Depuis presque un an, Gaspard s'occupe de quatre amies japonaises qu'il a connues à la fac.
C'est une occupation à plein temps ou peu s'en faut. Du coup ses études d'histoire sont en stand-by, remplacées par l'étude du japonais.
Ce week-end-là deux d'entre elles lui ont proposé de les accompagner à Annecy.
Kuso ki o tsukete migi ni yotte, a-t-il écrit sur son journal de cette journée, qui veut dire : Attention connard, tiens ta droite !
Chaque visage de cette ville m'est familier, non que je connaisse qui que ce soit à Annecy mais parce que « monsieur Toulemonde » y passe aussi le week-end. Et monsieur Toulemonde qui fait du tourisme c'est une vraie plaie : il est lent, il est nombreux, ses enfants pataugent au pied des pancartes indiquant « Baignade interdite », il marche sur les pistes cyclables.
Kuso ki tsukete migi ni yotte !
Il fallait bien deux japonaises pour me traîner dans ce piège à touristes.
Elles, elles avaient la chance d'échapper à tous ces : « Chéri achète-moi cette marmotte avec le drapeau suisse que quand tu appuies dessus elle fait du chant yodel » ou bien : « Beaucoup d'églises pour une si petite ville, non ? » ou encore : « Tu veux vraiment visiter la prison ? Tu préfères pas faire du pédalo ? »
La touriste japonaise est différente. On ne traverse pas la planète juste pour faire des blagues vaseuses ! J'étais heureux d'être là avec elles. Je fredonnais, que dis-je ? Je chantais pour mes deux Japonaises ! Pour elles, je suis un Français comme elles se les imaginaient avant de débarquer à l'aéroport de Lyon : un cliché, sans béret, ni baguette, mais portant l'image de son pays jusque sur les traits de son visage.
Elles riaient, et les voir rire valait bien trois heures de train bondé et deux jours de bousculade !
Okuchi mifi de... Ne le dis à personne mais... Elles aussi savaient se moquer de celui-ci ou de celle-là qui imitaient la langue asiatique ou tiraient leurs yeux vers les tempes avec leurs index.
Et puis, elles voulurent, elles aussi, faire du pédalo sur ce lac plus encombré qu'un centre commercial un samedi après midi. Et pendant qu'elle s'éclaboussaient en riant et photographiaient les canards, je chantais : « Auprès de mon arbre je vivais heureux... » tout en lorgnant le Casino où j'imaginais les masses d'argent que j'aurais pu gagner au Poker.
L'après-midi touchait à sa fin, je n'étais pas pressé de retourner à l'Auberge de jeunesse où l'affreux tenancier nous avait reçu comme il l'aurait fait pour une classe verte de trisomiques.
Direction le bistrot. Elles goûtèrent au panaché et demandèrent s'il y avait un rapport avec le « panache blanc » d'Henri IV ? Ces jeunes filles m'épatent : elles connaissent mieux notre Histoire que bien des bacheliers, quoique elles préfèrent voir dans l'assassinat du Bon Roy Henri une vengeance de femme bafouée plutôt qu'un complot politique.
Je profitais alors du tour qu'avait pris la conversation pour leur glisser une ou deux saillies du Vert-Galant : « Et surtout, Madame, ne vous lavez pas, j'arrive... » ou encore « Le pénis ? Jusqu'à quarante ans, j'ai cru que c'était un os ! »
Les yeux écarquillés autant que possible, le « OH ! » long et sonore sortant de leur bouche arrondie de surprise et leur tête dodelinant frénétiquement de haut en bas, tout m'indiquait qu'elle avaient compris.
D'après un texte de Gaspard et bien sûr, avec son autorisation.
Marianne A., Dans le sac de Marianne (37)
D'accord, pas d'accord: atoilhonneur@voila.fr
Marianne, fidèle de ce blog nous livre sa version des faits, sa vision du biniou et du monde. Chaque mardi, elle vide son sac !
MDR quel joyeuseté en ce jour ordinaire de la semaine Sainte.....
RépondreSupprimerMerci Boutfil !
RépondreSupprimerMoi aussi j'avais bien ri.
Mais peut-être que le moment est mal choisi pour amuser la galerie ?
