Et bien oui, paix à son âme et saluons son courage, le caporal Charenton est mort au Mali à l'âge de 26 ans. Mort pour la France. Et aussitôt les médias de nous en faire des tonnes et les politiques de s'émotionner. Le Parisien titre " Chronologie. Les pertes françaises au Mali ". Avec pareil titre, un alien descendu sur terre pourrait s'imaginer que nos forces armées se font massacrer. Non, juste 3 morts; ne vous formalisez pas, demain, vous aurez oublié leurs noms. TV5 monde titre " Un Français tué dans de violents combats ". Et oui, on fait la guerre ou on ne la fait pas mais si on la fait, il y a malheureusement de la casse. C'est ainsi. Le Point, Le Monde, Euronews titrent: " un troisième soldat Français tué au Mali "; pour nous apitoyer, pour nous faire pointer du doigt les horreurs de la guerre, pour nous préparer à la mort certaine d'un quatrième dans les jours à venir ? Pour L'Express ou France Info, ce troisième mort est humanisé: " Qui était le troisième soldat français tué au Mali ? "; la belle info, c'était juste Cédric Charenton, un soldat de 26 ans qui faisait son boulot, le boulot qu'il avait choisi de faire de la même façon qu'il l'avait fait, avec un peu plus de chance, en Afghanistan ou au Gabon.
L'objectif des médias est triple. Faire de l'audience, il est bien plus banckable et aguichant de titrer sur un mort que sur des roses qui se fanent. Informer avec le peu dont ils disposent, lisez, vous verrez, ils savent juste qu'un soldat est mort. Où ? Comment ? Dans quelles circonstances ? Nada ! Et c'est bien dommage, ils aimeraient tant nous en donner plus: une photo de la dépouille, une tâche sur le sol... mais l'armée française ne le permet pas. Enfin, faire dans le compassionnel et susciter l'émotion d'un public toujours aussi voyeur, à toutes fins utiles...
Alors oui, au risque de choquer, cette 3ème mort ne vaut pas plus qu'une simple brève en page intérieure. Non, pas qu'il ne faille pas en rendre compte mais simplement parce que aussi incroyable que cela puisse paraître, on meurt à la guerre ! Non pas qu'il ne faille pas saluer la mémoire du caporal Charenton mais sans oublier de dire qu'il n'a fait que son boulot. Certes un job parfois dangereux mais un choix sans nul doute assumé. L'info n'est pas qu'il soit mort mais bien que la France est en guerre au Mali. La mort de Cédric Charenton nous permet juste de percevoir, à peine, la réalité d'un ennemi invisible. Telle est aussi son utilité. Dès lors, ces quelques morts et celles qui immanquablement suivront ne sont qu'une conséquence d'un engagement décidé au plus haut niveau.
Interrogez sur ces morts, si vous en avez l'occasion, un militaire ou un ancien militaire. Ils auront tous la même réponse: oui, un mort et alors ? Ils font le job. Point barre. Les militaires - mais bien souvent aussi leurs familles - ne s'embarrassent pas d'arguties politico-médiatiques dont se repaissent les journaleux et les ravis. Un mort, un troisième mort ? Les soldats ne s’en étonnent pas. S’ils pleurent leurs camarades tombés
au champ d’honneur, l’évocation d’un « durcissement » de la guerre,
après qu’un sergent-chef des commandos ait été mortellement touché, ne
provoquerait que soupirs ou éclats de rires dans les popotes. Ils perdent un " collègue ", un frère d'arme et c'est tout.
Ce tout incluant le devoir de mémoire.
( note: Toutes les images de combat filmées au Mali que vous pouvez voir dans les différents JT sont, pour l'instant, uniquement, celles que fournit le service d'information des armées )
Folie passagère 1602.
