mardi 4 juin 2013

L'homme nouveau ou la société contre le peuple, par Robert Redecker


" L'adoption du mariage homosexuel, l'introduction à l'école de la théorie des genres, qui devient une sorte de pensée officielle et obligatoire, le projet d'accorder le droit de vote aux étrangers, la palme d'or accordée par le jury du Festival de Cannes à un film qui, divine surprise, réunit la chance d'avoir été réalisé par un Maghrébin et de raconter une histoire d'amour homosexuelle, ne sont pas des événements disjoints. Solidaires, ils entretiennent entre eux un lien de constellation. Une même conception de l'homme autant qu'une même conception de l'avenir de la société les relie. 

Un impératif commun, plus ou moins explicite, dirige ces événements: il faut remplacer l'homme, tel que nous le connaissons depuis la nuit des temps, par autre chose. Comme pour le mariage, le mot sera conservé, mais pas ce qu'il désigne. Ainsi le mariage a changé de sens en devenant le mariage pour tous. Ainsi homme et femme sont des mots qui ne veulent plus dire du tout la même chose postérieurement au triomphe de la théorie des genres qu'antérieurement. 

Quant à l'extension du droit de vote aux étrangers, il substitue une entité nouvelle au citoyen et à la nation, même s'il ne modifie pas les mots. Cet homme nouveau, que le gauchisme culturel veut substituer à l'homme tel qu'il existe, c'est l'homme sans héritage. Il n'est pas un héritier. Il est même, pour emprunter un vocable à Renaud Camus, un inhéritier. Non seulement l'accès à l'héritage des siècles - qu'il s'appelle la langue, la culture, la nation - lui est barré, mais il est psychiquement programmé pour refuser cet héritage autant qu'il est éduqué, ou inéduqué, pour pouvoir s'en passer. N'héritant pas du passé, ni n'en recevant le legs en héritage, il ne se sent débiteur d'aucune dette envers lui. Il ne doit rien à la patrie, rien à la nation et à son histoire. Il ne doit rien à de Gaulle, rien à Jeanne d'Arc. On le veut radicalement neuf. Il se croit tel. Jusqu'ici exista un individualisme spatial et sociologique: l'individu séparé des autres hommes. Voici qu'apparaît un individualisme temporel et historique: l'individu entièrement plongé dans le présent, sans racines dans le passé, séparé de l'histoire. Le type d'homme engendré par cette constellation de réformes sociétales sera un homme qui se vivra, se sentira et se pensera, comme existant par génération spontanée. 

Venue d'Aristote, défendue au XIXe siècle par Liebig et combattue par Pasteur, la théorie de la génération spontanée soutenait que des êtres vivants, par exemple des souris, pouvaient naître sans parents, sans pères ni mères, du seul fait de l'animation de la matière par la forme (l'idée). La comparaison avec nos réformes sociétales vaut. L'idée, la forme, c'est bien entendu le genre. C'est aussi la volonté de deux époux d'un même sexe, pardon d'un même genre, d'élever un enfant qui n'aurait ni père ni mère, seulement des parents numérotés un et deux. Le grand combat contre la nature conduit par les propagandistes de la théorie du genre, socle philosophique du mariage pour tous, ramène dans l'actualité une variété de la théorie de la génération spontanée. 

Une condition est exigée pour la réussite de ce projet anthropologique et politique: que les hommes ne soient plus des hommes et que les femmes ne soient plus des femmes par nature. À la rupture avec l'histoire doit s'articuler la rupture avec la nature. L'invention de la théorie du genre sera la cheville ouvrière de cette rupture. Ainsi, le mariage pour tous est-il à la fois le mariage déshistoricisé (jamais, en Occident, le mariage homosexuel ne fut institutionnalisé) et dénaturalisé (la différence naturelle des sexes, base historique, symbolique et biologique du mariage, est niée). 

Le vote des étrangers (des personnes qui refusent d'adopter la nationalité française) illustre cette double négation. Il occulte le sens du mot patrie: la terre des pères. La patrie est, étymologiquement, un héritage. Il n'y a pas de patrie si les fils et les filles n'héritent pas des pères l'histoire et la terre. La patrie, cette terre des pères, est une mère qui engendra ceux qu'on appelait jadis des sujets et aujourd'hui des citoyens. Pour rendre possible ce vote, il faut masquer la dimension héréditaire qu'implique la notion de patrie. La patrie est le produit de l'histoire, et l'héritage celui de l'engendrement, c'est-à-dire de la nature. Héritage, père et mère, la patrie est à la fois histoire et nature. Exactement ce que la théorie du genre combat. Dessaisir les fils et filles de cet héritage est l'objet du droit de vote aux étrangers. 

