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mercredi 20 février 2019

Ils font une découverte: l'antisémitisme musulman existe !

Message de service: une erreur de manipulation m'a malheureusement fait supprimer tous les commentaires déposés sur mon précédent billet. Veuillez m'en excuser.



Et bien le moins que l'on puisse dire c'est que le grand rassemblement républicain-citoyen d'hier contre l'antisémitisme a été un bide phénoménal: A peine 20 000 personnes selon les organisateurs et quasiment pas de jeunes... Il est loin le Charlie qui rassemblait au même endroit plus d'un million de personnes en janvier 2015... Il est vrai qu'à l'époque on marchait à l'émotion du moment et contre le terrorisme, terrorisme qu'on osait à peine qualifier d'islamiste...

Alors pourquoi si peu de monde hier ? La lutte contre l'antisémitisme ne ferait-elle plus recette ? L'overdose de discussions sur ce thème depuis samedi dernier aurait-elle saoulé une partie de la population ? Le fait qu'il ait été (mal) organisé par le PS, parti moribond s'il en est, aurait-il découragé certains d'y aller ? L'absence du RN ? L'absence de Jupiter ? Pouvait-on cautionner un rassemblement dans lequel un certain nombre de personnes et de partis politiques ont joué l'islamo-compatibilité  depuis des années ? Pourquoi l'avoir organisé en soirée, dans le froid alors qu'il faisait si beau l'après-midi ? Ras le bol de constater que marche ou pas marche, défilé ou pas défilé, rien ne change ? Ras le bol des récupérations politiciennes ? Autant de raisons, il y en a sans doute d'autres, pour ne pas avoir fait le déplacement...

Ceci dit, la série d’événements qui ont provoqué ce rassemblement, aussi odieux qu'ils furent, ont au moins eu deux mérites: faire exploser à la tronche du monde la réalité de ce "nouvel antisémitisme" que trop de monde niait quand sur nos blogs nous le dénoncions depuis des années. L'agression de Finkie a révélé la réalité de cet antisémitisme musulman (que d'aucun préfèrent appeler antisémitisme islamiste). Plus personne ne peut l'ignorer, plus personne ne peut aujourd'hui le nier. Comme plus personne ne peut aujourd'hui nier cette autre réalité: l'islamo-gauchisme. C'est même assez cocasse de voir tous ces bien-pensants dénoncer aujourd'hui ce qu'ils refusaient de voir et d'évoquer il y a encore quelques jours. Encore plus cocasse de voir hier soir ce brave Richard Ferrand qui, s'il se dit horrifié par ces actes antisémites, n'hésitait pas à financer avec sa réserve parlementaire l'association France Palestine, association qui milite pour le boycott d'Israël... Pour un peu, on aurait presque envie de remercier cet espèce de pouilleux barbu qui a insulté Finkielkraut, pouilleux enfin interpellé mais dont on n'a pas encore voulu communiquer le nom... tout juste sait-on qu'il se prénomme Benjamin...

Tout ceci étant écrit, et tout content de cette prise de conscience sur l'antisémitisme musulman, il ne faudrait pas non plus occulter une autre réalité: l'antisémitisme est encore bien vivace dans certains milieux d'extrême droite. Il suffit pour s'en convaincre d'aller se balader sur Tumblr ou sur Facebook. On pourra même s'étonner de constater que certains sites très, très antisémites puissent publier en toute impunité depuis des mois, voire des années...

Allez, sur ce je vous laisse, j'ai rendez-vous chez mon esthéticienne, elle est juive ! Je vous laisse aux conclusions de la commission d'enquête parlementaire du Sénat sur l'affaire Benalla, ça vaut son peson de cacahuètes !


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dimanche 17 février 2019

Tu vas mourir !

Voilà qui n'est pas sans rappeler mon billet précédent...



"Le mot «vivre-ensemble» a été inventé pour masquer la disparition de la chose. Mis à part quelques militants associatifs, ce mot ne trompe plus personne. Il y a plusieurs France, en effet, et l'alliance terra-novienne entre les métropoles et les quartiers est un fantasme que la réalité se chargera bientôt d'anéantir."
Alain Finkielkraut, le Figaro, 15 février 2019.



