Merci, oui, j'ai passé un très bon début de semaine là où une France d'aujourd'hui entend respecter certaines traditions, certaines habitudes, une certaine façon de vivre, là où les vieilles pierres sont protégées, rénovées, entretenues, là où la chasse à courre n'est pas une absurdité barbare d'un autre temps mais un art de vivre, un héritage, une oeuvre de régulation.
Il n'y a pas plus amoureux des cerfs et des chevreuils que celui qui les chasse et qui sait écouter leurs brames, la nuit, au cœur de ces forêts préservées.
Et si financièrement cela en coûte à ceux qui ont choisi ce petit coin protégé, peu importe, ils se placent comme gardiens d'un patrimoine qu'ils préfèrent ne pas remettre entre les mains d'un Etat aussi impotent qu'immobile.
Il y a de la Loire les châteaux que l'on connaît tous et puis ceux inconnus dont, sait-on jamais, je tairais le nom: Préservons-les. De merveilleux châteaux, sans doute moins chargés d’histoire que Blois, Chambord, Chenonceaux ou Azay-le Rideau mais si beaux, si seuls, si isolés que la plupart n'ont jamais vu un car de touristes s'y arrêter. Ils sont planqués dans de petits coins et pour certains d'entre eux, seuls les pays pourront vous y amener. On les visite tranquillement. On s'émerveille de ces petites tours, de ces salles à manger d'époque, de ces escaliers à la Léonard, de ces bibliothèques aux milliers de livres précautionneusement époussetés, de ces trophées de chasse, de ces armes et armures amoureusement entretenues et exposées, de cette vaisselle dans laquelle on aimerait tant manger, de tous ces meubles plusieurs fois centenaires, de ces statues, de cet " ange déchu " qui m'a tant ému... On se prend à penser qu'ici, nul ciment ni fers à béton, que de vieilles pierres et du vieux bois dont on faisait charpentes, poutrelles, meubles et parquets qui craquent encore sous nos pas bien après que chevaliers et seigneurs du coin ne les aient torturés.
En ces lieux on fait silence, on photographie discrètement, presque par intrusion et l'on déambule sans crainte de l'heure qui passe: on ferme quand il n'y a plus personne, une fois qu'on a fini de déguster dans des coupes en étain un Vouvray " tranquille " et quadragénaire que le propriétaire vous offre parce qu'il sent bien que l'endroit vous a remué et que le choc d'une rencontre avec l'Histoire, par les temps qui courent, bouleverse autant qu'il apaise...
Mes ancêtres étaient là, enfin, vous l'aurez compris, pas les miens directement, juste ceux qui ont fait une partie de notre histoire, un morceau de l'histoire de France, de ceux que l'on peut évoquer sans faire polémique. Sans faire polémique ? Aurions-nous de lointains ancêtres dont nous devrions avoir honte ou rougir quand on se dit Français, quand on se prétend Français, je n'ose l'imaginer...
D'un virage que seule l'Histoire peut négocier, l'un de ces châteaux est devenu polonais comme une bonne moitié des habitants du village d'aujourd'hui; n'allez pas les interroger sur leurs origines sinon, offusqués, ils vous sortiront de la grand bibliothèque une Histoire de France en soixante trois volumes et vous diront: elle est là notre Histoire...
Demain, ce sera courses, Paris puis relâche avant de partir six jours en Aveyron avec quelques blogueurs de bonne compagnie. Au programme: Promenades, veillées au coin du feu, flacons de qualité, agapes, ripailles et cochonnailles.
Portez-vous bien !
Folie passagère 3298.
D'accord, pas d'accord: atoilhonneur@yahoo.fr