De l'ami Koltchack. Faites-vous plaisir, vraiment, lisez !:
" Cela fait des années que cette idée ne me quitte pas : je suis né trop tôt. Pour mon malheur, j’ai connu un peu de cette France d’avant. D’avant la bouffonnerie soixante-huitarde, d’avant l’abaissement des frontières et des critères d’attribution de la nationalité, d’avant le relâchement des mœurs, d’avant la permissivité pénale, d’avant l’avènement des petits procureurs de l’antiracisme et du vivre-ensemble obligatoire. J’ai quelques souvenirs d’enfance de cet imbécile mois de mai. Parisiens, mes parents m’emmenaient parfois, gamin de six ans, avec eux dans leurs déambulations pédestres dans les rues de la capitale, presque totalement rendues aux piétons pour cause de pénurie de carburant, de grève des transports en commun. Arrivés dans le Quartier latin, nous regardions les barricades, et les quelques andouilles qui les tenaient, sérieux comme des gardes rouges, ne voyant pas l’absurde de la chose. C’était comme une sorte de zoo sans cages ou enclos. Le boulevard Saint-Germain et les rues adjacentes s’étaient, par la grâce de la bêtise estudiantine, mués en une sorte de grande ménagerie simiesque. Les bonobos du cru allaient et venaient, piaillant des mots d’ordre abscons, les plus doués collaient des affiches idiotes proposant au lecteur des slogans se voulant novateurs. Nous décampions lorsque la police arrivait. Arrivés sur la rive droite, nous entendions les détonations des lance-grenades, des cris.
Gamin, je n’envisageais pas une seconde que ce gigantesque monôme allait dénaturer la nature profonde de mon pays. Comment l’aurais-je pu, moi qui étais fasciné par ce vieux général qui présidait à la destinée de la France ? Je le trouvais rassurant avec son uniforme, son aspect débonnaire, je le voyais comme une sorte de grand-père de tous les Français. Je ne sais pas si c’est une chance, mais je suis né dans une famille où la politique prenait énormément de place. J’accompagnais mon père lorsqu’il collait les affiches, lorsqu’il tractait. Je l’aimais bien ce grand bonhomme de général. On sentait qu’il était d’une autre trempe que tous ces ministres étriqués dans leurs costumes trois-pièces et lorsqu’il parlait, c’était la France qui s’exprimait. Pas celle des calculs politiques, des frileux défenseurs des acquis sociaux, des promoteurs de la grande partouze moderne, mais celle de Fontenoy, d’Austerlitz, de Camerone, de Verdun. Certes, ce n’était pas un roi, mais à sa façon il était le père du peuple français, un homme que l’on ne pouvait que respecter même si on se situait politiquement aux antipodes. Bien sûr je ne comprenais pas tout, mais je voyais bien que lorsque la France se déplaçait à l’étranger elle était accueillie avec la pompe et la déférence déployées pour un hôte de marque.
Lorsqu’à l’occasion de vacances nous descendions en province, en Auvergne, nous retrouvions la famille. J’étais fasciné par les vieux du village, les traits profondément marqués par l’âge, à la tignasse blanchie par les ans, la vêture sombre, toujours alertes, actifs, prompts à la plaisanterie. Je me suis toujours mieux entendu avec mes aînés qu’avec les mioches de mon âge. Quelques-uns mis à part, ils ne m’acceptaient pas, j’étais l’anormal, celui qui les confrontait à ce qu’ils étaient. Comme si un môme qui sait lire couramment et écrire correctement, à son entrée en CP, qui préfère Dumas et Verne à Pif ou Hakim, pouvait devenir quelqu’un de populaire dans ces véritables ménageries qu’on appelle « écoles élémentaires ».
J’ai eu la chance d’aller dans une école primaire à l’ancienne. Le port de la blouse, obligatoirement grise, était de rigueur, de même que le voussoiement. Seuls le porte-plume et la plume Sergent Major étaient autorisés pour tous les travaux d’écriture. Le matin, un élève désigné par l’instituteur devait faire le tour de tous les pupitres afin de remplir les encriers. Et lorsque nous voulions nous venger de la crasse d’un élève à notre endroit, nous glissions discrètement un petit bout de buvard dans son encrier. Le buvard se désagrégeait rapidement et les fibres en suspension se collaient à sa plume, produisant des pâtés qui invariablement lui valaient une punition. Un antique poêle à charbon trônait au milieu de la classe et l’hiver, à tour de rôle, nous devions aller remplir le seau des précieux boulets afin qu’il puisse régner une douce chaleur. Notre première tâche du matin consistait à recopier la morale du jour qui avait été écrite sur le tableau noir. Il s’agissait généralement de préceptes civiques destinés à nous inculquer les règles basiques de la vie en société, de nous faire entrevoir que si chacun a des droits, il a surtout des devoirs et que droits et devoirs sont les deux faces d’une seule et même pièce.
À la fin de la scolarité dans le primaire, en CM1 et CM2, nous avons eu droit à des cours de morale un peu plus poussés. Pour ce faire, d’antiques manuels nous furent distribués. Il s’agissait des « Cours de morale théorique et pratique » dont les auteurs étaient A. Pierre (inspecteur général de l’instruction publique) et Mlle A. Martin (agrégée de Lettres), l’éditeur étant le fameux Fernand Nathan. Si je précise le caractère antique de ces manuels, c’est parce qu’ils dataient de 1912 et que nous les utilisions encore au début des années 70. Je ne saurais dire pourquoi, mais j’ai gardé un souvenir précis de ces deux années à potasser la morale sur ces manuels. Au point, qu’arrivé à l’âge d’homme j’ai couru les bouquinistes pour en acheter un exemplaire.
