Un magnifique texte de Robert Redeker repéré chez Maxime Tandonet
" Des parents d’élèves et des élus de gauche se sont dressés pour empêcher qu’un lycée, à Carquefou, portât le nom d’une très grande figure de la Résistance, Honoré d’Estienne d’Orves. En l’occurrence, la tentative de censure – un peu comme Staline effaçant des photos les alliés et compagnons passés de saison – était idéologique: cette gauche reprochait à ce héros ses penchants monarchistes. Ces incultes eussent préféré, selon leur aveu, que cet établissement s’appelât lycée Hubert Reeves, ou bien lycée Michel Serres – noms tout à fait estimables, convenons-en. A Marseille, les élus de gauche viennent de refuser qu’une place devienne Place Arnaud Beltrame, au motif que ce nom risquerait de choquer une partie de la population. Manifestement, la France d’aujourd’hui, surtout celle de gauche, a du mal avec ses héros. Un constat s’impose: cette France se livre sans pudeur aux idoles – des chanteurs, des sportifs, des animateurs télé – et fuit les héros, qui ont donné leur vie pour elle.
Nous vivons le temps des idoles. Des idoles fabriquées dans des usines affectées à cet effet: les industries planétaires du divertissement, dont la télévision, la radio, et internet, fournissent les trois principaux distributeurs. Ce sont des idoles bien peu exigeantes: elles ne dérangent pas notre confort, elles nous endorment, nous ensommeillant dans la consommation passive. La critique pascalienne du divertissement s’applique: ces idoles nous éloignent du cœur de la vie humaine, de l’important, de ce qui différencie l’homme des bêtes. La vie humaine n’est pas la vie domestique, a noté Hannah Arendt. Mais c’est quoi, demandera-t-on, une vie humaine? C’est une vie dont le but n’est pas la survie, mais la liberté. Et la liberté, c’est quoi, continuera-t-on? C’est l’empire sur soi-même, la mise-à-distance de ses envies et désirs, la capacité de renoncement. Être libre, c’est échapper à la domination des désirs.
Dans ce cas, pourquoi cette méfiance devant les héros, cette mise-à-l’écart, qui se confirme jusque dans les manuels scolaires et les salles de classe? L’école, en effet, contrairement à ce qu’elle faisait jusqu’aux années 80, se refuse à transmettre l’imagerie des figures héroïques de l’histoire de France. Elle veut promouvoir une autre figure de l’être humain, plus compatible avec le consumérisme hédoniste qui tient lieu désormais d’idéal collectif. Depuis l’estrade du professeur de collège, Thuram et Zidane seront préférés à Clovis, à Charles Martel, à Godefroy de Bouillon, à Saint Louis, voire à Jeanne d’Arc. C’est que les héros sont encombrants. Ils sont même exigeants. Leur principal défaut: du haut de leur stature, ils nous jaugent et nous jugent. Pire encore, aux yeux de nos contemporains: leur grandeur demande de la fidélité. Le héros procède exactement de la même façon que la culture: le passé juge le présent. Le héros est notre juge, son regard nous renvoie à notre inanité, et cela notre époque ne le supporte pas. Le héros affirme que le passé est plus grand que le présent.
Les héros sont encombrants parce qu’ils sont vertueux. Ils font passer la vertu avant la jouissance. Les idoles, elles, à la semblance des dieux païens grecs ou romains – ce que Platon leur reprochait – s’adonnent aux vices liés à la soumission aux désirs, désinhibant par ces exemples les dérèglements de la foule. Toutes les idoles sont esclaves, toutes propagent l’exemple de l’esclavage. A l’inverse de ces idoles, les héros ne poursuivent ni la gloire ni l’argent – ils se sacrifient. Ils ne mettent pas, comme ces idoles, en avant le moi, mais l’instance à laquelle ils vouent leur vie jusqu’à la donner, la nation, la patrie, la France. Un héros est en rupture avec l’idéologie dominante du moi-je, de l’hédonisme généralisé, de l’épanouissement personnel. À l’inverse des idoles, les héros se déploient dans la liberté, qui est tout le contraire de la facilité et de la passivité que favorisent les idoles. Bref, les héros forment l’école aujourd’hui interdite, souvent haïe: l’école de la liberté.
