J'aime bien ce qui suit. C'est une tribune de Laurent Sagalovitsch parue sur Slate sous le titre " Le politiquement correct, ce lent poison qui étrangle nos sociétés modernes ".
" Ah c'est qu'on finira tous par en crever de cette mollesse de l'esprit, de cet atermoiement du sentiment, de cet égalitarisme de la pensée qui voudrait que par les temps qui courent, nous en venions à taire toute forme de critique et à nous aligner comme des canetons bien sages derrière cette morale de la condescendance désormais inscrite au cœur de nos sociétés souffreteuses.
C'est que désormais tout le monde a sa souffrance à exhiber, sa petite particularité à faire respecter, sa petite singularité à étaler, son petit tropisme à montrer, ces blessures de l'âme parfois réelles ou pas, ces accidents de la vie dont à aucun prix il ne faudrait se moquer afin de ne pas froisser une susceptibilité qui ne tolérerait plus aucune forme de critique et par là aucune remise en question.
On n'existe plus par la valeur de son intelligence, la pertinence de son esprit, la joliesse de son raisonnement mais par cette obsession des origines, cette façon obtuse d'appartenir à telle ou telle catégorie de personnes, à tel mouvement de pensée, à telle partie du corps social, autant de spécificités sociologiques, religieuses, ethniques qui vous mettent dans une situation dont vous ne pouvez vous échapper au risque de passer pour un déserteur ou un traître.
Vous êtes une femme, vous êtes noir, vous êtes homosexuel, vous êtes musulman, vous êtes unijambiste, vous êtes un enfant hyperactif, vous êtes transgenre, vous êtes un petit-fils d'esclave ou de déporté de la Shoah, vous êtes chauve, vous êtes tout ce que les autres ne sont pas et à partir de là, vous êtes non plus considéré comme un individu lambda avec ses qualités et ses défauts mais comme une victime sacramentelle dont par principe il faudrait protéger l’identité afin qu'elle ne souffre pas de son particularisme.
Et au lieu d'encourager ces individus à s'émanciper par le haut, à prendre en main leur destin, à s'affirmer en tant que personnes, voilà qu'on les encourage à rester dans l'étroitesse de leur statut de victime, voilà qu'on les conforte dans leurs ressentiments, voilà qu'on exalte leurs blessures intérieures afin d'être mieux là pour les consoler, dans ce paternalisme du sentiment qui fait que plus la victime intériorise son statut de victime, plus elle se pense comme victime et plus le dominant prend plaisir à la soutenir tout en souhaitant inconsciemment qu'elle ne sorte jamais de cet état-là.
C'est très exactement ce à quoi on assiste dans cette nouvelle bataille d'un certain féminisme: d'un côté des femmes qui invitent d'autres femmes à sortir de leur traumatisme - supposé ou réel - par le haut, à vivre pleinement leur existence de femmes sans s'attarder sur ces manquements à la morale élémentaire dont elles sont victimes, à faire fi de toute cette grossièreté pour aller de l'avant dans une existence dont elles doivent apprendre à savourer chaque seconde.
Et dans le camp opposé, d'autres femmes qui encouragent ces mêmes femmes à ressasser à l'infini leurs tragédies, petites et grandes, à demeurer dans cette posture de victimes, d'êtres brisés par l'injustice de la vie, par la violence des hommes, par l’âpreté de l'existence, par la rudesse des épreuves subies, autant d'obstacles placés sur leur chemin qui les auront empêchées de devenir celles qu'elles auraient dû devenir.
La douce exaltation de la consolation qui donne à ceux et celles qui la prodiguent cette magnifique ivresse de la responsabilité, cette noblesse de l'âme, cette glorification de sa propre personne qu'on pare de tous les attributs puisqu'on se trouve du côté du bien, dans le camp des victimes, tout à leurs côtés pour les soutenir au cœur de cette souffrance qui est désormais la leur – ce sont à jamais leurs sœurs, leurs frères de combats.
Toute vie est affaire de souffrance. Toute naissance est un traumatisme. Toute existence charrie son lot de désillusions, de regrets, de désespoirs, de fêlures, de défaites, de blessures, de heurts, de fractures, de trahisons, de peurs, de morts, même si, de toute évidence, dans ce grand jeu de loterie qu'est la vie, certains s'en sortent mieux que d'autres.
La vie est un jeu de massacre dont personne ne réchappe. Personne.
On peut décider de vivre avec, de s'appuyer dessus pour triompher de l'adversité et tenter d'exister dans la plénitude d'une vie tournée vers les autres et pour les autres.
On peut aussi se lamenter sur les vicissitudes de la vie, à maudire son sang, sa condition, son rang, à macérer dans le ressentiment qui vous aura transformé en une victime impuissante à donner un sens à sa vie.
Personne ne vous en voudra. Personne sauf une partie de vous-même. La meilleure."
D'accord, pas d'accord: atoilhonneur@yahoo.fr
Estimer être une victime, se complaire dans cet état est mortifère, l'individu tourne en rond, sa pensée ne tourne que par rapport à cet inconvénient, l'empêche d'aller de l'avant et de bâtir quelque chose qui le rendra fier de la tâche accomplie.
RépondreSupprimerLe Nain
Le Nain: Ns sommes d'accord !
SupprimerGéo
RépondreSupprimerEt de la sorte,quand ces éternelles prétendues victimes connaitront l échec elles pourront se trouver un alibi en rejetant la faute sur un bouc-émissaire déjà désigné.
Maintenant,si elles n ont pas de sentiment d infériorité mais sont réellement inférieures,que pouvons nous y faire sinon les commander,puisqu'au fond elles adorent ça,une belle occasion de n'assumer aucune responsabilité et de se laisser couler dans la soumission là où tout est décidé en leur nom.