Mais revenons aux vacances. C’étaient des parenthèses merveilleuses où je pouvais me promener à travers la campagne, entre champs, bosquets et ruisseaux, regarder la nature vivre. C’était aussi la vie de la ferme, avec ses règles oubliées aujourd’hui. Les repas étaient pris à heures fixes, et malheur au retardataire, il écopait du regard désapprobateur de mon grand-père, suivi d’un sec et laconique : « On ne t’a pas attendu ». Le fautif baissait alors la tête et ne pipait mot, se contentant de prendre le repas en route sans demander son reste, heureux de s’en sortir à si bon compte. Je me souviens qu’une fois mon père, qui avait bien passé la trentaine, tenta de prendre part à une discussion entre mon aïeul et ma mère, qui a contrario de ses belles-sœurs, jouissait de sa bienveillance. Il y eut soudain un grand silence, rompu par un glacial « Je ne crois pas t’avoir adressé la parole ». Médusé, je vis mon père se taire, baisser la tête, arborer la mine contrite d’un môme pris en défaut. Je n’en revenais pas. Mon père, cet ancien marsouin de la coloniale qui avait parcouru les Aurès, redevenait un tout petit enfant penaud.
Dieu que j’ai pu l’aimer ce vieil homme, et il m’adorait également. J’étais son petit-fils, celui qui allait assurer la perpétuation de notre nom de famille. Grâce à lui, j’avais le droit de veiller un peu, assis sur un des bancs placés dans la cheminée, de chaque côté du foyer. Je l’accompagnais à l’étable et aux champs, coiffé d’un chapeau de paille et chaussé de bottes un peu trop grandes pour moi. Après son décès, les terres ont été rachetées et le nouveau propriétaire a laissé lentement la ferme devenir une ruine.
Mes parents, modestes commerçants, tenaient une brasserie rue Montorgueil à proximité des pavillons Baltard. À cette époque, ils travaillaient à mi-temps : 12 heures chacun, sept jours sur sept. J’ai grandi au milieu de ce quartier grouillant de vie. La vie allait au rythme des halles. Très tôt le matin les producteurs qui venaient vendre leurs marchandises et les forts envahissaient le zinc. Rapidement les rues étaient encombrées par les véhicules des commerçants venus s’approvisionner. Vers 9h/10h tout ce beau monde prenait le temps d’une rapide pause casse-croûte arrosé d’un ballon de rouquin, histoire de tenir jusqu’au repas de midi. D’autres habitués du comptoir commandaient d’une voix de rogomme une tournée de mêlé-cass.
C’était une Babel en miniature. Les travailleurs qui jaspinaient l’argomuche de leur métier (le louchébème tout particulièrement) se mêlaient aux touristes provinciaux et étrangers venus s’encanailler. Il y avait une foultitude de métiers aujourd’hui disparus tels le rémouleur, le vitrier, le ramoneur, le marchand des quatre saisons avec sa carriole à bras, etc. Le pavage du passage de la Reine de Hongrie était glissant. La graisse des boyaux de porc, que les tripiers avaient mis à égoutter sur les fils tendus entre les bâtiments, se déposait sur le sol. Avec le temps, elle avait fini par imprégner le granit. Du coup, il offrait une patinoire gratuite à tous les gamins du quartier qui s’offraient de belles glissades. Et puis il y avait le hangar du Père la ficelle où les clochards pour la modeste somme d’un franc pouvaient passer la nuit à l’abri des intempéries, assis en enfilade sur des bancs, une corde passée sous les bras, que le maître des lieux dénouait au matin.
Pour autant que je me rappelle, il y avait assez peu d’étrangers et ces derniers mettaient un point d’honneur à vivre à la française. Plus tard, après avoir été évincés du quartier à la suite d’une expropriation pour cause de trou des halles – qui resta béant des années durant – nous migrâmes vers le 9ème arrondissement tout proche, près de la salle des ventes Drouot. Autre quartier, autre ambiance, autres métiers. Il y avait les grisettes, petites mains de la broderie Lesage qui continuent à faire des merveilles pour les maisons de haute couture. Des joailliers qui travaillaient en appartement. Il y avait Enzo, le tailleur sicilien qui ressemblait furieusement à Venantino Venantini, le porte-flingue des Tontons Flingueurs. Il y avait René le garagiste, Daniel qui s’était spécialisé dans la vente d’antiques appareils photos, le bijoutier suisse dont je ne me rappelle que le nom. Et puis il y avait aussi Nékli, le harki, le cheveu aussi gris que ses costumes étriqués qui buvait son ballon de rouge quotidien au zinc parental, une cibiche de gris vissée au bec. Je m’en voudrais d’oublier Nino, le rital, ancien la légion étrangère qui passait son temps à faire le clown pour me faire rire.
Paris à cette époque était une suite de quartiers qui vivaient comme autant de villages. Je pouvais me balader seul, malgré mes 10 ans, dans les rues du quartier. Tout le monde savait que j’étais le fils des patrons de la brasserie. Les îlotiers connaissaient tous les marmots du secteur et avaient le pied leste ou la main lourde si d’aventure nous avions commis quelque connerie de môme. Nos parents en rajoutaient une louche pour faire bonne mesure. Le métro avait cette odeur particulière disparue avec ces bonnes vieilles rames Sprague-Thomson au confort rustique mais qui avaient l’avantage d’avoir des fenêtres qui se baissaient jusqu’à la moitié du carreau. Et puis lorsqu’il faisait chaud l’été, on pouvait ouvrir les portières une fois que le train était lancé à pleine vitesse, la pression des vérins baissant fortement avec l’accélération. La resquille n’existait pas car le fameux poinçonneur veillait. La voyoucratie ne faisait pas la loi dans les stations car il y avait le chef de station qui avait sa guérite sur le quai. Les seuls représentants de la maison Truanderie étaient les pickpockets. Il n’y avait que peu de rues goudronnées, le pavé parisien était roi. Je me souviens de quelques petites rues isolées qui avaient conservé les pavés en bois de l’occupation.
