lundi 21 novembre 2011

Vous avez aimé Papy Voise, vous allez adorer Agnès...


Je ne voulais pas trop parler de cette dramatique mais sordide affaire: Le meurtre d'Agnès. Mais trop de choses et de comportements m'énervent. Ce qui somme toute relève, peu ou prou, du faits divers atroce et à traiter comme tel devient une affaire d'Etat. Nationale, devrais-je dire, puisque tout le monde s'en empare.

Au premier chef, les médias toujours avides et friands de ce genre d'évènement: cela remplit les éditions, booste les audimats (et donc les tarifs publicitaires). Le voyeurisme est satisfait. Et sans être dans le secret des Dieux, on peut parier sur les couvertures de nos hebdos et quotidiens de la semaine. Ce type d'affaire fait vendre, alors on donne dans l'exagération, le matraquage et la surenchère ( 20 minutes sur le sujet au 13h de France2). On fait intervenir des experts psychiatres pour expliquer le geste du jeune homme; les mêmes qui ont diagnostiqué sa non-dangerosité ? On fait intervenir des profs, des copains de lycée, des anciennes relations d'Agnès ou de Mathieu: on aurait jamais pensé que... Le meurtre d'Agnès, une aubaine médiatique ? On va vous gaver les amis, d'Agnès, jusqu'à plus soif !

Viennent ensuite les politiques. Au début, j'ai cru que le sens de la mesure allait s'emparer de nos politiques. Sobriété et discrétion... le temps d'un dimanche. Mais alors depuis ce matin, on assiste à un déchaînement progressif. Tout le monde y va de sa petite phrase, crescendo. Chatel, Moscovici, Wauquiez, Fillon, tous montent au créneau progressivement. S'emparer de l'affaire, période électorale oblige, transformer le drame en enjeu politique: récidive, sécurité, justice, délinquance, Loppsi. Ecoutez-les, ils en appellent à la mesure, à la retenue et se vautrent illico dans l'exploitation du zinzin. Et chaque camp d'instrumentaliser l'affaire qu'il ne faut surtout pas... instrumentaliser. Réunion de crise à Matignon, conciliabules dans les états-majors des partis politiques. Avec Agnès, la tentation est grande de nous refaire le coup du Papy Voise. Il paraît que cela marche à tous les coups.

Crescendo,vous dis-je, le pompon reviendra en cette fin de journée à Fillon et à Benoit Hamon, exæquo !  Le premier, après consultation de quelques ministres et experts, déclare: " A l'avenir, rien ne sera caché aux chefs d'établissements lors de l'inscription d'un élève délinquant ". On en rirait presque ! Le deuxième, Hamon, porte-parole sur le retour du PS, fait encore plus fort: il a exprimé " l'effroi des socialistes après ce meurtre horrible " et juge " particulièrement nauséabond de voir la droite instrumentaliser ce fait divers !". Nauséabond, le mot est lâché, vous savez comme aux heures les plus sombres, blablabla de notre histoire... et dans le même temps d'annoncer conférence de presse et réunion de travail pour débattre du problème.

Vous me direz, c'est ça la politique, il faut faire feu de tout bois. Sans compassion, pas d'états d'âmes. Oui, et bien parfois, médias et politiques feraient bien de se poser et d'adopter la bonne posture en pareille situation: du recul et de la retenue. ne serait-ce par égard dû aux familles. 

Au lieu de cela, on vous l'annonce sans vous le dire: Vous avez aimé le découpage de Laëtitia, vous avez aimé Papy Voise, vous allez adorer le viol et la meurtre d'Agnès !

Oui, Agnès, justement...

Folie passagère 924.

D'accord, pas d'accord: atoilhonneur@voila.fr

11 commentaires:

  1. marianne ARNAUD21 nov. 2011, 19:01:00

    Quand il arrive un crime où la défaillance de l'institution judiciaire est gravement mise mise en cause, mon cher Corto, comment voulez-vous qu'on n'en parle pas ?

    RépondreSupprimer
  2. @marianne: mais je ne dis pas qu'il faille ne pas en parler de cette affaire. Juste le faire avec recul et mesure. sans tenter d'exploiter l affaire a des fins politiciennes ou commerciales justement , je suis un doux rêveur sans doute.

    C'est pas le premier cas de récidive et de défaillance et ça changera quoi. Vous verrez ds 1 ou 2 mois ou 1 an, on aura une affaire de récidive aussi dramatique, les débats reprendront et rien ne changera. Souvenez vous de Laetitia, par exemple

    RépondreSupprimer
  3. Ave Corto,

    Perdre son enfant est certainement ce qui peut arriver de pire pour des parents, on ne s'en remet jamais.

    Les marches blanches, les pleurs des voisins, des mais ne changeront rien à la douleur qui transperce l'âme d'un père et d'une mère.

    Je suis papa de deux filles et si par malheur un tel évènement devait arriver(que Dieu m'en garde), qu'on me laisse le misérable un certain temps mais la Justice interdit ce genre de pratique car selon les biens-pensants, la vengeance est inacceptable et la douleur des parents qui est prêt à la partager.

    Qui est coupable, le système à vouloir toujours chercher des excuses aux tourmenteurs, aux violeurs, aux assassins.