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vendredi 10 juin 2016

Les néo-réacs se portent bien. Merci à eux !

Abonnement GQ

C'est en attendant un train qui n'en finissait pas de se faire attendre que mon regard fut attiré par la couverture du centième numéro du magazine GQ, je l'achetait, pour la première fois aussitôt.

" Onfray, Zemmour, Finkielkraut, le business des néo-réacs ". Crénom, me dis-je, ces gens que je lis ne seraient qu’intéressés pas le flouze, des cash-machines marketées, de redoutables business men ?

Je m'attaque à la lecture la peur au ventre à l'idée que Finkie, Zemmour, Polony, Obertone, Houellebecq ou bien encore Richard Millet puissent me décevoir... Et si Le Figaro, Valeurs Actuelles ou Causeur n'étaient que des arnaques marketing ? Et si Rioufol ou Elisabeth Lévy n'étaient que des produits d'appel pour RTL ? Y a de quoi chopper les chocottes...

Ben mazette, ça va pour eux si j'en crois mon GQ et sa " Réac Academy en chiffres ":

- Zemmour a vendu 450 000 ex. de son Suicide Français et engrangé au bas mot 1 million d'euros de droits d'auteur. Un nouvel ouvrage qui sort, c'est au minimum 100 000 euros d'à-valoir qu'il touchera. Chaque jour, ils sont 1, 8 million à l'écouter sur RTL
- Houellebecq, 600 000 exemplaires vendus pour Soumission.
- Onfray ? 201 000 exemplaires vendus avec ses 3 derniers bouquins dont 150 000 pour Cosmos.
- Finkie ? 170 000 ex. avec ses 2 bouquins La seule exactitude et L’identité malheureuse; rien qu'avec ce dernier bouquin, il s'est mis 243 700 euros dans la poche. Sa tronche en Une du Point et c'est 10% de vente en plus pour le magazine.
- Polony, Nous sommes la France, 41 000 exemplaires et 2,3 millions d'auditeurs quotidiens sur Europe1.
- Eric Brunet ? 1, 4 million d'auditeurs chaque jour sur RMC.
- Obertone ? 268 000 exemplaires vendus avec ses trois livres publiés entre 2013 et 2015.
- Ménard et son site internet Boulevard Voltaire, c'est 1,5 million de visiteurs uniques chaque mois.
- Valeurs Actuelles, un des rares hebdo a voir ses ventes progresser avec 130 000 exemplaires vendus chaque semaine (+5%).

Voilà pour les chiffres, il y en a tout plein d'autres. Passons aux explications et aux commentaires. Selon GQ.

Et bien voyez-vous, tous ces gens ont des techniques pour vendre et se vendre. Ils surfent sur le politiquement incorrect, recourent, avec le concours de leurs éditeurs, à des astuces marketing, provoquent, usent des plateaux télés alors qu'ils disent, pour certains, vomir cet instrument de bourrage de crâne et n'hésitent pas, pour d'autres, à renier leurs convictions, ... Le Portrait de tous ces auteurs-animateurs-chroniqueurs, vous vous en doutez, n'est pas reluisant. Ils génèrent du business au détriment du fond, ils sont business pour le plus grand bonheur de leur portefeuille. et de leurs éventuels employeurs. " Etre réac est devenu ultra-tendance et tous ces gens ne font qu'adapter leur cortex à cette vague intello ". Pire, " Ils fustigent la culture de masse, l'anti-racisme, le féminisme ou les droits de l'Homme. Ils font du business. "

Onfray ? " Il ne fait qu'adopter la stratégie médiatique des néo-réacs. Il se dit de gauche mais [horreur] il cite Renaud Camus ou Finkie dans ces deux plus récents livres et ne fait que s'attribuer un courant de pensée mal représenté ". Zemmour ? " Au sommet de sa gloire avec son Suicide Français ", sous entendu, il est maintenant sur la mauvaise pente, en aucun cas un écrivain, juste un " polémiste provocateur ". Natacha Polony ? " Une ex-chevènementiste, souverainiste, opposée à l'Europe telle qu'elle se construit ". Son succès ? Le petit écran " avait besoin de femmes ". Elisabeth Lévy? " Accointance avec l'extrême droite " , c'est dire ! " Quand elle nous reçoit, elle commence par crier ". Finkie académicien ? Et dire qu'il n'a été élu que " par 20 académiciens sur 28 "; rendez-vous compte, un désenchanté " qui ne fait pas l'unanimité ! Rioufol ? Lui, c'est affreux, " il a fait une OPA sur le Front National " !