À cette époque on ne parlait pas de tissu social à préserver. Paris était habité par toute une population de petits commerçants, d’ouvriers, d’employés, de retraités. C’était une vraie ville. Bien sûr, elle n’avait pas ces belles façades proprettes que l’on voit aujourd’hui. Bien sûr il y avait des immeubles qui n’avaient pas connu de ravalement depuis la libération, mais tout ce petit peuple trouvait à se loger sans rencontrer de difficultés. Les bistrots, les épiceries, les drogueries, les salons de coiffure étaient autant de lieux où on se rencontrait, où on se racontait, où on commentait l’actualité. Parce qu’à cette époque il y avait de vrais journaux télévisés avec de vrais journalistes qui n’imaginaient pas que leurs successeurs prendraient le public pour des cons. Les correspondants de guerre suivaient les patrouilles des boys au Viet Nam, caméra à l’épaule, essuyant les rafales comme les boys, à des années lumières du cirque médiatique (et toc) des pseudo-reportages de Tempête du Désert, des guerres d’Irak et d’Afghanistan. Certes, la télévision n’était pas en couleurs, on pouvait compter le nombre des chaînes sur les doigts de la main de Django Reinhardt, mais on ne prenait pas le téléspectateur pour une andouille. Il y avait des jeux, jamais abrutissants, mais qui permettaient de se coucher en ayant appris quelques bouts d’histoire, de géographie, etc. Et question culture, quelle chaîne oserait aujourd’hui produire et diffuser à une heure de grande écoute « Les Perses » d’Eschyle ? Quelle chaîne ferait le pari de tourner en décors naturels le « Dom Juan » de Molière, « Cyrano de Bergerac », pièces servies par une brillante distribution ?
La France de la fin de mon enfance fut malheureusement celle du grand bordel tout juste naissant qui émerveillait le bourgeois parisien devant tant d’audace et de liberté. Bedos que je ne porte pourtant pas dans mon cœur avait raillé l’hypocrisie de ces modernes féministes qui commençaient à envahir l’espace hexagonal : « elles portent des minijupes mais dans leur tête, elles sont encore aux crinolines ces connes ! ». Le général était parti, remplacé par un président ayant l’allure d’un président de Conseil Général afin de mieux tromper son monde, car le bonhomme voulait faire entrer la France dans le modernisme, quitte à user de forceps. Les margoulins surent profiter de la brèche et on vit fleurir les cinémas pornos et les sex-shops. L’heure était à la libération des mœurs, à l’amour libre au rejet des conventions bourgeoises oppressives. Même l’Église s’y est mise. Si les projections de diapos niaiseuses sur la vie de Moïse, de Salomon, de David, du Christ ébranlèrent sérieusement mon envie de continuer le catéchisme, les balades crétines de notre curé à guitare finirent le travail. Cette Église n’était pas pour moi. J’attendais de la rigueur, de l’étude et tout ce qu’on m’offrait c’était du gloubiboulga faisant dans le sympa, le tutoiement de rigueur entre nous, avec le prêtre ainsi qu’avec le Seigneur. Tutoyer Dieu, quelle idée ! Moi qui n’arrive toujours pas à tutoyer mes pairs sans le lustre d’une longue fréquentation, je ne comprenais pas comment on pouvait se permettre une telle abomination en rabaissant la divinité au niveau d’une humanité de moins en moins digne et de plus en plus glapissante et ridicule.
Assurément, je suis né trop tôt. J’ai connu, enfant, ce qui restait de la France d’avant. Comment ne pas regretter cette époque lorsqu’on voit le cloaque qu’est devenue la société française ? En grandissant, ce sentiment d’être étranger à cette époque, aux préoccupations de mes contemporains, aux marottes qui agitent le monde politique-journalistique-artistique-intellectuel, n’a cessé de grandir en moi. Je hais ce monde où des mots comme honneur, probité, devoir, ne veulent plus rien dire, mais sont quand même agités sans cesse par une meute de repris de justesse sursitaires continuant, sans vergogne, de briguer mandats et sinécures. Je ne supporte plus cette époque où la pornographie s’affiche à la moindre devanture de kiosque, et jusque dans les écrans de télévision dès que sonne l’heure où les enfants sont censés être couchés mais le sont de moins en moins. Je déteste ce monde où l’inversion des valeurs semble être devenue la règle, où la vertu est raillée, considérée comme un de ces legs honteux d’une époque que l’on aimerait bien voir définitivement enterrée dans le cimetière des valeurs moisies, pour reprendre la formule consacrée des sinistres folliculaires. Je crache sur cette démocratie dévoyée, antre des margoulins de tout poil, marigot chéri des crabes aspirant au pouvoir et qui affectent de paraître des types normaux alors que justement le peuple attend de vrais hommes, nantis de gonades bien attachées, capables de diriger, de prendre les dispositions qui s’imposent même si, nécessaires, elles se révèlent impopulaires. Que de saloperies sont commises au nom de cette soi-disant démocratie, qui d’abdications en renoncements, conduit lentement mais sûrement les peuples vers la dissolution et la ruine.
