Je viens de finir la Carte et le Territoire de Michel Houellebecq. Il était temps mais rien d'anormal, j'ai toujours un train de retard sur les évènements littéraires. Parce que ce livre, le dernier roman de Houellebecq, nous a été vendu comme un évènement. Prix Goncourt 2010, tout de même. C'est dire. 120 000 exemplaires pour le premier tirage, depuis nous aurions dépassé les 250 000. Un phénomène donc. Et puis, c'est Houellebecq, cet espèce de trublion de l'édition, personnage à part chez les écrivains contemporains, un brin ravagé, un brin fatigué, un brin alcoolo; il est tel qu'il aime se vendre lui-même aux lecteurs.
Me voici, juste for try, critique littéraire.
Un roman, donc, dans lequel, si j'ai bien tout compris Houellebecq se donne plusieurs visages: Jed Martin, l'artiste peintre-photographe forcément génial et légèrement associal tout dévoué qu'il est à sa création et à son vieux père, le flic en bout de course Jasselin, Michou le chien de ce dernier...D'aucuns diront même qu'il y a du Houellebecq dans le chauffe-eau récalcitrant de Jed. L'auteur s'invite même in personam dans le livre, il ira jusqu'à nous raconter sa propre mort, horrible, son enterrement dans un cercueil à taille d'enfant. Du Houellebecq en somme diront les sachants.
Il y a trois mouvements, trois temps dans ce roman: le destin de Jed Martin, de ses débuts à sa réussite grassement reconnue, ses amours, brèves, petites et sans issues, son père viellissant qui ira se faire oublier discrètement en Suisse, ses rencontres avec Jean Pierre Pernaut et tout plein de stars pas très ragoutantes et puis enfin, la rencontre avec l'auteur. Deuxième mouvement, le meurtre de Michel Houellebecq, une vraie boucherie, un cheveu sur la soupe. Enfin, le troisième, l'épilogue, la fin de Jed.
Les spécialistes nous diront que c'est le regard de l'auteur sur un monde qui part en vrille, victime des hommes et de l'argent, un regard sombre et parfois très drôle sur notre époque, sur les métiers et les gens d'avant qui ne sont plus. Un monde qui part en couilles... Et les spécialistes auront raison. C'est bien écrit, ça se lit sans douleur ni regret. On rit, on sourit, on ne s'ennuie presque pas. On aimera, ou pas, les digressions a priori futiles parfois interminables ( le portrait de Michou, le bichon du flic vaut le détour ) dans lesquelles Houellebecq se plaît à nous amener.
Vu le phénomène et l'espèce de réputation sulfureuse de l'auteur, j'étais content de lire enfin du Houellebecq, histoire d'être dans le coup, de pouvoir en parler; cela peut servir en société. Et bien, je ne saurai trop vous conseiller de le lire, vitement si ce n'est déjà fait. Du Grand Houellebecq, enfin il paraît, c'est tout ce que j'ai lu de lui.
Et même si ça ne casse pas trois pattes à un canard; si, à mon humble avis de novice en l'auteur, l'importance donnée à l'ouvrage est bien surfaite, une fois le bouquin refermé, on a tout de même la satisfaction de ne pas avoir perdu son temps.
Folie passagère 971.
D'accord, pas d'accord: atoilhonneur@voila.fr
Les deux meilleurs romans de lui sont, à mon avis, ses deux premiers, Extension du domaine de la lutte (le meilleur) mais aussi Les Particules élémentaires. Les deux doivent probablement être en collections de poche.
RépondreSupprimer@didier goux: bon , ben je vais tenter le coup alors extension du domaine de la lutte, le titre me plait bien.
RépondreSupprimerEt ma critique, vous en pensez quoi ?
Bonsoir,
RépondreSupprimerElle est très bien votre critique. Je viens de la lire et je dois dire que j'avais complètement oublié le bichon.
Bien que n'étant pas une lectrice assidue des Prix Nobel que je trouve souvent assez ennuyeux, j'ai lu la "carte et le territoire" en début d'année.
