Robert Ménard a commis une erreur: Dire ce qui ne se dit pas.

Bon, je sais, ce n'est pas bien, il paraît même que cela serait illégal: On n'a pas le droit en France de ficher qui que ce soit en fonction de ces origines, de ses orientations sessuelles ou religieuses. Vilain Roberd Ménard qui, hier, au cours de l'émission Mots Croisés a reconnu savoir, grâce à " des listes ", que dans sa bonne ville de Béziers, 65% des enfants scolarisés étaient de confession musulmane.

Aïe Caramba, que n'avait-il pas dit ! Les réactions de la classe politique sont unanimes: facho ! voyou ! honte ! L'hystérique de Matignon s'est ( encore ) mis en colère et a (encore ) déclaré que " La République ne laisserait rien passer " et que " Honte au maire de Béziers qui démontre ainsi ce qu'est la gestion d'une ville par l'extrême droite et que de tels actes ne serait pas sans conséquences ". Même Président s'est arrêté un instant de lécher les babouches saoudiennes pour, de Riyad, déclarer solennellement: " Le fichage des élèves est contraire à toutes les valeurs de la République ". Pour la greluche guyanaise, c'est carrément " le retour de l'esprit de 1939, toujours ces mêmes vieux démons et ces balafres faites à la République,..., la même lâcheté sur des enfants. ". On a même eu quelques gens de droite pour s'offusquer de " cette déclaration édifiante et cette pratique délirante ".

Bien au moins Bob est-il rhabillé pour l'hiver prochain, si tant est qu'on ne le mette pas en prison pour avoir agi de la sorte. Comment a-t-il fait pour savoir que 65% de " ses " enfants scolarisés étaient de confession musulmane ? Simple, il a pris les listes d'inscriptions dans les écoles biterroises, a compté les enfants dont les prénoms étaient Mohamed, Brahim ou Moussa et en a déduit qu'en s'appelant ainsi, il y avait des chances pour que ces bambins soient effectivement de confessions muzz ou tout au moins descendants de parents d’origine immigrée, immigrée de là-bas, partant du principe qu'un mouflet s'appelant Maurice, Dylan, Samuel ou Paul avait peu de chance de l'être.

Ce faisant, Robert  a commis un acte parait-il illégal mais en plus il se trompe, les événements récents prouvent que l'on peut s'appeler Maxime et être de confession musulmane, suffisamment en tout cas pour partir faire le Djihad et, qu'a contrario, on peut être baptisé Youssef et être de confession catholique; plus rare mais pas impossible. Enfin, bref, ce qu'il a fait n'est pas bien puisque toute la classe politique le dit et qu'une enquête va être diligenté pour savoir...

Maintenant, prenons les choses sous un angle différent. Je suis le maire d'une ville dont on sait, au doigt mouillé, qu'une bonne partie de sa population est d'origine immigrée, que nombreux sont ceux à être de confession musulmane, qu'en tant qu'élu, va falloir gérer tout cela et prendre certaines décisions; tiens par exemple, celle de savoir s'il faut servir des menus avec ou sans porc dans les cantines, celle de savoir s'il va falloir un jour ou l'autre autoriser la construction d'une mosquée pour offrir aux intéressés un lieu de prière digne de ce nom ou bien encore celle de savoir si édifier une crèche à Noël pourrait heurter une partie de la diversité locale. En clair, comment faire pour bien connaître sa population autrement qu'au doigt mouillé ou en se basant sur des ressentis forcément nauséabonds ?

Maire de cette ville, j'ai aussi à gérer les revendications de ceux qui m'ont élu, qui ne sont pas de confession muzz et qui entendent bien faire respecter leur droit à être eux-mêmes, à se sentir chez eux, à être de souche, bref à ne pas être exclu de " leur " territoire par une population allogène dont on me dirait qu'ils sont trop nombreux... Il faut bien, à un moment ou à un autre que je sache qui a tort ou raison, de manière la plus impartiale possible. Non ? Ainsi, si le Dupont-la-Joie du coin vient me dire qu'il y a trop de muzz dans la ville, il faut bien que je sache si il dit vrai et si de ce fait il n'y a pas quelques risques à ce que le Vivre Ensemble se prenne une torpille dans la tronche. Bref, pour maintes et maintes raisons ( y compris des raisons possiblement électoralistes), désolé, mais, en tant que maire, je me dois de bien connaître ma ville et ceux qui y habitent, autrement qu'au doigt mouillé, je me dois d'être précis. Et vu que stupidement et contrairement à de nombreux pays l'établissement de statistiques ethniques est interdit en France ( du moins la communication de celles-ci ), un bon moyen de connaître sa population est effectivement de prendre les listes d'enfants scolarisés et de voir combien, il y a de Blaise ou de Sid Ahmed, non ?

Et bien non, en tant que maire, je n'ai parait-il pas le droit d’étudier, compter ou évaluer ma population. Ce qui se fait, par exemple, dans la grande distribution, le fichage soigneux de la clientèle permettant de connaître absolument tout de vous ( y compris vos pratiques religieuses, sexuelles, hygiéniques et votre consommation d'alcool ) grâce aux cartes de fidélités, pis de vendre ces fichiers à d'autres, ne pose de problème à personne mais que le maire d'une ville cherche à savoir précisément à quels habitants et à quels électeurs il a à faire serait scandaleux ? Allons, allons... Que, par exemple, Bartolone m'explique comment il fait pour concevoir sa Seine-St-Denis de demain ? Que Gerald Darmanin m'explique comment il fit pour devenir maire de Roubaix si ce n'est en épluchant parfaitement les secteurs et quartiers dans lesquels il adapta ses discours de campagne en fonction des populations; ce n'est rien d'autre que du géo-marketing politique. Qu'un gouvernement se donne tous les moyens d'écouter et d'espionner qui bon lui semblera avec sa loi sur le Renseignement serait d'utilité publique mais qu'un maire cherche, avec les moyens du bord, à savoir de quoi est composé sa population serait " inadmissible et lâche " ? Mais de qui se moque-t-on ?

J'ai souvenir qu'il y a moins de trois ans on apprenait que, à Nantes, la ville de Jean-Marc Ayrault, les polices municipale et nationale, conjointement et aidées des Renseignements Généraux, fichaient, avec le consentement de la mairie, les SDF et consignaient avec minutie les habitudes, y compris intimes, de ceux-ci. A l'époque, cela ne fit pas plus de bruit qu'un pet de nonne... Il est vrai que Ayrault n'était pas localement soutenu par le Front National...

Robert Ménard a commis hier une erreur de débutant, de maire débutant: dire tout haut ce qu'il fait quand nombreux, trop nombreux, sont ceux qui font de même sans le dire, dire tout haut quelles sont ses pratiques quand tant d'élus agissent de la même façon en loucedé. Que ceux qui s'offusquent des pratiques de Robert Ménard commencent déjà par s'offusquer par toutes les autres formes de " fichage" communément mais secrètement admises.

Addendum: J'apprends à l'instant que la police n'aura pas attendu longtemps pour perquisitionner, dès cet après-midi, la mairie de Béziers.

Folie passagère 2762.

D'accord, pas d'accord: atoilhonneur@voila.fr