dimanche 8 juillet 2018

Révision de la Constitution: du sur mesure pour un Macron qui se rêve Jupiter


A propos de la réforme de la Constitution et à la veille de la nouvelle allocution de Macron devant le Congrès réuni à Versailles (rappelons que la première n'a servi à rien même si elle coûta autant, soit près de 300 000 euros), telle était la tribune publiée ce jour par 78 députés Les Républicains (sur les 98 inscrits).

" Le président de la République aime tellement s'écouter parler au château de Versailles que, pour la deuxième fois de son mandat, il y invite lundi le Parlement réuni en Congrès. Et il espère le convoquer à nouveau, dans quelques mois, afin que soit adoptée une vingt-cinquième révision de la Constitution. Soixante ans après la fondation de la Ve République, le Président veut une Constitution Macron. Mais la France en sera-t-elle renforcée et les Français en seront-ils plus heureux? Rien, dans les trois projets de loi présentés, ne répond directement aux attentes de nos compatriotes : ni la diminution de l’immigration, ni la sécurité nationale, ni les questions économiques et financières ne sont abordées.

Pire encore : sous l'apparence de mots sucrés (responsabilité, modernité, efficacité), la pseudo-transformation vantée par Emmanuel Macron est, en réalité, une régression antidémocratique. Pour la première fois depuis 1958, un président de la République propose de triturer les institutions afin de diminuer les libertés de nos concitoyens. Parce qu’elle a pour mission de faire entendre la voix des Français, l'Assemblée nationale est attaquée au bazooka. 
Pendant que les députés macronistes passent des nuits à babiller pour savoir si le mot "climat" doit désormais être mentionné à tel ou tel article de la Constitution (ce qui ne servira à peu près à rien), le vrai sujet est ailleurs. La domestication, la décomposition et la démolition de l'Assemblée nationale sont en marche. Le Président veut, tout simplement, un Parlement encore moins puissant, encore plus obéissant. Et il souhaite y parvenir en inventant une combine : la création de deux catégories de députés, selon un mode de scrutin bizarre concocté à l'Élysée.
Rappelons que le principe du scrutin majoritaire consiste à élire le candidat qui a le plus de voix ; celui du scrutin proportionnel permet, au contraire, d'élire des candidats qui, par définition, n'ont pas le plus de voix et qui, par conséquent, auraient dû être battus puisqu'ils n'ont pas su convaincre une majorité des Français. Un système mixte - un scrutin majoritaire complété par une dose de proportionnelle - est typique de la logique macronienne du "en même temps". Quel que soit le volume de la dose (que M. Macron envisage à au moins 15% des 404 futurs députés), c'est son principe même qui est contestable.
Si l'on suit cette logique, en effet, il y aurait demain, en France, deux types de députés. La première catégorie serait celle de professionnels de l'expression médiatique, actifs dans les états-majors des partis politiques, sans lien nécessaire avec les Français ; la seconde catégorie serait celle de députés qui auraient plus de difficulté qu'aujourd'hui à entretenir un vrai lien avec les Français, puisque leur territoire d'élection serait immense. Est-ce ainsi que M. Macron imagine recréer de la confiance?
La coexistence de ces deux catégories affaiblirait nécessairement l'Assemblée nationale. Car si elle représente aujourd'hui la nation assemblée, c'est parce que ses membres ont tous subi la même épreuve du suffrage universel direct et que, dans une circonscription, ils ont recueilli le plus grand nombre de suffrages de Français. Avec la combine proposée par M. Macron, des candidats battus seront quand même élus. Et il est possible que cette mauvaise cuisine électorale débouche sur un scénario à l'italienne, avec une Assemblée nationale aussi faible qu'instable.
Si une diminution du nombre des membres du Parlement peut être légitimement envisagée, la combinaison d'une réduction d'un tiers et de l'introduction d'un mode de scrutin mixte est de nature à affaiblir profondément la mission constitutionnelle de l'Assemblée nationale et sa légitimité à incarner, par délégation de la nation, un pouvoir de l'État. Ce serait le triomphe de la technocratie et la défaite de la démocratie.
C'est précisément ce que souhaite M. Macron : concentrer tous les pouvoirs, dans ses mains et dans celles des techniciens qui composent sa cour. Parce que nous défendons les libertés des Français, nous avons le devoir de sauvegarder la Ve République et de refuser la Constitution Macron."
Si elle paraît séduisante, la mesure phare - réduire le nombre de parlementaires - est on ne peut plus démagogique. Dans un premier temps, la majorité précédente vota le non cumul des mandats (on ne peut plus, par exemple, être à la fois maire et député). Dans un deuxième temps, la nouvelle majorité se propose de réduire d'un tiers le nombre de députés et de sénateurs et d'instaurer une dose de proportionnelle. La réduction d'un tiers du nombre de parlementaires n'engendrera qu'une chose (en dehors d'une économie ridicule d'à peine 56 centimes d'euros par Français pour les députés): l'éloignement encore plus prégnant des députés des réalités du terrain. En clair, les futurs députés, de par l'élargissement de leur circonscription, n'auront quasiment plus aucun contact avec leurs électeurs, des technocrates en devenir à la botte de l'exécutif. Quant à la proportionnelle qui ne concernerait que 15% des députés, elle sera insuffisante pour être véritablement représentative mais suffisante pour perturber l'exercice législatif et l'équilibre des pouvoirs tout en renforçant celui du président de la République. Ça vous tente ?
Cerise sur le gâteau, réduire le nombre de parlementaires permettrait mathématiquement au  futur Président, celui de 2022, d'abaisser cette fameuse règle des 3/5ème autorisant de nouvelles modifications de la Constitution. Ça vous tente aussi ?
On a connu par le passé des présidents qui ne rêvaient que d'étendre leur pouvoir, pourtant étendu; il semblerait que Macron ne puisse se contenter de celui que lui accorde l'actuelle Constitution... Jupiter en action !