Et tous nos réacs de passer sous les fourches caudines de GQ et de s'en prendre plein la tête, tête qu'ils ont d'ailleurs pas si bien faites que cela puisque, après tout, ils ne font que " révéler une vérité soit disant dissimulée ". Soi disant.. Et pour cela, ils ont été aidés par les médias qui finissent aujourd'hui, selon GQ, par le regretter. A l'image d'un Ruquier, grand squatter de France 2 devant l'éternel qui déclare, sans rire: " s'il y avait plus de pluralisme dans les médias, Zemmour ne serait pas devenu ce qu'il est ". On s'en étoufferait presque !

En résumé, tous ces néo-réacs sont là pour surfer sur les vagues de l'islamophobie, des peurs, de l'anti-racisme, de l'eurosepticisme,... mais aussi pour faire du pognon, pour eux-mêmes et pour ceux qui les emploient. Ils sont banckables et générateurs d'audience, juste " des apôtres du tout fout le camp ", au mieux des " provocateurs ".

Ben mazette, sont rhabillés avec ça mes auteurs préférés du moment !

Curieusement, il n'est pas venu un seul instant à l'esprit des rédacteurs de cette enquête que ce que ces néo-réacs avaient couché sur le papier ou diffusé à l'antenne pouvait être l'expression clarifiée, posée, écrite de ce que des millions de gens comme moi étaient jusque là incapables de formuler clairement. Ne sont-ils pas tout simplement les porte-voix de toute une partie de la population qui n'en pouvait plus de ce politiquement correct, de cet anti-racisme, de cette dilution de la Nation dans un gloubi-boulga mondialiste ? Ces néo-réacs ont du succès, ils gagnent de l'argent et en font gagner à d'autres, tant mieux pour tout ce petit monde. Ils ont répondu, plutôt bien si l'on se réfère aux chiffres, à une attente, mieux, ils ont, en quelque sorte, desserré l'étouffoir du politiquement correct, de l'anti -racisme et d'une bonne partie de la mise en application forcée des " idéaux " de 68. Ils ont, n'ayons pas peur des mots et des maux, libéré notre parole.

Et si les néo-réacs étaient tout simplement entrain de gagner la bataille des idées ?

On comprend que cela puisse tournebouler les esprits des têtes bien faites de chez GC au point d'en faire un article à charge dans leur numéro spécial. De quoi faire vendre. La preuve, j'ai acheté mais promis, je ne recommencerai pas.

NB: Pour la petite histoire, le rédacteur en chef de GQ, Emmanuel Poncet ainsi que sa rédactrice-adjointe, Séverine Pierron, sont des anciens de Libération. L'auteur(e) de l'article en question, Dominique Perrin, écrit aussi pour Le Monde et Challenges.

Folie passagère 3200.
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vendredi 9 octobre 2015

La seule exactitude

Vous ne savez pas comment meubler une de vos soirées à venir, mon conseil du jour: Le dernier livre d'Alain Finkielkraut, La seule exactitude.


Les années trente, dit-on, sont de retour. La droite intégriste et factieuse occupe la rue, l’ordre moral sort des catacombes, la crise économique pousse à la recherche d’un bouc émissaire et l’islamophobie prend le relais de l’antisémitisme. Cette analogie historique prétend nous éclairer : elle nous aveugle. Voulant lire ce qui arrive à la lumière de ce qui est arrivé, elle en occulte la nouveauté inquiétante.

Montrer que nous vivons un tournant historique, paradoxalement masqué par la référence incessante à l’Histoire ; appréhender ce moment crucial dans ce qu’il a d’irréductible au répertoire de nos vicissitudes : tel est le pari de ce livre. Et l’enjeu est existentiel autant qu’intellectuel. Si, comme l’écrit François Mauriac, « l’épreuve ne tourne jamais vers nous le visage que nous attendions », il nous incombe d’être à l’heure au rendez-vous et de regarder en face le visage que nous n’attendions pas.Dans une époque qui tend à se prendre pour une autre, l’exactitude devient la tâche prioritaire de la pensée.

