Le gouvernement a démissionné, c'est bien. Quelques clampins partiront et d'autres arriveront; on sait ce qu'on perd, on verra ce que Président et Valls nous offriront demain. Le cheptel politique socialiste se réduisant comme peau de chagrin, le pire est à craindre, nous verrons. En attendant, il nous aura été donné l'occasion d'assister à deux séquences toutes aussi pitoyables l'une que l'autre.
Ce matin, il pleuvait sans cesse sur Sein et Président, ruisselant, dégoulinant, s'est encore livré au jeu de la commémoration et du souvenir. Panique et désordre politique à Paris et Président, pitoyable sous la pluie, nous joue le devoir de mémoire. J'ai regardé, j'ai écouté. Je ne saurai dire ce qui était le plus perceptible: la pluie battante ou le speech éculé, le douzième ou le treizième d'une longue série commémorative. Le problème étant que compte tenu de l'actualité et du climat météorologique, il ne restera rien de ce discours, rien, si ce n'est l'image surréaliste et décalée d'un Président parlant dans le vide. A croire que même à Sein, on lui en voulait, personne, alors que cette pluie battante était annoncée n'aura pris la peine de dresser un auvent ou un abri présidentiel. Le résultat est... un jour de pluie à Sein et un Président qui était ailleurs. Point. Le bide !
La deuxième séquence aura été l'allocution de Montebourg en direct de Bercy. L'homme s'est comparé à Cincinnatus et tout le monde a foncé sur wikipédia pour savoir qui était cet homme. Un homme dont on nous dit qu'il était sage, un modèle de vertu et d'humilité ! Rien que cela ! Sauf que le volontarisme de Montebourg, c'est un peu comme les coups de menton de Valls, ça fouette sans faire mal, c'est télévisuel mais en aucun cas gage de réussite et de succès. Montebourg vante son action mais qu'a-t-il à mettre à son actif ? Quelles réussites ? Quels succès ? Rien, nada, nibe. Florange, SFr, Alsthom... de bide en bide, Montebourg a rebondi pour enfin se perdre à Frangy. C'est bien. Nous l’entendîmes annoncer qu'il choisissait de partir, qu'il reprenait sa liberté... Est-ce un vrai choix de reprendre sa liberté quand justement on n'a pas d'autre choix ? Non. Arrogant et suffisant, il se permet même d'annoncer le départ de deux de ses collègues, se posant en chef de file des frondeurs du gouvernement: Moi, Montebourg, je pars la tête haute et je ne pars pas seul ! My Ass ! Il nous dit qu'il aura tout fait, tout tenté pour infléchir la politique choisie par Président mais même là, il aura échoué. Qu'il s'en aille donc !
Ceci dit, il me vient quatre réflexions:
- Vu ce que l'on connait du personnage, Montebourg n'aura de cesse de critiquer le gouvernement. On peut même supposer qu'il tentera de prendre la tête des frontistes, quand bien même il n'est pas député. Il incarnera auprès d'eux "l'autre voie". Mais que penser de gens qui prônent le dérapage budgétaire et la hausse des dépenses publiques comme moyen de sortie de crise ? Pas grand bien si d'aventure ils devaient parvenir aux affaires. Politiquement, ils n'auront de cesse de mettre des bâtons dans les roues de l’exécutif, décrédibilisant plus encore celui-ci. Alors, certes, si cela n'est pas pour me déplaire, quelle pitoyable image de notre démocratie !
- La deuxième réflexion, c'est que ce nouvel épisode - la démission du gouvernement et l'image d'instabilité qui est donné de notre régime - n'aurait pas du avoir lieu si Président avait eu les coucougnettes de se débarrasser plus tôt d'un Montebourg que l'on savait incarner tout autre chose que la social-démocratie hollandaise. Il en a eu maintes fois l'occasion, il n'a pas osé tant il est soucieux d'éviter tout conflit. La responsabilité de cette séquence est donc à imputer à Président, pas à Montebourg.
- La troisième, c'est qu'avec l'éviction du gouvernement des adversaires de la politique menée, le gouvernement et Hollande, fragilisés comme rarement sous la cinquième, vont être obligé de séduire plus encore au centre et aux adeptes de la droite molle, reste à espérer que ces derniers ne se laisseront pas embarquer dans cette galère en plein naufrage.
- Enfin, globalement, que ce soit ces deux nouvelles séquences, la démission du gouvernement et un président dégoulinant, l'image de la France à l'international est encore, plus que jamais, dégradée. Du jamais vu semble-t-il sous la cinquième. Comment imaginer que Président et sa clique puisse obtenir quoique ce soit de ses "partenaires" européens lorsque à chaque jour qui passe la popularité de celui-ci tutoie de plus en plus les abîmes sondagiers...
La Socialie est en train de prendre l'eau de toute part. Voilà qui ne serait pas pour me déplaire si elle n'entraînait pas avec elle le pays tout entier. En l'état actuel des choses, et quitte à ce que ce soit un peu plus le bordel pendant quelques temps, je ne vois guère que la dissolution de l'assemblée nationale pour nous éviter le naufrage total.
Pour le soixante dixième anniversaire de la libération de Paris, la France n'a pas de gouvernement...
Folie passagère 2424.