J’envie les vieux de mon enfance. Ils savaient vivre en attendant que la camarde vienne les visiter. L’époque était encore douce, la France, même si elle se défigurait lentement, avait encore ses accents et assez de son caractère d’antan. On pouvait s’accommoder des quelques désagréments qui pointaient leurs vilains museaux. Ceux de ma génération, à moins d’être acteurs des imbécillités actuelles érigées au rang de dogmes, ne peuvent que souffrir en voyant ce magnifique pays trahi, devenir une manière de caricature du « melting pot » communautariste américain dans lequel chaque groupe de pression ethnique, sexuel, etc. tente d’obtenir des droits particuliers au nom d’une illusoire et inepte égalité réelle. Les mots ne voulant plus rien dire, qui est-ce que cela peut encore déranger, sinon ceux qui ont appris de leurs anciens ? Alors, on se retranche de la communauté humaine qui s’agite autour de nous, on se contente d’être les spectateurs désabusés d’une pièce, mal écrite et mal jouée, sans véritable sens. Et parfois, lorsqu’une journée a été plus pesante qu’une autre, on se prend à trouver que la vie est bien longue. "
D'accord, pas d'accord: atoilhonneur@yahoo.fr
Merci pour ce très beau texte. Mais il ne faut pas tomber dans le piège du "c'était mieux avant" car on ne vivrait plus. Effectivement moi aussi je regrette la politesse, la courtoisie, les classes où personne ne mouftait, les enfants polis et respectueux des adultes, le sens du devoir, de l' honneur, du travail bien fait et tant d'autres choses. Si j'avais pu avoir une vague idée de la dégringolade qui nous attendait, j'aurais eu peur à juste titre, pourtant certains signes nous alertaient, cette génération des années 70 qui commençait à devenir l'enfant roi, les profs permissifs et si peu respectables et respectés, l'agressivité qui montait, la politique pourrie qu'on entrevoyait, puis la miterrandie qui a amorcé le commencement de la fin comme dans tous les pays d'Europe j'ai l'impression. Le cynisme absolu, les privilèges, le mépris de classe. J'entendais les plus âgés dire "tu sais, les mecs d'afrique du nord, nous on les connaît, on a fait la guerre d'algérie, un jour, il y en aura tellement en France qu'ils nous foutront sur la gueule". Nous on rigolait, on n'avait pas assisté encore à l'invasion, on avait les yeux juste pour voir les BD, le cinoche, la télé qui n'avait pas encore pris le nom de télé-poubelle. Et, avec le recul, psychologiquement c'est dur je trouve, mais je ne veux pas me pourrir la vie. Alors j'énumère ce qui était moins bien : la pauvreté, pas de salle de bain, des moeurs rigides, la cousine divorcée qu'on nommait putain, ma mère esclave domestique, la religion trop présente, à l'école les filles de riches entre elles, une famille avec des vieux insupportables que personne ne songeait à mettre en maison de retraite... Il ne tient qu'à nous en fait de nous re-créer ce monde avec la convivialité de nos amis, les promenades dans les bois, la politesse érigée en acte de résistance, l'entraide sans contrepartie, alors on commence quand? Carpe Diem.
RépondreSupprimerà l'école les filles de riches entre elles
SupprimerLes filles de riches étant les filles de l'épicière, de l'instit, du maire, du paysan ayant des biens. Quand je pense que ma sœur avait épousé le fils du garagiste et que ces gens-là avaient presque pincé du nez. Je me suis bien marrée le jour où mon mari s'est mis à son compte….une petite revanche en somme.
Quand au respect de l'instit, oui, à condition qu'il ne donne pas trop de coups de règle sur les doigts ou des baffes.
J'ai acheté un cahier de moral, écrit à la main, par Claude Taudin, ancien instit. J'aime lire de temps en temps les morales.
SupprimerBravo, j'ai connu tout cela aussi. O tempora, o mores, comme disait le vieux Cicéron qui m'a bien fait transpirer.
RépondreSupprimerLe Nain
Merci, l'ami, pour ce texte où chacun pourra se retrouver.
RépondreSupprimerAinsi moi, qui suis tombée dans cette ancienne France, peut-être au moment où vous êtes né ? Je dis "tombée" car je n'y suis pas née. Et puis ce n'était pas à Paris mais à Nice. Mais j'ai tout reconnu : l'école, les blouses, l'encre et les plumes, les leçons de morale et de catéchisme…
Était-ce mieux qu'aujourd'hui ? Le Général n'a-t-il pas abandonné l'Algérie dans les pires conditions ? Et on pourrait continuer les questions longtemps encore sans que le passé ne revienne. Alors ne vaut-il pas mieux d'essayer d'aider les jeunes à construire leur avenir, car n'avons-nous pas une responsabilité dans ce qui est leur présent ?
J’envie les vieux de mon enfance.
RépondreSupprimerJe me demande bien pourquoi on dit "c'était mieux avant". Ca ne l'était pas toujours, loin de là. Vous parlez de l'école et du seau à charbon. Ca, c'était un truc sympath. Je me souviens aussi des "chiottes" sous le préau qu'il fallait nettoyer. En principe, c'était ceux qui étaient punis qui avaient obligation de s'y coller, avec ce que cela sous entend.
Mais, dans la généralité, je plussoie en partie à ce texte, bien que le général ne fut pas toujours ma tasse de thé. Je le trouvais trop rigide, très imbu de sa personne. J'en ai un général dans ma famille. Je trouve qu'il est aussi rigide et pas bienveillant du tout. Je me suis accrochée avec lui à propos des grèves de la SNCF. Ces gens-là, y'a que le règlement qui compte et filer droit quand l'ETAT COMMANDE.. J'avais tourné bride, sachant que je ne gagnerais pas contre un général.
Je me souviens d'un truc que m'avait raconté feu ma mère, qui vient de décéder. Pourtant, elle ne se racontait pas, étant plus familière avec les baffes et la trique. Mais, comme on dit, ça faisait circuler le sang, c'était la façon d'éduquer les enfants à l'époque.