D'accord, pas d'accord: atoilhonneur@yahoo.fr

24 commentaires:

  1. marianne ARNAUD8 juil. 2018, 18:04:00

    Si la réunion du Congrès à Versailles de ce lundi ne consiste que pour le président de la République à "s'écouter parler", mon cher Corto, pourquoi les LR n'ont-ils pas décidé, en bloc, comme les Insoumis, de ne pas s'y rendre ?

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  2. marianne: sauf erreur de ma part, une bonne partie des LR ont décidé de boycotter. A vérifier demain.

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  3. Vu qu'aucune réforme structurelle n'a été entreprise et ne le sera pas pendant les quatre prochaines années (putain que ça va être long), Jupiter passera ses journées à enfiler les mouches, grand spécialité française.

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    1. Théo: lol ! et oui, 4 ans ça va etre long, très long, idéal pour demobiliser les gens par lassitude et fatigue, donc idéal pour qu il puisse faire ce qu il veut

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  4. Congrès de Versailles , je suis pour que tous les partis y participent et à l'arrivée de Jupiter que ceux qui ne sont pas d'accord tournent le dos à ce dictateur en herbe dans un silence glacial .

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    1. claude Henri: il y en a au moins 310 qui n'auraient pas tourner le dos mais ça aurait eu de la gueule

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  5. Ce gamin est completement mytho, donc dangereux...

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    1. Malheureusement, ce n'est une découvert que pour les "happy few" (de moins en moins happy, d'ailleurs). Ne jamais oublier comment il est arrivé là où il est !!!

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    2. GFB & Gérard: un vrai gamin trop gaté, c'est exactement la reflexion que nous nous faisons à midi. Et mytho de surcroit, c'est peu être notre meilleure chance que cette mythomanie et ces gamineries: quand on se croit tout permis, un jour ou l'autre, ça casse.

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  6. manipuler la constitution, c'est un vrai sport national pour les présidents, il l'ont tous fait, quand aux dépités, pour ce qu'ils font comme boulot en règle générale, franchement, qu'on supprime la obono et ses copines ne me fera pas pleurer, les français ne se rendent compte de rien, ils regardent le foot, pendant ce temps là, le conseil constitutionnel donne raison à un peine-cul, les migrants des bateaux continuent à arriver, la police n'ose plus sortir des commissariats ou des cars de CRS dès fois qu'on leur tire dessus et que ce soit eux qui se retrouvent au gnouf, on ne parle plus de chômage, y'en a plus puisqu'on a supprimé les chiffres, et tout est à l'avenant, ce pays part de plus en plus en c....

    Je vais me resservir des nouilles et un coup de rosé frais …..

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    1. Boutfil: le rosé, y a que ça de vrai en ces temps mauvais !