Si notre époque produit des pseudo-héros, la place des véritables héros s’est tellement rétrécie que nous ne ferions pas preuve de cécité en y voyant une place vide. Le héros manque. Les pseudo-héros de notre époque, les héros de marché, qu’ils soient joueurs de football ou bien stars du show-business, ajointent leurs actions à l’argent, à la bourse, réclament des revenus toujours plus élevés. Ils placent le criterium de leur valeur à l’extérieur de ce qu’ils font – dans l’argent contre lequel leur talent est échangé. C’est là, chacun le voit, le contraire de la liberté. L’acte héroïque, à l’opposé, vaut par lui-même, il est à lui-même son critérium. Il est inestimable – en dehors de tout prix. Il n’y a pas d’unité de mesure de l’héroïsme – il est franc, il est libre, il est simple, il est impayable. On se fait rétribuer pour marquer un but, on n’est pas payé pour devenir un héros – loin de là, on le paye fréquemment de sa mort."
Robert RedeKer
D'accord, pas d'accord: atoilhonneur@yahoo.fr
On nous annonce pourtant régulièrement que,ça y est: la France a définitivement basculé à droite,gagné la bataille des idées et que les réacs sont partout.
RépondreSupprimerA voir se multiplier ces cas de sectarisme intolérant et de police de la pensée,il faut croire que nous en sommes encore loin et que la culture de Gauche imprègne toujours les esprits et continue d'avoir de beaux jours devant elle dans la culture,la magistrature,l'éducation et les médias.
Honoré d'Estienne d'Orves,authentique héros de la résistance française,torturé et fusillé par l'occupant allemand en 1941,présente des défauts rhédibitoires pour ces analphabètes sectaires: De droite,catholique,militaire etc.
L'histoire idéologisée continue de faire croire que les collabos étaient tous issus de la droite,de la Cagoule ou de l'Action française,comme si ce n'était pas une chambre largement issue du Front populaire qui avait donné les pleins pouvoirs à Pétain ou que les enragés de la collaboration avec l'Allemagne nazie n'étaient pas venus des rangs du socialisme et du communisme.
Vendémiaire.
En juin 1940 la gauche socialiste s'est jetée presque toute entière dans les bras de Pétain tandis que le communiste Thorez s'enfuyait à Moscou après avoir approuvé en 1939 l'invasion de la moitié de la Pologne par les troupes soviétiques alliées aux nazis.D'Estienne d'Orves quant à lui n'a pas voulu cesser le combat et a rejoint les FFL dès aout 1940 et sera fusillé par les allemands le 29 aout 1941.
RépondreSupprimerLa gauche d'aujourd'hui ,apatride,antipatriotique,islamophile, ne peut que détester un tel homme dont la mémoire lui renvoie toutes ses turpitudes en pleine face.
N'oubliez pas de préciser qu'il a été fusillé suite à "l'héroïque action" du "colonel" Fabien qui a froidement abattu un officier d'admistration de la Kriegsmarine sur un quai de métro...
SupprimerPopeye
Ces abrutis devraient relire la rose et le réséda d'Aragon, communiste stalinien qui l'écrivit pour d'Estiennes d'Orves et Gabriel Péri.
RépondreSupprimerLe Nain
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
Prisonnière des soldats
Lequel montait à l'échelle
Et lequel guettait en bas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Qu'importe comment s'appelle
Cette clarté sur leur pas
Que l'un fût de la chapelle
Et l'autre s'y dérobât
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous les deux étaient fidèles
Des lèvres du coeur des bras
Et tous les deux disaient qu'elle
Vive et qui vivra verra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au coeur du commun combat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Du haut de la citadelle
La sentinelle tira
Par deux fois et l'un chancelle
L'autre tombe qui mourra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Ils sont en prison Lequel
A le plus triste grabat
Lequel plus que l'autre gèle
Lequel préfère les rats
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Un rebelle est un rebelle
Nos sanglots font un seul glas
Et quand vient l'aube cruelle
Passent de vie à trépas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Répétant le nom de celle
Qu'aucun des deux ne trompa
Et leur sang rouge ruisselle
Même couleur même éclat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Il coule il coule il se mêle
A la terre qu'il aima
Pour qu'à la saison nouvelle
Mûrisse un raisin muscat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
L'un court et l'autre a des ailes
De Bretagne ou du Jura
Et framboise ou mirabelle
Le grillon rechantera
Dites flûte ou violoncelle
Le double amour qui brûla
L'alouette et l'hirondelle
La rose et le réséda
@ Le Nain
SupprimerMagnifique.