En tant que mère de Gaspard et belle-fille de Marianne, je tiens à manifester mon contentement à la lecture de ce billet...les liens familiaux ont permis de tisser un texte inattendu dont l'effet comique m'a enchantée. Merci aux co-auteurs pour ce drôle de voyage anti-touristique made in Japan !
RépondreSupprimer@ Joëlle
RépondreSupprimerC'est bien les mères ça !
Il faut qu'on leur parle de leur progéniture pour les faire bouger !
Ravie toutefois de t'avoir amusée.
Bises.
Marianne, c'est toujours le moment de rire ! les occasions sont si rares!!!
RépondreSupprimerÇa devient un peu compliqué les imbroglios de famille et de copinage, sur ce blog…
RépondreSupprimer@ Boutfil
RépondreSupprimerNous avons la même philosophie en la matière. Une journée où on n'a pas ri est une journée perdue.
@ Didier Goux
RépondreSupprimerEt voilà l'Hôpital qui se fout de la Charité !
Mais merci tout de même d'être passé !
Hum, il me semble que le "ne vous lavez pas j'arrive" était plutôt une parole immortelle de Bonaparte. De toutes façons Henry IV puait tellement lui-même qu'il ne devait absolument pas sentir la différence chez les autres. Quant à prendre son braquemart pour un os...comment aurait-il fait pour aller pisser ? Bref, tout ça c'est juste des trucs pour touristes, ah, ah !
RépondreSupprimer@ Aristide
RépondreSupprimerNe seriez vous pas la peinture achevée d'un parfait révisionniste, ah, ah !
@ Tous et toutes
RépondreSupprimerIci va s'arrêter ma collaboration avec le blog de Corto.
Je remercie tous ceux et celles qui sont venus me rendre visite pendant ces trente-sept semaines et qui ont su me marquer, et leur intérêt, et leur sympathie par leurs nombreux commentaires.
Je remercie surtout Corto sans qui rien de tout ceci n'aurait pu exister.
Et comme le dit si bien Didier Goux, ce n'est pas parce qu'on ne se manifeste pas qu'on est absent !
Bonne fêtes de Pâques à tous.
@ Marianne : Ben merde alors !!! Et alors les billets tout frais comme celui-ci, plus que dalle, queue d'chie, nada ??? Mais on fait la grève où, là ?????
RépondreSupprimerC'est où qu'on plante un piquet ???? C'est où qu'on monte une barricade ????
Bon, c'est pas une question embrogliotée dans la famille, là, mais une vraie question qui mérite force réflexion : comment qu'on fait pour râler qu'on est pas d'ac dans la virtualité du cyber espace ???
@ Aristide : Ma que Nenni !! Moi, je croyais que c'était François 1er. Mais je les confonds toujours avec Henri IV ... Avant 1798, ça rentre pas....
@ Didier Goux : Ben quoi, elle a pas de la gueule, la famille ??
@ Rachel
RépondreSupprimerLes choses ne se présentent pas tout à fait de la façon dont vous les voyez.
Il n'y a aucune revendication à avoir lorsqu'on participe au blog d'une personne qui vous a généreusement offert une place chez lui.
Je ne suis pas experte en ce qui concerne les blogs, mais je n'ai pas vu d'autre exemple que celui de Corto vis-à-vis de moi.
Cependant écrire des textes même aussi modestes que le sont les miens, demande un investissement personnel auquel en retour, doit répondre l'adhésion de celui chez qui vous écrivez.
A défaut ou si on vous donne une ligne éditoriale comme si vous étiez le salarié d'une officine de presse qui doit attirer un certain nombre de lecteurs, la démarche perd tout son sens.
Et si j'ai décidé de me retirer c'est autant dans l'intérêt de Corto, de son blog, que du mien.
Ce qui ne m'empêche pas de lui être très reconnaissante de m'avoir permis de vivre cette expérience et de lui garder toute mon amitié.
Pourquoi, mon cher Corto, n'avez-vous pas corrigé ma faute, ainsi que je vous le demandais ?
RépondreSupprimer@marianne: pour la simple et bonne raison c'est que sur cette plateforme, on n' a pas le choix, soit on laisse une faute, soit on supprime le commentaire. Une fois publié un commentaire ne peut etre modifié.
RépondreSupprimerQue me racontez-vous là, mon cher Corto ?
RépondreSupprimerAucune repentance n'est possible sur cette plateforme ?
Mais il n'y a pas de vie humaine possible sans le regret et la réparation de ses fautes !