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  7. A-t-il la réserve suffisante d'élus pour la révision de la constitution ?

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    1. Al West, pour l'instant, non, il ne l a pas grâce au Sénat qui est majoritairement LR

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  8. Pourquoi ce type me fait-il penser à Erdogan?

    Avec,pourquoi pas? une dérive autoritaire du même type,en charcutant progressivement la constitution et en rognant le rôle et les pouvoirs de l'Assemblée nationale.

    Une personnification progressive du pouvoir sous les bravos des éditorialistes de la presse subventionnée,qui,hier,s'inquiétaient de l'extension de l'Etat d'urgence et des dangers qu'il représenterait s'il tombait en de mauvaises mains(suivez mon regard...).

    Demain,les mêmes,qui expliquent déjà en quoi la répression des soi disant "Fake news" est un progrès de la démocratie, trouveront tout naturel d'expliquer à leurs lecteurs que l'Etat de droit est toujours parfaitement respecté et qu'ils ont élu un démocrate exemplaire avec Macron,au moment même où la Fronze sera sur la voie d'un régime autoritaire et personnel...

    Vendémiaire.

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    1. Vendemaire: le comparer à Erdogan... tu y vas u peu fort pour le reste, ok

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  9. Le reve de Macron est de transformer les institutions françaises sur le modèle européen : un parlement croupion et une commission toute puissante non élue....comme en URSS

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    1. dieter: clair que Macron est un européiste pur et dur rêvant d'une fédération européenne au détriment d une europe des Nations. La crise migratoire est peut etre l'échapatoire à ce fédéralisme tant elle risque de faire vaciller Bruxelles

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  10. Le principe de la proportionnelle, quelle que soit la dose, est en effet detestable.
    Les députés hors-sol élus de cette façon n'ont de comptes à rendre qu'aux appareils de leurs partis, pas à ces vulgum pecus d'électeurs. C'est un système qui convient à merveille à des gens comme Cécile Duflot mais qui ne vaut rien de bon pour le pays.

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  11. marianne ARNAUD9 juil. 2018, 10:58:00

    On peut raconter ce qu'on veut sur Macron, mon cher Corto, mais on ne peut pas l'accuser de n'avoir pas su mettre sur pied une tactique hors pair pour instaurer un pouvoir personnel au nez et à la barbe du personnel politique de notre belle démocratie.
    Acte I - On "assassine" le candidat LR à la présidentielle.
    Acte II - On pulvérise le PS. On phagocyte les LR.
    Acte III - On fait élire des députés qui doivent tout à Jupiter.
    Acte IV - On se débarrasse de son opposition de droite en faisant condamner sans jugement, le RN à disparaître, par des juges politisés du Syndicat de la Magistrature.
    Acte V - On s'apprête à réviser la Constitution en limitant toujours plus le pouvoir des élus.
    Effectivement, comme le note Vendémiaire, il y a de l'Erdogan chez Macron. Mais cela ne va pas gêner les députés LREM qui, grâce à leur majorité absolue, nous amènent toujours vers plus de dictature.

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  12. marianne: bémol sur votre acte IV: le RN n'a pas été encore condamné et c'est bien cela qui est scandaleux avec cette saisie conservatoire, surtout qu un deuxième versement de 2 millions doit avoir lieu en novembre, la justice aurait donc pu travailler 6 mois de plus, quitte à condamner pour le coup et saisir a ce moment là. Ceci dit, cette saisie sert finalement Marine et le RN: victimisation qu elle a très bien joué cematin chez Bourdin.

    De l'Erdogan chez Macron, n exagérons pas ou alors une nano graine d'Erdogan

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    1. Mon cher,

      C'est ainsi qu'à procédé tonton Adolf. Se débarrasser de l'opposition en magouillant la dėmocratie qui devient l'enseigne d'un magasin en dépôt de bilan.

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  13. Il semble que le jeune homme commence à être embarrassé.
    Gouverner un pays, c'est plus difficile que de transgresser la morale admise et mettre en avant à 40 ans les petits enfants qui ont le besoin urgent d'une piscine dans une residence de la République.
    Par contre, Eric Woerth voit arriver le désastre de l'impôt par prélèvement et prévient qu'il est encore temps d'y renoncer.
    Madame Chocolat

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  14. Regardez la page humour de Delage sur Valeurs actuelles actuellement en vente.
    Il ose !
    Madame Chocolat

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