Depuis que je suis tout petit, j'entends parler de la crise dans la sidérurgie française. Sans arrêts des grèves, des fermetures de sites et des chômeurs en plus. Il y a des noms qui sont imprimés dans ma mémoire: Uginor, Sacilor, Ugine-Kuhlmans, Wendel, Pechiney, Alcan, Arcelor.. Des tas de noms comme ceux-là empilés dans un coin, à chaque fois synonymes de difficultés et de manifestations, de désespoir et de villes et régions qui se meurent.
La sidérurgie française depuis 40 ans n'en fini pas d'agoniser. On y a mis du fric pourtant là-dedans: des capitaux privés et le pognon des contribuables. Par centaines de milliards de francs d'alors: 120 milliards entre 1977 et 1995. Entre 1975 et 1987, le secteur sidérurgique enregistra 80 milliards de
francs de pertes (couvertes par l'État pour l'essentiel) et engloutit
plus de 100 milliards de subventions publiques ( sces: ici )
On a nationalisé puis on a privatisé pour re-nationaliser pour à nouveau re-privatiser, au gré des gouvernements qui passaient, de droite comme de gauche. Et nombreux sont ceux qui se sont engraissés sur le dos de l'acier. La sidérurgie n'était plus seulement une industrie, elle était devenue un enjeu politique; son destin fluctuait au gré des divers gouvernements qui se succédèrent.
Mais il ne fallait pas être bien malin pour s'apercevoir que ce secteur était voué à disparaître. Problème de compétitivité globale: concurrence mondiale, coût du travail, syndicalisme, difficultés à l'export. Mais même pas grave, on a continué à subventionner, à acheter puis revendre les hauts-fourneaux. Pour finalement brader ce qui restait de la sidérurgie française, Arcelor, à Mittal pour une grosse bouchée de pain en 2006: moins de 27 milliards d'euros.
Et au milieu de tout ce fatras politique et financier, il y avait les sidérurgistes dont le nombre fondait comme neige au soleil (100 000 de moins entre 1977 et 1995). Après chaque vague de licenciements, à ceux qui restaient, on disait que ça irait mieux demain, qu'on allait redynamiser le secteur, qu'on recapitaliserait, que l'Etat ne les laisserait pas tomber, qu'on trouvera bien des solutions etc... Mais inexorablement la sidérurgie se meurt, peu à peu, des régions des villes et des villages avec..
Chronique d'une mort annoncée...
Mais jamais dans ma mémoire, je n'ai le souvenir d'avoir entendu un politocard ou un gouvernement faire preuve de réalisme, d'assumer le déclin une bonne fois pour toutes et d'engager un vaste plan de reconversion du secteur et des régions concernées. On fait table rase, on change le destin, on investit différemment. On pense autre chose, on construit un autre avenir. Dans les hautes ou nano-technologies, dans l'aéronautique, dans la fibre optique, que sais-je encore... Non...
On laisse crever le bouzin, on fait croire qu'on pourra sauver des emplois au nom de la sauvegarde de ces mêmes emplois et de l'indépendance du pays. On nous annonce que l'Etat reprendrait bien pour 1 ou 2 euros symboliques les derniers hauts fourneaux, à Florange. Pourquoi pas, en attendant de retrouver un autre repreneur puis un autre et encore un autre... Et quelques milliards engloutis encore, en pure perte.
Et puis au bout du bout, on s'apercevra qu'il n'y a plus de sidérurgistes, plus de vie dans la région et bien trop de chômeurs dont on ne saura quoi faire. Alors, on les indemnisera, on les paiera à ne rien foutre.
Et tout ça parce qu'à aucun moment, " on " aura eu le courage politique de dire halte au feu, on arrête le massacre. On passe à autre chose.
Folie passagère 1366.
D'accord, pas d'accord: atoilhonneur@voila.fr
Pff, d'toutes façons, on peut pu aller ou que ce soit, alors à quoi bon fabriquer des bagnoles -et tout le reste...
RépondreSupprimer