires furent une incontestable réussite puisqu'elles avaient réussi, entre autres choses, à rassembler 5 candidats derrière un projet commun, validé par l'ensemble des militants et des dirigeants du PS. Le fameux projet pour 2012 était la figure imposée des primaires pour chaque candidat: Ne pas s'en écarter, affirmer ses différences, oui, mais ne pas sortir des clous. Dès sa parution, j'ai pris plaisir à le lire et à me demander comment ce déroulé de propositions allait pouvoir, en cas de victoire, se concrétiser. Il était bâti sur une espérance de croissance de + 2,5% dès 2013. On savait dès lors que ces 2,5% étaient inatteignables. Au moment des primaires, nous étions à une prévision de croissance de 2% au doigt mouillé, discrètement, on parlait de 1,75%. Aujourd'hui, on annonce 1%, histoire de ne pas affoler les foules.
Bref, les candidats aux primaires ont, malgré l'irréalisme des 2,5%, fait chacun campagne avec en bandoulière et comme happeau un projet caduque. Et cela ne dérangea personne. Près de 3 millions de personnes se déplacèrent pour voter en faveur d'un candidat, ou d'un autre, dont on savait pertinemment qu'il, l'élu quel qu’il soit, ne saurait pas en mesure de réaliser le quart des 30 propositions incluses dans le Projet commun. Et cela ne dérangeait toujours personne. Ni les candidats, ni les votants, encore moins la presse "spécialisée".
Le seul à avoir voulu remettre en cause le projet, Manuel Valls, un peu plus réaliste que les autres, a payé chèrement sa témérité: moins de 6% des suffrages ! Aujourd'hui, à peine 15 jours après le 2ème tour des primaires, c'est Jérôme Cahuzac, membre éminent du PS et Président de la commission des finances à l'Assemblée qui l'affirme à qui veut bien l'entendre: " François Hollande puisera dans le programme [le Projet] mais ne pourra réaliser la totalité de ce programme. Pourquoi? Car tout simplement les moyens du pays ne le permettent pas ". Il faudra donc pondre un nouveau programme, sans doute bien loin de celui pour lequel tant de gens ont voté, et faire des choix. Quid du contrat générationnel ? Quid des 60 000 créations de postes dans l'EN ? On verra, on verra ... Pour l'instant, cela ne dérange personne. Il y a peu, Michel Sapin, autre membre éminent du PS, ancien ministre de l'économie, annonçait que la rigueur ne permettrait pas la création de ces 60 000 postes sans supprimer des postes, ailleurs, dans la fonction publique.
Il y a du grand écart dans l'air: un projet, fin 2010 sur une base de 2,5%, un an après, les prévisions optimistes tablent sur 1%...
Manuel Valls, Jérôme Cahuzac et Michel Sapin nous confirment donc à tour de rôle ce que j'annonçai dès la parution du Projet: celui-ci ne tient pas la route. Mais cela n'a dérangé personne. Peut-être celui-ci, pot de miel ou attrape-couillons, dès son adoption, était-il voué à la refonte totale.
On s'en doutait mais déjà, cela ne dérangeait plus personne.
Folie passagère 894.
D'accord, pas d'accord: atoilhonneur@voila.fr