( Quatrième de couverture )


" Au nom de l'universel, on criminalise aussi le thème de la préférence nationale. Mais si les nations ne distinguaient pas leurs citoyens et ne leur réservaient pas certaines prérogatives, ce ne serait plus des nations, ce seraient des galeries marchandes, des salles de pas perdus ou des aéroports. Ce qui est grave et doit être dénoncé, c'est le fait de s’appuyer sur cette préférence nationale pour refuser tous droits aux étrangers, comme le voudrait le parti de Marine Le Pen. 

Un autre ostracisme cependant est à l'oeuvre dans notre société... Quand je lis, sous la plume de Caroline Fourest elle-même, que le plus grand danger auquel nous sommes confrontés n'est pas le communautarisme islamiste, mais " la montée du racisme antimusulman pour tenter de revenir aux vieux clochers, à la France éternelle où la norme était celle de l'homme hétérosexuel catholique ", je me dis, le coeur serré, que le parti de la détestation nationale ne cesse de progresser en France. Le mariage pour tous a fait souffler sur notre pays un grand vent d'ingratitude, en rejetant tout son passé dans les ténèbres de la barbarie. Et nous voici enfermés dans une alternative inacceptable: ou bien la xénophobie ou bien, en guise d'appartenance et d'hospitalité, le rejet dédaigneux de notre héritage." 

(extrait choisi par moi-même personnellement: Le nouveau Front, p.87)

Folie passagère 2928.
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jeudi 10 avril 2014

Alain Finkielkraut vs Bruno Roger-Petit: Le match


" Vivement Robert Ménard à l'Académie française... Et là, ce sera complet question défaite de la pensée..." C'est avec ces mots tweetés qu'un éditorialiste à la petite semaine, Bruno Roger-Petit, a salué l'élection d'Alain Finkielkraut à l'Académie Française, élection qu'il présente comme "une catastrophe intellectuelle et politique".

C'est avec ceux-ci, parmi tant d'autres possibles, que je lui réponds: 

" La pire violence ne naît pas de l’antagonisme entre les hommes, mais de la certitude de les en délivrer à tout jamais. (…) C’est pour avoir voulu faire cesser ce règne que l’Idéologie a plongé l’humanité dans une détresse sans précédent. Son immoralité absolue tient non à son cynisme ou à son machiavélisme mais à la nature exclusivement morale de ses catégories. (…) Son caractère inhumain découle de son désir impatient de fraternité. (…) 

On en concluera que l’humanité cesse d’être humaine, dès lors qu’il n’y a plus de place pour l’ennemi dans l’idée qu’elle se fait d’elle-même et de son destin. Ce qui signifie, a contrario, que l’angélisme n’est pas un humanisme, que la discorde, loin d’être un raté ou un archaïsme de la socialité, est notre bien politique le plus précieux, et que l’excellence de la démocratie, sa supériorité sur toutes les autres formes de coexistence humaine, réside justement dans le fait d’avoir institutionnalisé le conflit en l’inscrivant au principe de son fonctionnement. 

Or nous avons beau être désormais – et avec quelle ardeur! – des démocrates antinazis, antitotalitaires, antifascistes, antiracistes et antiapartheid, nous n’avons pas appris à nous méfier du sourire béat de la fraternité. (…) C’est le tableau enchanté de la sympathie universelle que nous opposons aux xénophobes, aux partisans du repli et aux semeurs de haine. Face au raciste, objet actuel de notre exécration hebdomadaire, nous sommes tous des frères, des proches, des potes. 

