Je n'avais jamais rien lu de Finkielkraut. Voici une erreur corrigée. Il n'y a aucun doute, pour moi, cet homme est parfaitement lucide et clairvoyant et les gens comme Alain Badiou, progressistes auto-proclamés, lumières du monde, concourent à la destruction de notre Histoire
" Car la France est à l'image de l'Europe et l'Europe a cessé de croire en sa vocation passée, présente ou future à guider l'humanité vers l'accomplissement de son essence. Il ne s'agit plus pour elle de convertir qui que ce soit (...), mais de reconnaître l'autre à travers la reconnaissance des torts qu'elle a commis à son endroit. Il lui incombe plus généralement d'accueillir ce qui n'est pas elle en cessant de s'identifier à ce qu'elle est. Ses clercs, au sortir du XXème siècle, ne prennent pas le pari de l'Aufklärung contre le romantisme, ils préconisent ce remède de cheval contre tous les hubris: le romantisme pour autrui. Si l'Europe doit se dénationaliser et renoncer dans la foulée, à tout prédicat identitaire, c'est pour que puissent se déployer librement les identités que son histoire a mises à mal.
Et ajoute Alain Badiou, cette oblation est sa délivrance; cette apostasie, sa sortie des ténèbres: " Que les étrangers nous apprennent au moins à devenir étrangers à nous-mêmes, à nous projeter hors de nous-mêmes, assez pour ne plus être captifs de cette longue histoire occidentale et blanche qui s'achève, et dont nous n'avons plus rien à attendre que la stérilité et la mort. Contre cette attente catastrophique, sécuritaire et nihiliste saluons l'étrangeté du matin. " Pour que le jour se lève, il faudrait donc cesser de considérer l’immigration de peuplement comme une menace, un défi ou un problème, mais voir en elle la chance d'une rédemption et supprimer toute les lois qui la contraignent. La France, l'Europe, l'Occident ont beaucoup péché en voulant mettre l'Autre à la raison: l'occasion leur est maintenant offerte d'être purifiés par l'Autre d'eux-mêmes et de leur passé coupable. Robinson, suggère ici Badiou, n'est plus maître du monde ni même souverain en son royaume. Il n'est plus condamné à la domination: Vendredi le destitue et, ce faisant, le sauve.
Aux pensées et aux passions xénophobes, Badiou oppose l’exercice de ce que le philosophe anglais Roger Scruton appelle l'oikophobie: la haine de la maison natale, et la volonté de se défaire de tout le mobilier qu'elle a accumulé au cours des siècles. Et ce rejet n'est pas une lubie de philosophe. La bureaucratie fait chorus. Les gardiens de la maison eux-mêmes sont oikophobes. En 2011, un agenda est distribué dans tous les établissements scolaires de l'Union européenne: toutes les fêtes religieuses y figuraient, à la remarquable exception des fêtes chrétiennes. Ses responsables se sont engagés à réparer l'oubli. Mais le jour se rapproche où pour n'offenser personne, les fêtes de Noël deviendront, dans le discours officiel, les fêtes de fin d'année ou, plus poétiquement, les fêtes d'entrée dans l'hiver ."
Alain Finkielkraut, L'identité malheureuse (p.103-105), Stock.
Folie passagère 2007.
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