Feu ma mère donc nous a raconté que le lendemain de son mariage, quand elle avait voulu aller chercher ses vêtements à la ferme où son père commandait en dieu tout puissant, lui avait opposé un refus retentissant...". "non, tu ne récupéreras pas tes vêtements, j'espère que tu te souviens de ce que tu as fait hier, tu as osé danser, ton grand-père à peine refroidi". Il avait fallu parlementer longtemps, envoyer des oncles le faire à la place de mon père, un gentil celui-là". C'était un coriace le vieux fermier. Ce que vous racontez des repas à table, c'est tout à fait ça, interdiction de parler, c'est le patriarche qui dictait sa loi. Il n'y avait que ma mère sur la fratrie des 5 enfants, dont 5 garçons, qui osait l'affronter et qui avait hérité en partie de son caractère..Avec elle vient de se tourner une page du passé, un passé où on lavait encore le linge au lavoir ou à la rivière avec l'âne (j'ai connu enfant) où on n'avait pas la télé, où les enfants ramassaient les patates fin août, avant de retourner à l'école, où l'on tuait encore le cochon sur place, où ma mère vendait son lait (enfin, celui de ses 2 vaches) pour survivre, veuve qu'elle était devenue à 39 ans avec 9 enfants sur les bras. Non, ce n'était pas toujours le bon vieux temps. Merci au téléphone, au frigo, à la machine à laver, au fer à repasser électrique, à la cafetière électrique, à la voiture, même si on la décrie maintenant. Car, va donc de nos jours aller à la ville voisine à 15km de là acheter tes glaces et les ramener sous 38° en voiture à cheval, les épiceries ayant toutes disparues (il y en avait 3 ou 4 dans mon village de 580 âmes, ainsi qu'une boutique de vêtements, 5 cafés au moins, un maréchal-ferrand, un vendeur de pinard (ça, ça marchait fort).... Par contre, toujours une seule boulangerie, boulangerie qui vient de fermer à son tour. Ne reste que le restaurant, fait étonnant..
Quant aux estrangers, je me souviens des réfugiés italiens et portugais qui venaient chercher le lait à la maison et qui vivaient chichement et qu'on plaignait un peu. Ca, c'était des réfugiés qu'on ne craignait pas...Bon, c'était des cathos, ce qui change la donne...
et un grand merci au lave vaisselle! ô pinaise! Carpe diem
SupprimerMoi, c'est bizarre, à l'époque mes copains s'appelaient Jean-Pierre, Eric, Alain, Michel, Jean-Jacques, Georges, Roger, Patrick ... comme dans les pages nécrologiques d'aujourd'hui.
RépondreSupprimerEt le premier nègre (c'est comme ça qu'on disait à l'époque) que j'ai vu, c'est sans doute quand j'avais quinze ans et que je suis allé au lycée (unique) du chef lieu du département : facile à repérer sur les photos de classe !
... et tenez-vous bien : quand on appelait Momo, cela voulait dire : "Maurice" ! Incroyable, non ?
SupprimerDifficile de croire ici et maintenant de croire que des millions et des millions de gens ont vécu et son mort dans le même monde que celui qui les a vu naître. Je ne sais pas si c'était tellement plus enviable, mais le tourbillon que nous connaissons aujourd'hui va trop vite et me fait peur. Dans vingt piges je serai septuagénaire, et je n'aurai plus la moelle pour m'adapter encore et survivre dans un monde devenu hyper violent. Vous le sentez comment, vous?
RépondreSupprimerAlfred
Ça me semble largement idéalisé tout ça. Si avec notre mode de vie actuel, nous étions plongés subitement dans l’après-guerre 39-45, ce serait tout bonnement l’enfer pour la grande majorité des Français. Après la guerre, beaucoup ont connu la misère, la faim, le froid, les conditions très difficiles de travail à la campagne ou dans les usines, le manque d’hygiène, pas de salle de bain, pas de WC dans les campagnes, (il fallait aller dans les champs),
RépondreSupprimerLe moindre coup du destin vous faisait tomber dans la misère : le décès du père ou de la mère de famille avec une ribambelle d’enfants, la maladie, l’invalidité, les mauvaises récoltes. Les gens avaient toujours peur qu’un malheur ne leur tombe dessus, les corps étaient usés prématurément.
Des hordes de mendiants parcouraient les campagnes pour trouver des petits boulots dans les fermes et pouvoir faire au moins un bon repas de temps à autre.
Pour une personne qui vivait jusqu’à 70 ou 80 ans, combien mouraient dans la fleur de l’âge dans la même classe d’âge ? Combien d’enfants sont morts avant d’atteindre l’âge de un an avant la guerre 14-18 et entre les deux guerres ?
Le bon vieux temps n’existe pas, il a peut-être existé pour une classe de nantis qui vivaient dans un monde parallèle, mais certainement pas pour l’immense majorité des Français qui trimaient dur et dont les lendemains étaient incertains.
Noone
Plutôt d'accord avec vous, Koltchack s'est fait plaisir à écrire un joli texte plein de nostalgie,mais la réalité à l'époque était cruelle pour beaucoup (j'ai 65 balais)
SupprimerEntièrement d'accord: mes parents ne regrettent pas le "bon vieux temps" où ils se sont cognés la guerre, les tickets de rationnement (pas trop en fait, ils étaient agriculteurs), les maladies (dont les intoxications alimentaires récurrentes, merci la "bonne alimentation d'avant), les sous que l'on compte et recompte au cas où.
SupprimerBref, les étés du passé sont toujours ensoleillés, les hivers du passé, froids et enneignés. Notre mémoire ne retient généralement que le positif.
