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dimanche 17 novembre 2013

Je suis cannibale et j'aime ça.


Je lisais ce billet d'humeur d'Aymeric Caron dans le train, imaginez la tête des gens autour qui ne cessaient de me voir pouffer de rire. Caron répond ici à Richard Millet qui, précédemment, avait pris la défense des bouffeurs de viande. Caron, qui est au journalisme ce que Pif Gadget est à la chanson de geste, n'était pas content; le journal Le Point (n°2148) lui donne l'occasion de le dire. Attention, c'est très-très sérieux.

" Depuis que le végétarisme s'est affranchi de la suspecte marginalité dans laquelle lobbies et habitudes culturelles l'ont longtemps enfermé, la peur gagne les plus revendicatifs des mangeurs de viande. Le dernier en date à crier son désarroi est l'écrivain Richard Millet. Hissant les couleurs du drapeau carnivore, il lance un appel à la résistance. Contre ses ennemis de la licence gustative, "ceux qui broutent l'herbe du nutritionnellement correct", Il rassemble les troupes de la France libre de ses choix alimentaires. Il clame haut et fort son amour du steak, fût-il de cheval., et déroule alors sa stratégie pour n'en être point privé un jour: discréditer les intentions prétendues douteuses et immatures des opposants à la viande. Et faire passer les défenseurs des droits des animaux pour de méprisables illuminés. Classique. Mais intellectuellement malhonnête. 

Le choix de ne plus manger d'animaux peut reposer sur divers critères, dont aucun n'emprunte au caprice: Critères environnementaux, économiques, sanitaires ou éthiques. Mais l'argument du végétarisme est sans doute celui qui l'emporte sur tous les autres. Aristote avait relevé l'évidente continuité qui nous lie aux autres êtres vivants. La science a confirmé cette intuition. Nous savons désormais avec certitude que les humains sont eux-mêmes des animaux et qu'il n'y a que des différences de degrés entre les espèces. Dès lors, la question des droits qu'il convient d'accorder à ceux que le spécialiste de l'évolution Richard Dawkins appelle nos cousins n'est plus secondaire: elle est essentielle. Parce que les autres animaux sont aussi dotés de raison et de sensibilité, parce qu'ils éprouvent du plaisir et de la souffrance, parce qu'ils sont des individus capables pour certains de développer une conscience d'eux-mêmes et de respecter une morale, nous ne pouvons plus aujourd’hui les traiter comme une matière première pour la satisfaction de nos papilles gustatives. Le gouvernement indien vient d'adopter une loi qui confère aux dauphins un statut de personnes non humaines et a décidé d'interdire les delphinariums. Par ailleurs, de nombreuses personnalités des sciences et de la philosophie soutiennent le Projet Grand Singe [no comment, ndlr], destiné à accorder aux gorilles, aux bonobos, orangs-outans et chimpanzés des droits essentiels. Ces initiatives sont raillées par quelques obscurantistes qui refusent d'ouvrir les yeux, traumatisés par la perspectives de tomber du piédestal où la tradition cartésienne les a installés. Ils ne se rendent pas compte qu'au contraire, en rendant aux autres animaux la place qui est la leur, l'homme se sauve lui-même."

Ainsi donc, partant de ce nouveau principe humano-progressiste relayé par Caron qui voudrait que la vache soit ma cousine, à déjeuner, j'ai prévu de me taper mon cousin; une cote de bœuf bien saignante fera l'affaire.

Folie passagère 2001.
D'accord, pas d'accord: atoilhonneur@voila.fr

France, 2019.