    Il y a 75.000 viols par an,10.000 femmes osent porter plainte,2000 violeurs sont condamnés.

    Bien souvent, la victime est traînée dans la boue, elle portait des robes trop courtes, des yeux trop maquillés et mon cul il est pas trop envoûtant, on ne sait jamais!

    Une femme a le droit de dire NON, et un homme doit respecter ce choix, s'il ne fait il se met au rang d'un animal et encore les animaux ne s'accouplent que pour la reproduction pas pour un désir.

    De la haine, de la colère dans mes propos, oui car je suis un père avant tout.

    Sur le sexe, je n'ai jamais laissé ma place et je ne suis certainement pas un ange ou alors avec des pieds fourchus mais j'ai toujours accepté la décision d'une dame quitte à repartir la bite entre les mains et les yeux plein de sperme( paroles prononcées par une amie à un pourceau qui la serrait de trop près).

    Quant à la peine de mort c'est bien trop doux pour des hommes sans honneur.

    RépondreSupprimer
  4. Je dépose rarement de commentaires sur tes articles que j'apprécie assez souvent meme si je ne partage pas toujours tes pints de vue mais pour uen fois bravo pour celui là (comme pour les autres d'ailleurs)!

    Cette histoire est avant tout un drame pour la famille de la victime et tout ce commerce qui est fait de cette affaire, moi aussi me choque .

    Je ne suis pas sur que la famille trouve son compte dans cette agitations et moi je pleure avec eux ce soir; le reste à quoi bon.

    RépondreSupprimer
  5. D'autant que comme d'habitude, les juges qui se sont lavés les mains en le laissant dehors,où plutôt en le mettant dans un collège mixte et les soi-disant psy qui ont trouvé ce garçon sans danger ne seront pas poursuivis ni sanctionnés...les 2 familles devront porter le fardeau seules, les médias vont " oublier" jusqu'à la prochaine gamine.....

    RépondreSupprimer
  6. @grandpas: "mais la Justice interdit ce genre de pratique " et bien encore heureux, manquerait plus que ça!

    @stephan: nous y sommes enplein, l'exploitation à outrance de faits divers soit pour des raisons politiciennes soit pour des raisons commerciales. Dans un cas comme ds l'autre, c'est moche, gerbant.

    @boutfil: gageons en effet que personne ne sera sanctionné. On va nous bassiner avec "qui est responsable" et comme d'hab, une fois l effet émotion entretenu par les politiques et les medias sera retombé,... on attendra le prochain drame et rebelotte !

    RépondreSupprimer
  7. « Si un homme frappe à mort un être humain, quel qu’il soit, il sera mis à mort. S’il frappe à mort un animal, il le remplacera — vie pour vie. Si un homme provoque une infirmité chez un compatriote, on lui fera ce qu’il a fait : fracture pour fracture, œil pour œil, dent pour dent ; on provoquera chez lui la même infirmité qu’il a provoqué chez l’autre. Qui frappe un animal doit rembourser ; qui frappe un homme est mis à mort. Vous aurez une seule législation : la même pour l’émigré et pour l’indigène. »
    — Lévitique, 24,17-22

    On retrouve la référence à Œil pour œil, dent pour dent dans deux jurisprudences du Code d’Hammourabi, les 1965 et 2006.

    Ave, Corto,

    Biens sur que que cette réponse(la vengeance)peut paraître à nos yeux d'être civilisé, barbare mais ces tourmenteurs sont ils encore civilisé.

    Dans cette triste , le procureur n' a pas tout évoqué sur les sévices subits par cette jeune fille.Acte volontaire afin que les partisans de la peine de mort ne se manifestent.

    Les parents de le jeune fille seront seuls face à la douleur et cela pour le reste de leur vie.

    Quant à la récupération médiatique ou politique(voir flanby), on ne pourra y échapper.

    Je rappelle que c'est un certain Badinter qui avait dit ceci:" Ce n'est pas parce qu'un homme a tué une fois qu'il recommencera"; peut être mais en attendant, il y a toujours des assassins,des violeurs et autres fous furieux en liberté.

    La vengeance n'est pas une solution mais qui en est sûr?

    Je suis contre la peine de mort, mais que messieurs les assassins commencent, disait Alphonse Karr...

    RépondreSupprimer
  8. Excellent citation d'Alphonse Karr...

    Moi aussi je suis contre la peine de mort mais uniquement parcerqu'il y a un risque de comdamner un innocent.

    De toute façon, il est probable que le violeur assassin subisse en prison ce qu'il a fait subir à Agnès...

    RépondreSupprimer
  9. Ce fait divers vient d'arriver dans mon journal ce matin en Inde, si si. Une chroniqueuse déplorant les violences faites aux femmes nous a sorti cet exemple, d'ailleurs, en France ...
    Si si

    RépondreSupprimer
  10. @bombay magic: d'ailleurs en France... je me suis laissé dire que question violences faites aux femmes , les indiens n'avaient rien à envier aux Français. sauf à vouloir ainsi se rassurer ?

    RépondreSupprimer

La modération des commentaires étant activée, leur parution peut prendre quelques temps.

TOUT COMMENTAIRE ANONYME SERA SUPPRIME

France, 2019.