J'ai un bon paquet d'année de plus que Koltchak et mes souvenirs remontent bien plus loin. C'est dire si je vois la différence entre le monde de mon enfance et celui où je vis. Je n'en dis pas plus. Le moins de soixante-dix ans n'ont aucune idée du passé que les vieux ont connu. Il faut voir les films qui sont censés se passer dans les années cinquante pour s'en rendre compte. On ne s'y reconnaît pas.
RépondreSupprimerGéo
RépondreSupprimerBeau texte certes et empli de nostalgie.À mon sens il faute sur un point important:trop défaitiste.Il sous-estime notre force intérieure.L esprit d une époque et puis les influences élevées qui ont irrigué cette époque parmi d autres de notre histoire ne sont pas disparus.Ils sont partout par le canal des formes qu'ils ont imprégnées et dont nous pouvons nous entourer.
Ce n est pas pour rien que des dégénérés veulent détruire des symboles sacrés,ça les gêne et même eux dans leur caboche de cloportes perçoivent le danger du fait que ces influences par delà les siècles sont toujours actives et peuvent à tout moment resurgir dans notre plan d existence,quelque peu changées dans les formes parce que tout évolue mais toujours intrinséquement intactes.
Il suffit de contempler une oeuvre d art,architecturale ou autre,par exemple,pour percevoir les effluves d une époque que beaucoup croient révolue,percevoir les qualités les valeurs la hauteur de vue de ses créateurs et même les recevoir.Par ailleurs qu'est ce que le temps sinon une illusion pour des êtres qui n existent physiquement qu'en trois dimensions et qui en ont une perception forcément erronée?Mais nous sommes bien plus que notre véhicule physique.
Pourquoi ne pas voir tout cela sous un autre angle?Ce qui pourrait donner:
Né trop tôt pour voir l effondrement brutal et sans remède de tous ces pitres sinistres qui polluent une civilisation.
Et cessons d être pessimistes:pourquoi pas:
Né à temps(et non plus trop tôt) pour voir l effondrement d un ramassis de parasites avec leur clique de malfaisants,et en attendant ce jour inévitable,se régaler de les voir s agiter comme des diables pour essayer de sauver la société sans âme et sans avenir qu'ils ont installée,là où leurs petites personnes insignifiantes déjà perdues se croient disposer d un pouvoir,alors qu'elles ne sont que les jouets de puissances qui les dépasseront toujours et les utilisent à leur insu comme des pions destinés,de par leurs fautes commises,à corriger et enseigner des peuples fainéants et encore à l âge du berceau sur le plan de l évolution,les enseigner par la férule de mauvais gouvernants afin de les faire mûrir.Les maîtres sévères n ont pas cessé d exister ils sont toujours présents mais à un autre niveau donc on ne les voit pas.
C est normal.Quand les élèves deviennent des cancres invétérés on les confie à des enseignants qui vont employer les grands moyens pour les faire progresser et pour ça soyons sûrs qu'ils vont mettre le paquet!Plus les élèves s obstineront dans leur état de cancres qui n ont rien appris et rien retenu des leçons reçues et plus les coups vont pleuvoir sur les têtes de peuples devenus immatures et qui feraient honte à leurs ancêtres.
Que nous soufflent par exemple notre Manu la caille pornocrate et ses maîtres sans même en être conscients?
Ils nous hurlent que nous sommes des nuls en tout domaine et sans dignité pour accepter de se laisser marcher sur la tête par des gens aussi inconsistants qu'eux.
Parce que pour obéir et suivre ce genre de taches quand notre conscience s y oppose il faut vraiment être rendus dans l état de moins que rien.
Et pour cela on se choisit des gens qui sont notre reflet collectif,des dirigeants qui sont des moins que rien,à notre image quoi!
Il n appartiendrait qu'à nous non pas de retrouver les vertus et les charmes des temps jadis tels qu'ils étaient,c est à dire non pas les figer dans le temps ce serait stérile,mais de créer un avenir où ces qualités se trouveraient magnifiées par une évolution matérielle mise à leur service.
Nous avons cessé de vouloir apprendre.Et peut-être qu'au delà des drames personnels engendrés par l actuelle situation et qui n ont rien de réjouissant nous devrions apprécier les coups qui sont portés à ce pays comme autant d incitations à cesser de nous comporter comme des larves informes et détestablement soumises à des petits chefs sans envergure.
C'est fort bien dit, Geo.
SupprimerGardons les valeurs comme on dit -car nous avons ce privilège.
Et aussi les agréments contemporains comme les machines à laver, le réfrigérateur.
Amitiés
Madame Chocolat
C'est fort bien dit, Geo.
SupprimerGardons les valeurs comme on dit -car nous avons ce privilège.
Et aussi les agréments contemporains comme les machines à laver, le réfrigérateur.
Amitiés
Madame Chocolat
Géo
SupprimerBonjour madame Chocolat
Bien sûr que nous devons conserver certaines innovations.J émets des réserves sur l utilité de la machine à laver du lave-vaisselle et de l 'aspirateur par exemple.
Dans un monde évolué ces travaux seraient réservés aux féministes,LGBT .ouilles et .uls et leurs petits copains.Il faudra bien que ces gens servent un jour à quelque chose non?
Cela s appellerait,dans mon optique politique et philosophique,de la rééducation par le travail.
Amitiés
Très beau texte .... comme toujours de l'amiral royaliste !