Merci beaucoup.
Rien ne vaut un petit lien sur un article traitant du sujet pour remettre certaines pendules à l'heure, mon cher Corto :
RépondreSupprimerhttps://francaisdefrance.wordpress.com/2013/10/16/pendant-la-collaboration-14-ministres-sur-18-etaient-ou-socialistes-ou-communistes-ou-issus-des-syndicats-de-gauche/
Robert Redeker fait honneur au journalisme, il est vrai qu'il n'est pas journaliste à proprement parler mais il est un de ces "intellectuels de seconde zone" que le pouvoir prend plaisir à couvrir de son mépris.
"Carquefou Lycée : la FCPE souhaite un nom de femme"
RépondreSupprimer"...sur la région des Pays de la Loire, sur 76 lycées, seuls 3 portent des noms de femmes, sur 68 lycées professionnels, 4 seulement portent des noms de femmes, et encore 2 sont associés à un homme (...) Ce choix permettrait de couper court à toute la polémique autour du nom d'Honoré d'Estienne d'Orves, et de ne pas non plus choisir un des noms d'hommes proposés par le CA de l'établissement".
ils ne sont pas au courant des nouvelles normes, initiées lors du remaniement ministériel:
"...mais aussi respecter la parité, la diversité, et même ne pas oublier les homos."
Une femme?
SupprimerOK.
Agnès de Nanteuil.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Agn%C3%A8s_de_La_Barre_de_Nanteuil
Popeye
Géo
RépondreSupprimerBeau texte en effet.
Pour ce qui est des politiques de Gauche quoi de surprenant?
Ce sont des traitres qui,mine de rien,sont les éléments avancés des gros financiers mondialistes apatrides qui n ont une nationalité que par coutume mais qui veulent asservir le monde du haut de la pyramide qu'ils ont infestée.
Quant aux parents d élèves ils ne font que confirmer que les gens sont en cours de dégénérescence dans ce pays.
Il va donc leur falloir faire face au jugement des grandes figures des siècles passés et à celui des futures générations.
Une remarque:
"On n'en veut pas car il avait des penchants royalistes" disent-ils.
Si tous ces gens bloquent sur ce point en rejetant tout le reste d un revers de main et si ils sont aussi sectaires,
on est parfaitement fondé à considérer que si ils sont rendus à tel niveau et que leur engagement est si sincère,ils devraient quitter le pays sur le champ,cela du fait qu'il porte l empreinte indélébile,quoiqu'on en dise,de plus de mille-trois-cent-quarante ans de royauté de droit divin hormis Révolution et premier Empire.
Des gens si "purs" dans leurs convictions se doivent d être exemplaires.
Sinon on pourrait légitimement penser que leurs convictions ne sont pas si sincères et qu'ils seraient là comme des vers à bois dans une boiserie ancienne.
Des parasites!
Un coup de xylophène peut-être?
Quant à Marseille c est la première ville d Afrique,pour reprendre une blague passée dans les moeurs.
Enfin...c était!
Il y aurait à dire sur le commandant Beltrame,sans nier son courage.
Partageant l avis qu'un soldat,officier de surcroît,ne doit pas se rendre à un ennemi et de plus sans consultation de sa hiérarchie.
Alors demain on pourra faire capituler toute une armée en menaçant ses officiers de tuer plein de civils si elle ne rend pas les armes et ne se soumet pas sans condition de survie concrète?
Il semble que cette "stratégie" soit une bonne façon de perdre une guerre...mais une stratégie payante pour un ennemi.
On peut perdre nos civils et nos militaires à ce jeu et il y a une substitution insidieuse qui s effectue de héros à martyr et c est quelque peu différent une armée n a pas besoin de martyrisés laissons cela aux religions.