On ne peut donc reprocher aux successives générations de l’après-guerre un quelconque défaut de mémoire ou de vigilance. Hitler, nous connaissons, mais c’est hélas pour investir dans l’antinazisme le fantasme totalitaire de la transparence des cœurs et du bonheur fusionnel. Au rêve d’une communauté homogène de sang et de sol, nous répondons par « la proximité excessive d’une fraternité qui efface toutes les distinctions » (Hannah Arendt, Vies politiques). Comme si rien n’avait eu lieu, comme si nulle catastrophe n’avait endeuillé l’époque, la nuit de l’idylle descend à nouveau sur l’humanité. L’amour détrône Polémos, le sentiment envahit l’espace du différend, et remplace l’expression agonistique des opinions par la communion lyrique des personnes. 

Loin donc de défendre la légitimité du conflit contre ceux qui veulent l’abolir, nous devenons peu à peu incapables de concevoir d’autre division que celle – exclusivement morale – qui passe entre « Eux » et « Nous » (…). L’antiracisme nous tient lieu de politique alors qu’il devrait en être seulement la condition préalable. Et c’est au moment où nous nous félicitons d’être, une fois pour toutes, débarrassés de la langue de bois que, rabattant tout antagonisme sur le combat cosmique et schématique de la Lumière contre les Ténèbres, nous la parlons avec le plus d’ardeur. 

Sous l’apparence d’une grande réconciliation avec les idéaux de la démocratie, le politique s’éclipse, la vision morale du monde triomphe une fois encore. Naguère (c’est-à-dire pendant les années CRS-SS), elle puisait ses emblèmes et ses slogans dans l’épopée du maquis. Aujourd’hui, inspirée davantage par le martyre de l’étoile jaune que par l’exemple du partisan, elle s’adosse au génocide juif pour faire régner son terrible sérieux enfantin sur la vie publique aussi bien que sur la culture. En vertu d’Auschwitz et du « Plus jamais ça! », la valeur d’une œuvre réside désormais non dans sa puissance de dévoilement, mais dans l’intensité de son combat contre toutes les pratiques discriminatoires; non dans sa richesse en monde mais dans son aptitude à purger le monde de toute profondeur et de toute indétermination; non dans son ouverture à ce qui est relatif, paradoxal, ambigu, clair-obscur, mais dans le vertigineux simplisme de ses bons sentiments. Des origines à nos jours, les poètes, les penseurs, les romanciers, les cinéastes, les grands compositeurs et les vedettes de la chanson sont investis d’un seul et magnifique mandat: stigmatiser le ventre encore et toujours fécond, déconcer le racisme. Baudelaire, confie, à la télévision, le dirigeant d’une grande entreprise de loisirs, m’a appris la tolérance. Homère, déclare un philosophe antiheideggerien, s’est élevé le premier contre la pratique du génocide. La métamorphose de Kafka disent, en substance, de nombreuses copies d’étudiants est une bouleversante parabole de l’intolérance et de l’exclusion (…). Animés des plus louables intentions, ce patron, ce philosophe et ces étudiants ne laissent rien subsister des auteurs qu’ils révèrent, ni d’ailleurs de la littérature en général, sinon un discours édifiant tenu, d’âge en âge et sous des masques sans cesse renouvelés, par une sorte de Victor Hugo perpétuel. 

La sensibilité contemporaine fait donc jouer à l’antiracisme le même rôle que la vulgate stalinienne à la lutte de classes. Et c’est en invoquant avec une complaisance indécente la Shoah que l’aspiration au conte populaire dépolitise aujourd’hui le débat politique, transforme la culture en image pieuse, et réduit, sans se soucier de la vérité, l’immaîtrisable multiplicité humaine au face-à-face exaltant de l’Innocence et de la Bête Immonde." 

Alain Finkielkraut,  La mémoire vaine (du crime contre l'Humanité), 1992. 

Le jour où Bruno Roger-Petit (et consorts) sera capable ne serait-ce que de penser (pas d'écrire) ainsi et intelligemment de la sorte, peut-être lui accordera-t-on le droit d'apporter les citrons à la mi-temps du match. 

Reconnaissons tout de même à Bruno Roger-Petit cet éclair de lucidité: l'élection de Finkielkraut "sera l'un de ces symboles qui signent la défaite de la pensée de gauche dans la France contemporaine". Dont acte:

Finkielkraut:1 - Roger-Petit: 0

Folie passagère 2224.
D'accord, pas d'accord: atoilhonneur@voila.fr

France, 2019.