Je ne connaissais rien de Michel Houllebecq auparavant et le personnage ne m'avait pas donné envie.
J'avais remarqué bien sûr les emprunts à Wikipédia, mais j'avais surtout été surprise par l'évocation à plusieurs reprises (comme une obsession) de J.P. Pernaut, de F. Beigbeder (dont le portrait m'avait d'ailleurs semblé assez juste) ; J'avais aussi relevé sa parfaite connaissance des programmes TV ; Je me souviens aussi de produits de peinture qu'il décrivait de façon quasiment publicitaire.
Ce roman m'avait paru un peu décousu, un peu surprenant (le chauffe-eau m'avait agacé), et sur la fin carrément sordide. La relation de Jed Martin avec son père, faite de rancoeur, de non-dits et de tristesse m'avait émue et presque gênée.
J'avais aimé la partie où il se met en scène car il ne se fait pas de cadeau. Il me semble me rappeler d'un passage où il décrit son état dépressif de façon assez bien vue.
A vrai dire, j'avais lu ce livre sans déplaisir. Il m'a permis de faire connaissance avec un auteur à succès que je ne connaissais, mais je n'attends pas son prochain roman avec une impatience démesurée, même si probablement je le lirai.
Oups... veuillez remplacer Nobel par Goncourt.
RépondreSupprimerMerci !
Salut Corto, le meilleur roman de cet écrivain français et sans nul doute "les particules élémentaires". Si tu ne l'as pas lu, je te le conseille, je suis certain qu'il te plaira
RépondreSupprimerPour moi, mon cher Corto, le meilleur est sans conteste "L'extension du domaine de la lutte".
RépondreSupprimerJ'ai eu un vrai plaisir à le lire et c'est pourquoi j'en ai encore lu deux autres : "Les particules élémentaires" et "Plateforme" que je n'ai pas aimés et j'avais décidé d'en rester là. Quelqu'un m'a offert "La carte et le territoire" que j'ai refilé à quelqu'un, je ne sais plus qui, avant de l'avoir lu !
Houellebecq se fout un peu de nous, et il a raison, puisque ça marche.
Cela dit votre critique est très honorable, on ne peut douter que vous ayez lu le livre. Et c'est déjà pas mal, puisqu'il paraît que certains écrivent des critiques sans avoir vraiment lu les livres.
Mais peut-être que je suis mauvaise langue ?
@cyrielle: merci. oui curieux roman tt de même et je suis d'accord parfois décousu. La mise en scène de sa propre mort, par exemple, je n'en ai pas vu vraiment l utilité, je l'ai vu venir un peu comme un cheveu ds la soupe. Mais bon, ça doit être ça aussi Houellebecq.
RépondreSupprimer@dominique: comme vous n'arrivez pas a vous mettre d'accord, je crois bien qu à l'occasion, je lirai les 2.
@marianne:à vrai dire si j ai ds l'ensemble bien aimé le livre, de la à en faire un Goncourt... J'ai l'impression que Houellebecq est bien plus déroutant que ses bouquins dont on fait à chaque sortie un évènement.
Bon, j'irai lire les deux ici conseillés, je verrai bien si cette idée se confirme.
Il y aurait des critiques littéraires qui ne liraient pas ? Vous m'étonnez :)
Je dirais que votre billet est davantage une recension qu'une critique, dans la mesure où la description de l'action occupe plus de place que le reste. Disons qu'il s'agit d'une critique au sens journalistique du terme – ce qui n'est pas forcément une déchéance, je le précise.
RépondreSupprimerSinon, je persiste et signe : mieux vaut lire L'Extension avant Les Particules…
Ciel ! Je suis ENCORE une fois d'accord avec les propos de Didier Goux...
RépondreSupprimer@didier goux: allez pour une fois je vais vous faire confiance :) je m'amazon.com L'extension !
RépondreSupprimerbon dimanche
@estelle92: ok, ok , j ai compris :)
Estelle, vous mériteriez une bonne cellule de soutien psychologique, face à une épreuve pareille.
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