Ce qu'il y a de bien avec la présence de la France au Mali, c'est qu'elle illustre parfaitement l'espèce d'amateurisme avec lequel Président gère les affaires de l'Etat. Suivons donc l'évolution des choses, dates et chiffres ayant leur importance...
Acte 1, 15 janvier 2013: Alors qu'il est en promenade aux Emirats Arabes Unis: Président déclare envoyer des militaires français pour "détruire les terroristes, les faire prisonniers si possible". Il endosse la casquette du chef de guerre, pas de quartier, on flingue d'abord, on détruit et on cause après, si possible. Tout le Sahel commence à trembler car il l'a dit: " Nous sommes confiants sur notre capacité à arrêter les terroristes". Et d'ailleurs, "nous avons les bons matériels dont le Rafale, un très bon avion dont je n'ose pas dire que l'expérience l'a démontré". Et vous verrez, le problème sera vite réglé: " Nous n'avons pas vocation à rester au Mali". Promesse qu'il renouvellera le 28 janvier.
Acte 2, Président va au Mali le 2 février 2013 pour se faire acclamer car l'opération Serval fonctionne à plein, les méchants ont été repoussés dans le Nord. C'est cool; pour Président, ce jour-là "est la journée la plus importante de ma vie politique" éructe-t-il devant une foule en liesse.
Acte 3, quatre mois plus tard, le 22 avril, l'Assemblée Nationale française vote la prolongation de la mission au Mali dont on nous disait que l'on avait pas vocation à s'y éterniser. La France a déployé près de 4 000 hommes mais comme la chasse aux méchants a donné de bons résultats, on commence à rapatrier 100 militaires et 5 avions Rafale et Mirage 2000 sont désengagés, retour au pays. Le calendrier est fixé par le gouvernement: "Fin juillet, il n'y aura plus que 2 000 soldats Français au Mali, plus que 1 000 en décembre 2013".
Acte 4, mai 2013, Le Drian confirme que la force française ne comptera plus que 1 000 soldats sur le terrain en 2014.
Acte 5, début janvier 2014, les forces françaises déployées au Mali comptent... 2 500 hommes, bien loin des prévision de 1 000 établies en avril et mai 2013.
Acte 6, le 8 mai 2014, jean-Yves Le Drian, le bras armé de Président, déclare: "Nous sommes en train de nous réorganiser pour avoir une conception régionale du contre-terrorisme." En plus des 1 000 soldats français stationnés du côté de Gao, "3 000 autres soldats seront déployés sur une bande sahélo-saharienne. La guerre au Mali est en train de se terminer dans sa phase frontale." Raison de plus, sans nous prendre pour des cons, pour créer un nouveau front qui s'étendra tout du long de la frontière nord du Mali, du Niger et du Tchad. Et Le Drian de finir sa déclaration par "Le nord Mali est une zone de danger, de trafics en tout genre et là, nous resterons le temps qu’il faudra, il n’y a pas de date limite." Le temps qu'il faudra, pas de limite...
Que disait Président en janvier 2013 ?: "Le retrait est inscrit, il n'y a aucun risque d'enlisement parce que nous avons le soutien de la population, parce que les Africains sont là, parce que les Européens sont présents, parce que nous avons une communauté internationale qui est à l'unisson."
En janvier 2013, le budget de l'opération Serval est estimé à 50 millions d'euros. Fin février 2013, l'Assemblée Nationale française évalue le budget de l'opération à 100 millions. Fin mai, deux députés français l'estime à 250 millions d'euros pour 2013. Le chef d'Etat-Major des Armées évaluera le surcoût de l'opération Serval dans le budget de la défense à 400 millions d'euros pour l'année 2013 quand un rapport parlementaire le fixera définitivement à 650 millions.
Et bien croyez-le ou pas, le projet de loi de finances 2014 a fixé à seulement 450 millions d'euros le budget total consacré à l'ensemble des opérations extérieures. Tout dépassement, éminemment prévisible ne serait-ce qu'avec les déclarations de Le Drian ce matin, sera pris dans le budget "normal" de la défense. En Centrafrique, certains militaires Français dépensent , selon BFM, jusqu'à un mois de solde, de leur poche, pour "s'équiper mieux que ce que nous fournit l'armée: sacs de couchage, moustiquaires..."
Depuis le début de l'opération Serval au Mali, 8 militaires français ont été tués et 300 autres blessés (statistique arrêtée fin 2013 pour le nombre de blessés). Mais à part ça, nous n'avons pas vocation à rester au Mali, encore moins en Centrafrique...
Folie passagère 2269.

D'accord, pas d'accord: atoilhonneur@voila.fr
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