mardi 7 octobre 2014

Budget 2015: Carton rouge pour François Hollande ?


A propos du budget 2015 que notre équipe de clampins-dirigeants prépare, Manuel Valls a déclaré cet après-midi à l'Assemblée Nationale: "Le budget de la France, c'est le budget qu'il faut pour le pays". Soit, je veux bien mais alors pourquoi la quasi-totalité des pays européens le dénoncent et pourquoi la Commission Européenne s'apprête-t-elle à le retoquer, retoquage qui humilierait comme jamais la France sur le plan national et international ?

En signant le fameux traité européen, l'ensemble de nos dirigeants et parlementaires (élus par vous et moi) ont accepté que notre budget soit annuellement évalué par Bruxelles et éventuellement rejeté. Ils ont accepté d'exposer la France à de sérieuses sanctions financières - on parle de 4 milliards d'euros - si le budget n'était pas conforme aux attentes et exigences communautaires ainsi qu'aux engagements pris par le pays. En ne renégociant pas le TSCG, François Hollande a, de fait, accepté de soumettre le pays à ces nouvelles règles de transparence budgétaires européennes. Nos politiques ont donc accepté que la France ne soit plus la seule à décider du budget dont elle a besoin, du budget qu'il lui faut. On peut le regretter, je le regrette, mais c'est ainsi.

Qu'est-il reproché à "ce budget qu'il faut pour le pays" ? 

La Commission estime que dans la présentation du projet de budget 2015, le compte n’y est pas. Il ne s’agit pas d’exiger un respect des normes, tout le monde sait en Europe que dans la conjoncture actuelle ce serait suicidaire. Non, il s’agit de vérifier si les efforts, promis de façon à amorcer un processus de redressement, sont vérifiés dans les chiffres. Il y avait eu un compromis de trouvé. Or, le projet de budget est encore loin de ce compromis. En gros, la commission tolère des marges d’erreur de 0,5% par rapport aux engagements. La France devait organiser une baisse de 0,8% de son déficit structurel, c’est-à-dire corriger les effets de la conjoncture. Concrètement donc, les experts ne demandent pas à la France de faire ce que la conjoncture ne permet manifestement pas de faire. Ces derniers s’étaient donc mis d’accord avec Paris pour une baisse de 0,8%. Quand les documents sont arrivés à Bruxelles, la baisse n’était pas de 0,8% mais de 0,2%, c’est-à-dire inférieure à la marge d’erreur, ça fait désordre. La Commission européenne, soutenue par toutes les capitales de la zone euro, parait décidée à renvoyer la copie à Paris. Du coup, ça va entrainer des tractations à n’en plus finir pour échapper à des sanctions et une crédibilité bien entamée (source: JMS)

Viennent ensuite, constatés par Eric Verhaeghe, les 4 mensonges ou omissions de ce budget 2015. Le premier est d'écrire noir sur blanc que l'Etat n'est pour rien dans l'incapacité de la France à réduire ses déficits ! Le deuxième est d'annoncer qu'en 2015, il n'y aura aucune hausse d'impôts. Mécaniquement avec 0,4% de croissance prévue, ils augmenteront en volume. Troisième mensonge: Dire que les dépenses de l'Etat vont baisser. Certes, Manolito annonce 21 milliards d'économies - en oubliant de dire que pour l'essentiel ces économies devront venir d'organismes que l'Etat ne maîtrise pas: collectivités locales, Unedic ou régimes complémentaires de retraite - mais il est capable dans la même phrase de dire que ces économies permettront de ramener le taux de croissance de la dépense publique à 1,1 % !! Il annonce donc bien une hausse de la dépense publique (+13 milliards !) quand tout le monde attend une baisse drastique. Quatrième mensonge: L'Etat n'embauchera pas alors que la lecture du projet de loi de finance 2015 montre qu'au moins 5 000 emplois nouveaux seront créés par les opérateurs d'Etat comme par exemple les universités.