Mais un pouvoir corrompu et félon aura toujours usage à glorifier des personnes pour s en attribuer l auréole tout en semant les ferments de la défaite dans les esprits par un "déplacement" du sens des mots.
Et conditionner de la sorte les gens à perdre une guerre.
Cette dernière affaire reste glauque.Rien de glorieux à mon sens.
Très beau texte. Et ô combien juste et d’actualité.
RépondreSupprimerMerci pour ce partage.
Quel beau texte. Tous ces cris d'orfraies sentent la fin de civilisation à plein nez. Les faux prophètes, les nouvelles religions, l'Inquisition, les héros de pacotille, le relativisme, tout cela a des airs de déclin, on dirait un mauvais film de science fiction où vous voyez un gus complètement illuminé tapant sur un gong en criant "repentez vous"! Carpe Diem. ps : malgré cette connerie ambiante et poisseuse, une magnifique journée d'automne va faire flamber toutes ses couleurs, donc : profitez!
RépondreSupprimerC'étaient des héros nationaux, aujourd'hui il n'y a plus de nation,
RépondreSupprimeril n'y a plus que du vivre-ensemble et du bizness plus ou moins
avouable.
Amitiés.
Pensez vous vraiment que les generations de crétins que notre système éducatif fabrique depuis des décennies ne soit pour rien dans cet état de fait? les mômes sont nuls en Histoire en Géo, en Français n'en parlons pas. Pour eux Victor Hugo c'est un boulevard ou une avenue point barre. Alors certes on peut vivre sans aucune culture, mais ça aide quand même de savoir d'où on vient pour savoir où on va. Bon, pour l'instant on va dans le mur...
RépondreSupprimerGéo
RépondreSupprimerÀ propos de héros c est drôle de voir comment l idole des insoumis Frère Mélenchon de la truelle se pose en héros de la république avec véhémence et propos inquiétants quand on vient le perquisitionner.
Comme ils jouent mal leur partition ces "héros".
Et comme cette comédie de la perquisition est mal montée!
Cela sent le coup monté pour faire passer certain " gradé "FM pour un héros de la république et le promouvoir aux élections européennes.
Mettre en valeur un parti de faux opposants pour contrer " la peste nationaliste".
Reste à savoir si Cluclu Melenchon deviendra un nouveau "héros" de la France de par sa résistance feinte à la méchante caille ou simplement l idole des gogos.
Je me trompe peut-être mais alors pourquoi joue t'il si mal la comédie?Et pas rien que lui!
Géo
RépondreSupprimer"Youtube.Mélenchon et la police politique les images de la rixe"
(Mdr)
Voilà les nouveaux "héros" de la France!Pourquoi ne pas donner leur nom à ce lycée?
Comédie que cela.
Si les Français se laissent berner par ces cabotins et en font leurs idoles alors qu'ils raquent encore et toujours plus.
Au secours d Estienne d'Orves,Jeanne d Arc et tous les autres...
Revenez!
Géo
Supprimer"Youtube.Mélenchon filme la perquisition de son domicile"
(...ne me touchez pas...je suis SACRÉ...regardez je mets mon écharpe...).
Ici on retrouve la mégalomanie du FM de degré déjà appréciable qui se substitue au sacré mais qui va se gausser en passant devant une statue de Jeanne d Arc,par exemple.
Mise en scène ou pas,cet individu est ridicule.Qui de sensé le voudrait comme nouveau président de la France?Et c est pourtant ce que l on pourrait essayer de suggérer aux Français,par cette mascarade, pour remplacer Manu la caille,faute d'autres candidats disponibles,quand ce dernier perdra pied.
Idoles peut-être bien mais idoles pourries.
Dans le texte objet du présent billet il est écrit:
"Des idoles fabriquées dans des usines affectées à cet effet"(l'usine:ici la FM)
"Ces idoles nous endorment,nous éloignent du coeur de la vie humaine..."
Dans l idéologie la plus fanatique et déconnectée et gare à ceux qui penseraient différemment.
Les Dieux rendent fous ou aveugles ceux qu'ils veulent perdre et qui se prennent pour eux,
et aussi les peuples qui les remplacent si aisément par des idoles de pacotille.