RépondreSupprimerNée à Paris, Porte de la Villette, fin de la guerre, c'était une autre vie, un autre quartier, je ne sais pas si c'était mieux, on travaillait plus, plus durement, mais dans le fond, on étaient heureux sans vraiment le savoir dans ces années des 30 glorieuses, et après avoir tant vécu, tant travaillé, donné des enfants à la Patrie qui eux même donnent au pays, des petites pouffiasses comme la aurore bergé ( sans majuscules, ça se justifie pas..) passe un tweet pour dire qu'elle connais des anciens " qui font 3 repas par jour et même un gouter pour certains et que c'est pas normal donc qu'ils ont les moyens de payer" ben, pour entendre et voir ça, franchement, oui, c'était mieux avant
RépondreSupprimerMerci à notre Amiral préféré pour ce beau texte
Précisément : les jeunes n'ont pas connus la France d'avant. Une fois que les vieux nostalgiques / râleurs auront trépassé, c'en sera fini de cette "France". C'est déjà fini, la, c'est juste le coq qui court encore mais sa tête est déjà tranchée.
RépondreSupprimerIl restera encore la génération qui a connu la génération et puis basta, mais celle ci sera bientôt minoritaire avec la disparition de la première.
La France est morte.
Maintenant c'est le brésil, ou l'Afrique. Le prochain drame humanitaire africain ne saurait tarder, et la pression démographique va s'amplifier. L'Espagne est assaillie.
Et face à ça, on a des bobos, des geeks, des féministes, des mysandres, des millénaristes, et déjà tout un cortège de noirs, arabes, métisses qui emplissent les rues.
C'est déjà fini, la démographie est imparable, elle permet de savoir 30 ans à l'avance.
Mais l'essentiel, c'est que, heureusement, les français n'ont pas fait le jeu du front national, et ne sont pas laissés zemmouriser. Ils ont voté Chirac, Sarkozy, Hollande, Macron, tout bien comme il fallait.
De toute manière, ça fait déjà 10 ans que c'est trop tard.
Maintenant, on voit les conséquences des choix d'il y a 30 ans.
Et les choix de maintenant (Macron) on aura les conséquences dans 30 ans.
C'est sûr qu'avec un peu de poliomyélite saupoudrée de diphtérie et de silicose du mineur, la vie était si belle autrefois ! Olivier
RépondreSupprimerSans oublier la typhoïde
SupprimerMadame Chocolat
Sans compter les fièvres puerpérales et les décès en couches suivis des diarrhées mortelles des nourrissons dues aux biberons mal laves...ça manque !
Supprimeroui, il y a des choses qu'on oublie parce que le confort est presque devenu banal. il ne faut pas tomber dans la nostalgie sans prendre en compte tous les progrès qui nous ont rendu la vie plus facile : médecine, vie pratique, culture etc... sinon nous deviendrions aigris, des vieux c..., . Ma grand mère a eu la typhoïde, on lui a donné l'extrême onction, elle avait perdu 25kg, elle en a réchappé, mais dans la commune certains n'avaient pas cette chance. Carpe Diem.
SupprimerNostalgie de notre jeunesse et à part ces dix dernières années , aucun regret des années écoulées .
RépondreSupprimerJ'ai lu un jour que dans des écrits gréco-romains on retrouvait déjà des coups de gueule de ce type. Alors oui, c'est très bien écrit et beaucoup de choses sont vraies, mais ce genre de billet correspond tellement peu à mon mode de fonctionnement qu'il ne peut que m'agaçer.
RépondreSupprimerLa nostalgie a toujours ce côté geignard et gémissant qui n'apporte aucune solution. Une vue tournée vers le passé ou l'action est la soeur du rêve.
On peut, et on doit, se baser sur nos traditions pour leur re-donner vie en les coulant dans le moule du présent et surtout du futur. Se lamenter sur ce qui fut c'est déjà avoir un pied dans la tombe. Quant à la tirade sur les djeuns décérébrés, elle a fait son temps, ne trouvez-vous pas? Il y a dans les nouvelles générations des jeunes motivés qui sont actifs dans des mouvements nationalistes par exemple. Ils sont moins nombreux que les autres certes, mais les masses n'ont jamais été facteur de changement. Quelques individus qui jouent le rôle de catalyseur, oui.
Je voudrais ajouter mon témoignage - du vécu hier vers 17 heures, témoignage que le figaro a refusé. Il faut sans doute préserver le "vivre ensemble ".
RépondreSupprimerAprès avoir fait des courses,alimentaires ( nous limitons la consommation pour réduire au maximum la TVa et autres qui pourraient rapporter à ce gouvernement )
nous nous reposions à une terrasse tranquille - près de la sortie quand même.
Soudain trois types jeunes et énervés passent sur le trottoir longeant la terrasse.
Brusquement l 'un d'eux est entré dans la terrasse, slalomant entre les tables et nous dévisageant avec des yeux de fou.
Très brun, grand, maigre, un genre "rasta ", un mauvais sourire et très menaçant.
Nous avons poursuivi la conversation sans faire attention à lui -un bref coup d'oeil a suffi, car il ne fallait surtout pas le fixer.
Oui, nous avons eu peur car il aurait pu sortir un couteau de dessous ses vestes en superposition.
Ça va très vite.
Combien de faits comme celui-là, très violent, sont passés sous silence ?
Madame Chocolat
Merci Koltchak pour ce magnifique texte.
RépondreSupprimerCertes empreint d'une douce nostalgie, mais que de souvenirs d'enfance cela réveille pour moi aussi.
Bien sûr, la vie n'était pas toujours facile, et nous n'avions pas autant de confort qu'aujourd'hui, mais les valeurs fondamentales étaient là, et bien là. Elles formaient l'ossature de notre pays, et aussi la nôtre.
Comme vous, j'ai gardé un souvenir impérissable des leçons de morale quotidienne. J'en ai aussi gardé la nostalgie et m'y réfère encore très fréquemment. Et j'essaye de l'inculquer à mes petits-enfants qui, comme les autres, en sont cruellement privés.
Merci beaucoup.
Et merci aussi à Corto pour l'avoir partagé avec nous.