Mais puisqu'on leur dit que c est pour leur bien c est que c est forcément vrai,non?Du moins à leurs yeux.Le plus astucieux étant de faire croire aux "victimes"que ce sont elles qui dirigent un mouvement revendicatif censé les libérer et qu'elles l ont choisi.
Et puis quand elles sont bien payées pour faire une agitation elles ne sont que plus convaincues de l importance qu'elles n ont pas.
Ce n est pas un hasard si les plus débiles,minables et malhonnêtes ont faveur des médias.Elles s absolvent à leurs propres yeux de leurs compromissions permanentes.
Prenons par exemple l antiracisme:combien de toutes ces pleureuses,hommes ou femmes qui n existent que par la pleurnicherie et le chantage affectif,combien ont connu les chaînes et les sévices divers?
Pourquoi réclamer sans arrêt des prébendes et indemnités au nom de gens qu'ils n ont pas rencontrés et qui,pour la presque totalité d entre eux,sont des illustres inconnus dont ils n auraient souvent rien eu à faire si ils les avaient connus en leur temps,sinon par un secret désir de profiter de cet esclavage passé et d en vivre et même bien?
Une nouvelle forme de profit sur l esclavage.
On pourrait parler ainsi des " féministes" et autres prétendus libérateurs de gens qui ne leur ont rien demandé mais dont ils s approprient les identités et l existence comme de vrais crapules d esclavagistes le feraient,avec toute l intolérance,le mépris des droits d autrui,
Ceux qui s'intéressent au sujet, mon cher Corto, se reporteront utilement à l'article traitant du Triangle dramatique ou Triangle de Karpman où il est expliqué que les différents rôles du jeu, à savoir : le persécuteur, la victime et le sauveur peuvent être tenus par chacun alternativement.
RépondreSupprimerhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Triangle_dramatique
Quant à moi, je préfère me retirer sur la pointe des pieds !
marianne:et bien figurez vous que cette histoire de triangle de Karpman, pour des raisons qui vs échapperont sans doute, je la connaissais :)
SupprimerY' en a un que je n' entends pas en ce moment, notamment à propos des prisons c' est Zemmour.
RépondreSupprimerIl avait juste un tout p'tit peu raison. Etonnant non?
Stéphane: je dois reconnaitre que pour des raisons qui m échappent, zemmour est bien inaudible en ce moment
SupprimerIl faut dire que se créer une identité de victime est plus facile que réussir sa vie
RépondreSupprimerface à l'adversité grâce à ses qualités.
Il est bon ce type.
brindamour: oui, il est bon, plusieurs de ses écrits sont savoureux à lire
SupprimerLe politiquement correct est un chancre dont il faut au plus vite se défaire. C'est par ce biais que les bouffons qui nous gouvernent arrivent à faire ce qu'ils veulent. Rappelez vous lorsque ces abrutis d’écolos voulaient interdire les feux de cheminées. les cheminées étaient devenus dans les textes des "foyers de combustions ouverts" et les ballons de gym des "référentiels bondissants" pour l'E.N.
RépondreSupprimerPerso, j'aimerai qu'aux prochaines élections le peuple de France envoie "un signal fort d'une appétence au changement" ou plus simplement que ces cons prennent une raclée électorale monumentale.
Marre mais marre de ces cons....
GfB: j aimerais aussi mais je ne fais guère confiance aux Français pour mettre une claque magistrale tant ils semblent anesthésiés
SupprimerJe me suis amusé à reprendre l'article du journaliste Laurent Dandrieu dans le dernier numéro de Valeurs actuelles sur "Les mots pour ne pas le dire".
RépondreSupprimerVoilà ce que pourrait donner la conversion de ces termes de novlangue orwellienne en français intelligible.
Toutes les suggestions sont les bienvenues...
Let me see:
Décodeur: délateur.
Déséquilibré: terroriste islamiste.
Mourir dans la dignité: Euthanasie(trop facile).
Ethique: morale..dans le même genre:"citoyen",qui baigne dans toutes les sauces.
Réfugié: illégal ou clandestin.
Vivre-ensemble:cohabitation subie et non désirée.
Délit d'entrave numérique: Censure.
Fake news: informations non contrôlées par la censure.
Racisé.e.s: Indigènes de la République.
Traditionaliste: catholique intégriste-FN-fasciste-nazi...point Godwin...
Climatosceptique: hérétique.
Etc.
Vendémiaire.
Vendémiaire: c'est exactement ça, à tel point que si j ai letemps je vais reprendre tout cela dans mon dico que je n'ai pas mis à jour depuis longtemps
SupprimerBravo.
SupprimerBel article.
RépondreSupprimerMerci de l'avoir partagé.
Très juste ce que dit l'auteur de cet article.
RépondreSupprimerCette victimisation communautariste ne vient-elle pas des Etats-Unis, comme beaucoup de choses mais avec des années de retard ?
Ca va être ingérable car nous n'avons pas la même histoire, la même constitution ni les mêmes codes de vie.
Et ces attitudes ne sont-elles pas la conséquence directe d'une société qui a perdu le sens collectif, où chacun revendique ses droits, moi, moi, moi, ...
Warhol dirait que chacun aura son 1/4 d'heure de victimisation. La célébrité par la victimisation, l'ego poussé à l'extrême mais par le bas, à défaut de présenter des qualités personnelles au service du collectif, on sort des attributs physiques, d'appartenance ethnique, religieuse, ou autres. C'est la société selfie.
Vlad: la société selfie. C'est tout à fait ça, bien trouvé !
SupprimerJe suis chauve... C'EST TROPORIBLE !!!
RépondreSupprimer@corto
RépondreSupprimerIncroyable tribune..
Je ne connaissais pas mais maintenant...
Merci.