D'accord, pas d'accord: atoilhonneur@voila.fr
Ce qui est choquant, mon cher Corto, c'est que nous faisons partie de l'Europe, que nous nous battons pour nous protéger mais aussi protéger l'Europe des terroristes islamistes, mais que nous sommes SEULS pour pleurer nos morts.
RépondreSupprimer@marianne: ah mais attention, marianne, Présiflan a décidé d'y aller seul, bille en tête, sans consulter ou attendre la bénédiction ou l'aide de ses homologues européens. Pourquoi voudriez-vous qu ils pleurent avec nous ?
SupprimerJ ai souvenir qu un autre président, avant d'aller casser du Kadhaf', avait eu le bon ton de se mettre ses alliés dans la poche afin que ceux-ci participent. Mais ça, c'était avant...
S'il fallait une preuve supplémentaire de l'inanité de cette Europe, c'est bien son absence
Supprimerdans ce conflit. A croire qu'elle n'existe que pour faire la guerre à ses propres
populations.
Il aurait fallu, comme "avant" demander l'avis de bhl pour y aller...Comme avant.
Anna
@anna: va pas me gâcher mon lundi matin avec BHL !
SupprimerLes européens ont engagé des forces mais aériennes, pas fou.
RépondreSupprimerTransport: Allemagne 1 C 160
Royaume-uni 2 C 17
Belgique 2 C 130 H
Danemark 1 C 130 J
Ravitaillement : Allemagne 1 A310MRTT
Pays-Bas 1 KDC 10
Italie 1 KC767
Pour les Etats- Unis, il s'agit de rotation jusqu' à 30 par jours pour le transport, des KC 135 jusqu' 3 et bien des avions de surveillance .
Maintenant, la douloureuse sera présentée un jour mais là c'est une autre histoire.
@Grandpas: autrement dit pas grand chose comparativement à ce que la France a engagé : 4000 hommes sur le terrain et tous le matériel !
SupprimerMerci mille fois de mettre les choses au point. C'est grotesque de mettre en parallèle "la France que dis je l'Europe en guerre" et le bilan des morts aux combats "trois militaires". Franchement les médias et les politiques sont en dessous de tout. Où ils se foutent royalement de la gueule de tout le monde. Nous pouvons rougir de honte de lire et entendre toutes ces lamentations. Nous sommes devenus des minables.
RépondreSupprimer@anonyme: que les medias et les politqiues soient en dessous de tout, okay, de là a dire que nous, nous serions des minables... Laissons ce mot à Ayrault.
SupprimerDont acte mais l'exception confirme la règle.
SupprimerCette letre, mon cher Corto, qu'un soldat adresse à son fils, que je vous ai demandé de rechercher et que vous avez trouvée, explique avec les mots les plus simples le sens de l'engagement des soldats dans notre armée.
RépondreSupprimerCes hommes méritent nos remerciements et notre admiration pour la bravoure et le désintéressement dont ils font preuve, et ce jusqu'à la mort.
Hommage leur soit rendu !
Mon fils, je suis mort d’abord parce que j’ai choisi de m’engager en acceptant que cela puisse arriver. M’engager pour mon pays, pour des valeurs, m’engager tout entier, de tout mon coeur. Je suis mort car c’est l’accomplissement ultime de la mission, je suis mort car cela fait partie du job. La vie pour un militaire est comme un manteau. On la laisse au vestiaire à l’entrée du spectacle en espérant pouvoir la reprendre en partant… Quelquefois, le spectacle ne se termine pas comme on l’aurait souhaité et le manteau reste au vestiaire… La mort fait partie du paquetage du militaire. C’est pour cela que l’on a une place spéciale dans notre société. Nos dirigeants le savent bien. On le fait librement et volontairement, sans jamais rien dire. Tu dois savoir aussi que ceux qui décident sont toujours critiqués et qu’il est facile de leur faire des reproches. Je sais que nos morts changent nos chefs et que celui qui nous côtoie en est à jamais changé car la mort et la guerre ramènent à l’essentiel.