Paname,c'était mieux avant,ne serait-ce que par ce que nous étions jeunes et que nous avions encore tous nos cheveux!
RépondreSupprimerPour le brouhaha et la chienlit du joli mois de Mai parisien,cette révolution introuvable faite par des petits bourgeois, mon père me portait encore sur ses épaules et si le siècle n'avait pas deux ans,mes années,à l'époque,n'en comptaient guère plus et n'en n'ont gardé aucun souvenir....
Vendémiaire.
Je suis légèrement plus âgé que Koltchak (13 ans en 68) mais grosso modo mes souvenirs recoupent les siens. Etant de famille bourgeoise, je n'ai pas non plus souffert matériellement, mais il faut dire tout de même que la France des années 60 (celle de mon enfance) n'était déjà plus celle des années 50 et de l'immédiat après-guerre, on était en plein dans "les trente glorieuses". Je pense que les années les plus heureuses pour les Français (et pour moi) ont été en effet cette séquence qui commence en 1960 et qui durera 30 bonnes années : la population jouit déjà d'un bon confort mais on n'est pas encore envahi par le "tout-technologique" et le "tout-immigration". My 2 cents.
RépondreSupprimerMouais.... À l'aube des 60 ans et de formation scientifique je vois une collection de biais peu satisfaisant même si le texte fleur bon notre enfance.
SupprimerLes années 50 c'est la sortie d'une guerre à 40 millions de morts, les destructions, les restrictions, les absents, les plaies béantes du dernier conflit.
Les années 60 c'est l'affrontement est-ouest, la bombe atomique, l'hiver nucléaire, la fin du monde, les 2000 heures pour se payer une machine à laver (il en faut 68 au SMIC actuellement).
Les années 70, ce sont les guerres en Asie, les famines en afrique, la crise pétrolière, le club de Rome "on-va-tous-mourir", avec, toujours, les missiles russes pointé sur nous.
Les 80, c'est l'effondrement boursier et des tas de problèmes écologique et politique qui m'ont valu ma seule et unique déprime "le-monde-est-foutu" (abus de médias).
L'énorme biais de l'auteur, c'est sa jeunesse à l'époque, celle qui ne s'inquiète pas du lendemain et qui est immortelle. Celle qui n'a pas vu les souffrances des vieux, l'impermanence et la fragilité d'un monde qui lui semblait immuable et solide à l'époque.
Objectivement, il a raison avec un état à 35%, un ascenseur social, des familles et un état de droit qui fonctionnait, mais il a tort aussi avec une société plus fermée, un savoir quasi inaccessible à la masse, l'homophobie, les viols, la pédophilie qui étaient des drames silencieux.
Actuellement, l'extrême pauvreté mondiale a été réduite à moins de 10%, les famines ont quasi disparues, la technologie, en particulier celle de l'énergie avance à grand pas, mais d'autres problèmes sont là:
Les états qui versent dans la "dictature soft", la censure, le pillage des entrepreneurs et des inventeurs par la classe des jean-foutre, la montée d'un fascisme vert avec l'islam, l'immigration et une civilisation des lumières qui se déteste et qui se meurt en apparence...
Est ce pire que dans le passé ?
Franchement, je n'ai pas la réponse, j'aime à croire au vu de la montée des "populismes" européen que la masse va réagir et que les lumières n'ont pas dit leur dernier mot, mais c'est variable au gré des statistiques et des nouvelles.
ce n'est pas aussi tranché : ces machines à laver (et le reste...)duraient pratiquement une vie alors que maintenant , à cause de l'obsolescence programmée, il faut les changer régulièrement (les voitures, c'est encore pire...). En outre la Terre ne se trouvait pas encore dans l'état alarmant de pollution (gyres de plastiques dans les océans...) et de surpopulation qu'aujourd'hui, quant aux excés du scientisme que vous semblez approuver (pensons aux manipulations génétiques, à la folle idéologie transhumaniste..., "science sans conscience n'est que ruine de l'âme"), le culte de la techno-logie, techno- structure, techno- cratie, très peu pour moi...
Supprimeranne : merci pour ce beau texte qui nous replonge dans le passé et permet d'établir des comparaisons.
RépondreSupprimerLa vie n'était pas toujours facile,mais tout semblait plus " simple" .Il y avait des a priori ( les filles méres, les divorcés etc... ), mais on se sentait globalement en sécurité. Enfant, j'allais seule à pied à l'école, puis ensuite au lycée, puis jeune étudiante: une fille pouvait faire du jogging ou prendre le train sans se faire importuner.( les vieux wagons en sky vert kaky ;-) ).
Il y avait de la morale ( mais on ne nous bassinait pas avec non plus ), les régles de vie en societé étaient claires ( et l'on pouvait donc s'en dissocier au besoin ), des codes facilement repérables. Actuellement,nous baignons dans la moraline, la fabrication du consentement, la culpabilisation insidieuse et une espéce de confusion bien entretenue...
je crois qu'il y a perte de " repéres", de "barrieres", pas de stratégie, de but, perte de sens, corruption du sens des mots.
Peut etre qu'en étant plus " restreints" autrefois, sur le plan " moral" , nous étions en meme temps plus libres ( car capables d'identifier les points auxquels nous pouvions decider de nous opposer )
alors qu'à l'heure actuelle, nous sommes soit disant plus libres,mais plus empechés comme dirait Tocqueville...
il y avait des frontiéres morales,et c'etait structurant.Cela pose des répéres, des jalons.
Il y avait ce qui se fait et ne se fait pas. Cela ne serait jamais venu à l'idée de personne d'aller déposer sur une pierre tombale juive ( Hanin) , une gerbe surdimensionnée et nominative... faute de gout, perte des valeurs, perte du sens du geste... la suite a continué dans le meme sens..