Si à tout cela, plus ce que j'aurais pu oublier, vous ajoutez le fait que depuis plus deux ans, le pouvoir en place ballade Bruxelles en repoussant ses objectifs de ramener à 3% du  PIB le déficit public et en se plantant régulièrement sur ses prévisions de croissance ou de réduction du chômage, on comprend aisément que Bruxelles, tenu d'appliquer à tous les pays les mêmes règles, soit tenté d'infliger à la France un putain de carton rouge ! On imagine tout aussi aisément que les agences de notation n'attendent que ce carton rouge pour dégrader à nouveau la France; ne l'ont-elles pas déjà toutes mises en perspective négative...

Doit-on se réjouir de cette humiliation à venir ? Certainement pas pour la France. Par contre, elle signifiera de manière éclatante au pays et au monde entier que nous sommes dirigés par des amateurs et des incompétents. Il y a des domaines où un carton rouge vaut expulsion; en politique et en gestion des deniers publics, cela donnera lieu à des joutes oratoires rigolotes ou ridicules entre politiciens, mais au bout du bout, une  certitude: C'est nous qu'on va trinquer !

Quand à François Hollande, si ce carton rouge venait à nous être infligés, comme tous les médias l'annoncent, il ne vaudra plus un clou, ce qui est déjà le cas mais là au moins tout le monde devrait pouvoir le comprendre...

Folie passagère 2485.
D'accord, pas d'accord: atoilhonneur@voila.fr

12 commentaires:

  1. La mise sous tutelle n'est pas loin...
    Lorsque des personnes, en raison de leur âge ou d'un handicap mental, ne sont pas en mesure de gérer leur argent, d'autres s'en chargent afin d'éviter la ruine des dites personnes...notre gouvernement et notre président souffrent, à l'évidence, d'un handicap grave appelé incompétence notoire, doublé d'une idéologie mortifère, triplé d'une déconnexion totale du réel et quadruplé par une aptitude au mensonge exceptionnelle...
    Ceci ne veut pas dire que j'approuve tous ces engagements à l'Europe qui nous font perdre toute indépendance...mais les choses sont ainsi, et les engagements doivent être honorés si on veut que la parole de la France soit encore respectée...

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    1. @nana: et les engagements pris doivent être respectés ... ah si seulement ! mais il me semble que depuis la primaire socialiste, puis le discours du Bourget, suivis d'une multitude de reculades ou de demandes de reports, la notion même d'engagement soit totalement étrangère aux socialistes actuellement au pouvoir.

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  2. Comme le dit Nana, la mise sous tutelle n'est pas loin. La menace en avait déjà été évoquée il y a quelques temps...
    L'épée de Damoclès se rapproche dangereusement de nos têtes Et devinez qui va en couper le fil !... Comme d'hab', ce Nullard de Flamby. Qui a, fort à propos, disparu de tous les écrans radars. Planqué ou enfermé ?

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    1. @Franzi: allons, allons, on ne dit pas mise sous tutelle quand il s agit de la France, on dit "placée sous surveillance renforcée"! cépapareil !

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  3. Mais les socialistes ont bien un autre chat à fouetter pour cela ils envoient les juges en rangs serrés pour détruire l’ignoble Sarkozy, à a monsieur c'est du sérieux, faut pas déconner quand même avec la sécurité de ce pays sinon pour le reste :"français dormaient tranquilles".

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    1. @Grandpas: je crois que les affaires que l on impute a Sarkozy ne seront pas suffisantes pour masquer le scandale que serait un retoquage du budget du pays par Bruxelles

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  4. Malheureusement, on ne peut pas le sortir du terrain.

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  5. Adrien Bilotin8 oct. 2014, 10:53:00

    Vivement le retour de Nicolas, quand le déficit annuel était de 8%

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  6. Reportage très intéressant hier soir. Cash investigation traitait des lobbys du tabac. Du beau linge s'est fait agrafer en toute beauté!

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  7. Bien belle analyse que l'on aimerait entendre en boucle sur toutes les chaines radio et TV. Il faudrait vous faire embaucher sur BFM et Rance Info. Ça remonterait le niveau.

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    1. @Un Dragon: ils ne voudraient pas de moi, pas assez politiquement correct !

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