Le déni de la nature et de l'histoire apparaît encore plus nettement dans l'acharnement à vouloir effacer le mot race de la langue officielle. Deux siècles durant, la gauche affirmait représenter le peuple, la patrie et la nation. Aujourd'hui, sa nouvelle déesse est la société, fabriquée dans les laboratoires des sciences humaines. C'est au nom de la société qu'elle substitue l'inhéritier, l'individualiste nouveau, l'individualiste né par génération spontanée sans patrie et sans nation, sans racines historiques et politiques, au citoyen national. 

Le sociétal n'est pas seulement l'idéologie qui dresse la société contre le peuple, il est aussi l'idéologie qui détruit le peuple au nom de la société. "

Robert Redecker, philosophe, pour le Figaro du 2 juin 2013.


D'accord, pas d'accord: atoilhonneur@voila.fr


42 commentaires:

  1. Quelle justesse d'analyse !
    Tout est dit et bien dit.

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    1. @Fredi m: Redecker réussit ici à faire ce que je n ai jamais réussi à faire correctement: démontrer que le mariage zinzin n'est que la partie d'un tout. Je doute cependant que sa démonstration puisse convaincre le gauchiste ou Modernoeud. Hélas.

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  2. marianne ARNAUD4 juin 2013, 11:14:00

    Cette fois, mon cher Corto, on a quitté le monde des Bisounours qui voulait que les gens de même sexe puissent se marier "puisqu'ils s'aimaient", pour entrer dans le dur : la création d'un "homme nouveau" sans père, sans mère, sans patrie et sans héritage.
    Très bon article qui devrait ouvrir les yeux de tous, à moins qu'ils aient des yeux et ne veuillent pas voir, qu' ils aient des oreilles et ne veuillent pas entendre.

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    1. @marianne: A partir du moment ou même certains blogueurs gauchistes nient l'existence de la théorie du genre, voir refuse d'admettre que Peillon est entrain de l implanter à tous les niveaux de l'éducation des enfants, il se peut que vous ayez raison: ils ne voient rien, et n entendent rien

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  3. Ce monsieur n'était il pas un gauchiste avant une certaine fatwa. Si seulement la lumière qui a éclairé de monsieur pouvait en éblouir d'autres mais là faut pas rêver non plus

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  4. L'homme nouveau a déjà été tenté en 1789, la terreur avait implanté des trucs très comparables à ce que les diafoirus veulent faire aujourd’hui, on sait comment ça a fini....faudra-t-il une autre révolution pour que les hommes raisonnables virent les idéologues ? le seul problème c'est que le providentiel-Bonaparte n'est pas en vue

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    1. @Boutfil: Il y a bien une lutte qui pointe antre les hommes raisonnables et les idéologues gauchiards, le mouvement d opposition au mariage zinzin en est un exemple, reste a savoir qui l emportera. Sans compter que ce que décrit Redecker se produit à l echelle mondiale.

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    2. La fabrication de l'Homme Nouveau a été tentée aussi en URSS et dans la Chine de Mao.... et on sait aussi ce qui est advenu!

      Restons optimistes et attendons le TRES GRAND retour de balancier...

      :-)

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  5. Cette société tres bien decrite, ne veut pas seulement remplacer l'heritier par l'individu sans heritage. Elle veut aussi lui denier son statut individuel. Il ne doit plus avoir d'idée. Il ne doit plus avoir des choix personnels. Il doit afficher la pensée unique dominante. Il ne doit plus etre qu'un consommateur, son seul choix sera de choisir ses produits. Inutile de dire que c'est le déclin et la décadence de l'humanité. Avec une telle société, Léonard de Vinci, Galilée ou même Enstein seraient restés de parfaits inconnus, mal intégrés.
    Nous allons bientot devenir des fourmis, collectivistes, interchangeables et devouees à la communauté.

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    1. @dan_b: et sous couvert de défense des alterités et de la diversité, on nous fabrique des tous-pareils. A terme, effectivement, la négation de l individu dans ce qu il a d'unique.

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    2. "Il ne doit plus avoir d'idée. Il ne doit plus avoir des choix personnels"

      -Une tentative, seulement!
      Ils ne réussiront pas: "chassez le naturel...."