Alors suis-je mort pour rien? Pour moi, ce "rien"-là est déjà honorable. Aujourd’hui, les gens sont en quête de tout, ils veulent la gloire, la richesse, la célébrité… Ils veulent le bonheur à tout prix. Moi je ne veux pas de cette "gloire"-là. Je ne veux pas être présenté comme une victime au journal télévisé entre deux approximations. Si tel devait être le cas, je préfère mourir dans l’ombre, dans l’intimité de mon engagement. Aujourd’hui un autre soldat me remplace déjà, je lui ai d’ailleurs transmis le flambeau de ceux qui sont prêts à mourir pour "notre rien".
Je te demande de ne pas en vouloir à celui qui m’a tué, à condition qu’il l’ait fait avec honneur. Si c’est au combat, c’est un soldat qui mérite qu’on le respecte. Si c’est un terroriste prêt à toutes les bassesses pour frapper aveuglément, c’est un lâche qui ne mérite même pas ton mépris. Lui aussi a sans doute un fils et il sait ce qu’il en coûte de priver un fils de son père. Je ne peux pas croire qu’il l’ait fait à la légère. Il ne l’a pas fait pour rien. C’est pour cela qu’il faut être bien sûr du sens que l’on donne à sa vie avant de s’engager dans l’armée. C’est le seul moyen d’éviter que notre rien ne soit vide de sens.
Dernière chose : ta maman, triste mais fière, accepte déjà cet ultime départ loin de vous. Pourquoi? Parce qu’elle le savait, elle l’avait déjà accepté avant même que la mort ne vienne me prendre. Elle m’en avait fait la promesse le jour où on s’est juré d’unir nos destins. Elle te racontera et t’aidera à admettre l’incompréhensible : s’engager pour quelque chose de grand, quelque chose qui nous dépasse.
@marianne: cette lettre est émouvante et devrait justement appeler nos médias à bien plus de pudeur sur ces morts pour la France.
SupprimerJe ne m'explique pas, non plus, mon cher Corto, que personne ne parle de ces soldats tchadiens qui eux, sont morts par dizaines depuis le début des combats.
RépondreSupprimer@marianne: ah mais attention , les soldats tchadien, pourquoi s'en soucier puisqu ils ne sont pas français
SupprimerLe métier de soldat est aussi dangereux , voir mortel, que celui d'un pompier , d'un gendarme , d'un ouvrier du bâtiment ou tout autre métier , de nos jours il n'y a plus que des engagés qui connaissent les risques de leur métier , c'est triste pour les familles mais j'ai en mémoire la déclaration d'une femme d'un soldat qui partait au 'front' , elle savait qu'elle risquait de ne plus le revoir mais respectait son engagement .
RépondreSupprimerPar contre Moulande , notre chef de guerre n'avait-il pas assuré qu'il n'y aurait aucun combattant à pied en première ligne , n'a-t-il pas reproché à Sarko les morts en Afguanistan, il avait aussi assuré que les pays alliés allaient l'aider dans sa croisade , mais pour l'aider il aurait fallu que les alliés le prennent au sérieux et considère que ce Mou soit aussi un président , ce qui est loin d'être le cas.
@claude henri: le gauchiard de passage te dira que l on ne doit pas poléliquer sur les morts. Certes mais comme tu dis, encore en novembre dernier, hollande disait " qu'en aucun cas la France n avait la volonté d'envoyer des troupes au sol au Mali ". Ben,... encore un mensonge ou un reniement, au choix !
RépondreSupprimerje note aussi que les funérailles ne sont pas présidées par le "Président" mais en revanche qu'il préside celle d'un écrivain.. de gauche....je m'indigne
RépondreSupprimer@Francis: et moi donc, par 3 fois déjà et hélas, il aurait pu mais n a pas voulu. pas facile d assumer devant une dépouille que l'on a envoyé au casse pipe
Supprimer