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  6. AVIS ! Devinette: Quel est le thème de reflexion de la semaine du 11 au 14 mars à Science Po Paris ?....

    Réponse: https://www.facebook.com/pages/Queer-Week-Sciences-Po/221143071314043?fref=ts

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  7. La patrie n'est pas la terre de mes ancêtres mais l'occupation violente de mon territoires par les salopards du bassin parisien, et c'est le cas de beaucoup de Français. Le rejet de la patrie, par la gauche, ne provient-il pas de cela? On cache le refus du jacobinisme et de la France derrière une certaine idéologie. Pareil pour l'égalitarisme sociétal, ne serait-ce pas une perversion de l'égalité, si importante aux yeux des tocards du bassin parisien? Il suffirait de regarder ce qui se passe ailleurs. Sur quels arguments a été adopté le mariage homosexuel dans les pays libéraux ou sociaux-démocrates?
    Jard

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    1. @jard: Il n y a pas que des tocards dans le bassin parisien. regardes, ais-je l air d un tocard ? Non.

      Par contre que nos gauchiards parisiens fassent de l'égalitarisme un modele de société en pervertissant l'idée même d 'égalité, ça, oui, pour moi c'est une certitude

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  8. Robert Redecker exprime avec clarté et talent ce que beaucoup d'entre nous perçoivent de façon parfois confuse...le danger vient de toute part et j'ai personnellement le sentiment d'un étau qui se resserre. Mais, en France, combien de redecker, éveilleurs de conscience ? Et surtout combien de personnes capables de comprendre une telle analyse et de se rebiffer ? La belle idée de l'égalité a été dévoyée, ne reste plus qu'un troupeau de moutons bêlant à l'unisson des "idées" qui auraient du les révolter...

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    1. @nana: je pense qu'il n y a pas que des moutons et j entrevoie le réveil de quelques moutons.Un réveil certes timide mais que seule une longue léthargie peut excuser. Je n ose pas désespérer. Pas encore.

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  9. Ce phénomène contribue à la pétassification des esprits.

    Un petit exemple: "Trop bien le bac, grâce à l'option théorie du genre, je suis certaine d'avoir une mention bien".
    A propos, saviez-vous qu'aux Etats Unis on expérimentait déjà les utérus artificiels? 2 Françaises en ont été victimes, leur témoignage est édifiant.

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    1. @Pierre: à édifiant, édifiant et demi, suis le lien sur le mot " fabriquée " dans mon billet

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    2. @ Corto

      Ça fait de plus en plus peur...

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  10. On applique le programme : "Du passé faisons table rase..."

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    1. @anonyme: expression née semble-t-il lors de la révolution, que l on retrouve dans L'Internationale:

      " Du passé faisons table rase
      Foule esclave, debout ! debout !
      Le monde va changer de base :
      Nous ne sommes rien, soyons tout ! "

      L'individu n'est rien en dehors d'un " tout " socialiste

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    2. "L'individu n'est rien en dehors d'un " tout " socialiste"

      -Mais voilà, nous sommes des individus et ça va péter!

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  11. Ce texte est d'une justesse assez exceptionnelle...

    Si, comme le dit si bien Redecker, l'homme nouveau n'a plus de passé, il n'a probablement pas d'avenir et n'est donc pas capable de se projeter dans le futur pour comprendre à long terme les conséquences de ses actes...

    Le résultat ... dans quelques années...

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    1. @Titit: bien sur que si il a un avenir, avenir indissociable de l idéologie socialiste. L individu unique n existera plus, il sera dissous dans un " tout ". Voir commentaire ci dessus

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    2. Je suis d'accord avec toi.... quand je disais qu'il n'avait pas d'avenir je voulais dire qu'il ne sera pas capable de se projeter dans l'avenir... Cet homme nouveau ne veut que jouir du présent et ne tient compte ni du passé ni du futur... car s'il devait penser au futur il penserait à ses enfants... or cet homme nouveau ne doit penser qu'à lui...

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  12. pas de désespoire, pas encore, pas tant que nous pourrons comprendre et transmettre ce que nous lisons dans des blogs comme celui de corto...

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    1. @vonflern: d'aucuns a gauche te diront que des gars comme Redecker ( et donc moi, par ex) affabulent. mais oui transmettons, il y a toujours des gens receptifs. J en vx pour preuve le nombre de gens que j ai pu informer sur la théorie des genres et ses conséquences. Faire savoir et ne pas la fermer !

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  13. Très bonne synthèse des mécanismes mis en place,en vue du conditionnement des consciences.

    Sur le vote des étrangers, nos illuminés coupables, semblent perdre de vue, que nos allogènes sont viscéralement attachés à leur culture, à leur histoire, aux schémas édictés par leur religion… Ils ferment les yeux sur le fait qu’ayant passé plus qu’il n’en faut, le nombre d’années requis pour obtenir la nationalité française, ces étrangers se refusent à la réclamer...
    Ce droit de vote est un moyen supplémentaire pour accélérer le gommage de l’identité française (au sens large), nos « réformators » sont en bonne voie de réussite.
    "Bouge de là" sera le nom du boomerang gender, mariage pour tous, vote pour tous.

    Oui faisons savoir. Résistons !

    Mireille

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    1. @mireille: que l on puisse accorder le droit de vote à des étrangers sans même évoquer une quelconque réciprocité me sidère mais est parfaitement logique dans l esprit du socialiste qui te vendra le truc comme une nouvelle étape vers plus d égalité qd moi j appelle cela clientélisme electoral.

      Faisons le savoir ,resistons !

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  14. Super l'article , il a fallu que le relise 3 fois pour en comprendre toute la subtilité , il y a un passage qui répond à ta question d'hier " comment l'argent des allocs fabriqueront des votes à pépère "' très simplement , déjà à Lyon les roms vont devenir des citoyens à brève échéance, les gens du voyage vont être considérer comme des français avec résidence sur sol français , et ainsi de suite et il est plus que certain qu'ils préfèreront voter à gauche qu'à droite , les déçus des banlieus retourneront à leur trafic et éviterons de voter à droite.Nivellement de la société par le bas . La seule chance qui nous reste c'est que la droite se ressaisiste et fasse un bloc soudé contre ces illuminés du gvt soit disant socialiste .

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    1. @Claude Henri: que la droite se ressaisisse... tu te prends à rêver maintenant ? La droite dite "républicaine", UDI ou UMP, est complètement à la ramasse pour l instant, faute de leader incontesté et d'egos boursouflés, ce qui permet de craindre le pire.

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  15. Pardon à l'auteur de ce blog: j'ai posté sous "anonyme" ci-dessus parce que je n'arrive pas à m'identifier...

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    1. @Pangloss: et on n a pas encore tout vu !

      Mais quand tu penses que certains ne voient dans ce genre de texte ou de " prohéties " au mieux de la bouffonnerie ou une simple vue de l'esprit au pire du charalatanisme, ça fait peur.

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    2. laisses moi réver , j'ai passé une journée formidable avec des personnes de droite qui m'ont donner de l'espoir ;-D

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    3. @claude henri: allez ok, mais parce que c'est toi

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  17. Excellent texte. La théorie du genre, nous dit Redecker, c'est "les hommes qui ne seront plus des hommes par nature, des femmes qui ne seront plus des femmes par nature". En toute modestie, j'avais écrit la même chose dans un commentaire sur un de vos billets. Je disais qu'avec cette théorie, nous N'AVONS PLUS DE CORPS, que cette théorie offrait une symétrie inversée avec celle des nazis: dans la théorie nazie il n'y a que la nature(inégalité biologique des races), dans la théorie des genres, il n'y a plus du tout de nature(pas de fondement biologique à la différence entre les sexes). Rien que le biologique ou pas de biologique: les 2 faces d'un même délire.

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    1. @dame du Mont: nous sommes d'accord.

      Mais savez-vous que certains gauchistes croient , ou feignent de croire, que la mise en route de la théorie du genre n 'est que billevesées, que cela n existe pas, que c'est du délire de gens de droite ?

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    2. Corto
      parce que la question n'est plus le clivage gauche-droite !
      Le clivage c'est gouvernement mondial ou nationalisme.

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    3. @la mouette: le clivage gauche /droit n existerait plus ? je ne suis pas loin de le penser, j y refléchi. :)

      GVT mondial, oui, ça je veux bien; nationalisme, le mot est tellement connoté...

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  18. "Cet homme nouveau, que le gauchisme culturel veut substituer à l'homme tel qu'il existe, "
    les gauchistes plus les francs-maçons !
    Et ces derniers sont des héritiers au sens fric, eux…

    Ca refonctionne pour moi ici.

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France, 2019.