lundi 17 juin 2013

L'exception culturelle française n'a pas à être protégée


Nos socialistes ont parait-il obtenu une grande victoire à Bruxelles: Obtenir que la culture ne soit pas intégrée dans le processus de négociation du traité de libre échange entre l'Europe et les USA. Une victoire socialiste, c'est si peu courant depuis un an que je me suis penché sur la question. A vrai dire, je n'y pigeai pas grand chose faute de m'y être intéressé. La lecture de deux notes sur wikipedia suffit à éclairer mes lanternes, peut-être les vôtres.

La première sur l'exception culturelle, en général,
La deuxième sur l'exception culturelle française en particulier.

Prenez le temps de les lire, c'est facilement digérable.

Alors en gros, de quoi s'agit-il ?  Partant du principe que la culture est un bien précieux qui ne saurait être victime des appétits hégémoniques américains, la France et bien d'autres pays ont édicté des tas de règles pour éviter que nos artistes, nos écrivains, nos réalisateurs et tout autre faiseur de culture soient noyés, et donc condamnés à disparaître, par la déferlante essentiellement américaine, déferlante qui comme chacun le sait ne sait produire que des navets littéraires, cinématographiques, télévisuels ou simplement artistiques ( peinture, sculpture,...). La France socialiste des années Mitterrand poussa la réglementation plus loin en imposant des quotas de diffusion d’œuvres françaises à la télévision ou à la radio; de même, sur chaque billet de cinéma que vous achetez un pourcentage est reversé afin d'aider la production cinématographique ou télévisuelle française. La tarification apparente des livres faisait aussi partie du dispositif. 

Bon, sur le principe, cela parait chouette, préserver nos œuvres et nos artistes, les aider à ne pas crever, c'est plein de bons sentiments. Je me pose tout de même la question de savoir si cela n'est pas un peu too much à l'heure ou d'un simple clic vous pouvez acheter, voir ou écouter ce que vous voulez en provenance du monde entier. Et pour pas cher. En tout cas, cela ressemble à du protectionnisme ou à un programme anti-mondialisation paradoxalement réactionnaire. Et par ailleurs, cela peut aussi expliquer l'indigence de certains programmes audio-visuels. 

Alors sans totalement condamner le truc, tout cela me semble soit dangereux soit inutile. Dangereux pour deux raisons. La première serait qu'à trop vouloir protéger, on se prive des innovations et des nouveaux talents extérieurs: sauf à les copier bêtement, à imiter. Le danger serait donc le risque de l'autarcie culturelle. La deuxième raison est bien sûr plus politique: A partir du moment où le processus de protection est piloté par le gouvernement, via le ministère de la culture et les subsides accordés par celui-ci, a-t-on l'assurance qu'une éventuelle censure ne s'applique pas ? A-t-on l'assurance que les subventions sont attribués et répartis en dehors de toutes considérations politiques ? Non. Qui décide, qui juge que tel artiste ou telle oeuvre doivent être aidés-subventionnés-protégés ? La réponse est évidente, ceux et uniquement ceux qui ont le pouvoir d'aider-subventionner-protéger et d'influencer; in fine, le politique. Ainsi,  par exemple, Yamina Benguigui aurait-elle pu s'enrichir ailleurs que sur France 2 ? Pas sûr. Le milieu culturel étant traditionnellement acquis à la gauche, je considère que l'exception culturelle française - on se doit de dire aujourd'hui, diversité culturelle - dans les choix qui y sont fait n'est ni plus ni moins qu'un instrument du pouvoir en place. La prôner et la défendre n'est-il pas faire le jeu de la gauche ? Dès lors, on comprend mieux l'importance de cette victoire acquise à Bruxelles. 

Je ferais donc mienne la façon de voir l'exception culturelle de Jose Maria Aznar: " L’idée de créer une exception culturelle vient des pays dont la culture est en déclin, ceux qui ne connaissent pas ce problème n’ont rien à craindre. (..) L’exception culturelle est le refuge des cultures en déclin. Je ne crois pas en l’exception culturelle européenne et je ne redoute pas la globalisation."  

Ainsi que celle de Mario Vargas Llosa: " La chose la plus importante que j’ai apprise est que les cultures n’ont pas besoin d’être protégées par les bureaucrates et les forces de police, ou placées derrière des barreaux, ou isolées du reste du monde par des barrières douanières pour survivre et rester vigoureuses. Elles doivent vivre à l’air libre, être exposées aux comparaisons constantes avec d’autres cultures qui les renouvellent et les enrichissent, leur permettant de se développer et de s’adapter au flot constant de la vie. La menace qui pèse sur Flaubert et Debussy ne vient pas des dinosaures de Jurassic Park mais de la bande de petits démagogues et chauvinistes qui parlent de la culture française comme s’il s’agissait d’une momie qui ne peut être retirée de sa chambre parce que l’exposition à l’air frais la ferait se désintégrer. "


Folie passagère 1761.
D'accord, pas d'accord: atoilhonneur@voila.fr

16 commentaires:

  1. Le mouvement de résistance à la culture de masse (ou de la massue) qui rapporte gros, voit actuellement sa plus forte amplification aux Etats-Unis derrière Spielberg et Lucas qui attaquent les majors à gros cigares un peu cons.
    Ce n'est sans doute pas le moment de rendre les armes avant toute négociation commerciale.
    cf. http://www.rue89.com/rue89-culture/2013/06/16/oracle-alarmisme-spielberg-lucas-predisent-limplosion-cinema-243380

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    1. @catoneo: Ceci dit Spielberg et Lucas sont un peu les papas du cinéma a grand spectacle et à gris budget de l'époque moderne. Alors qu ils tirent dessus à boulets rouges...

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  2. C'est vite vu la "culture" subventionnée française active chez moi tous les bips d'alerte ! Que ce soit les films, téléfilms ou spectacles, ils sont tellement imprégnés de politiquement correct que je les fuis systématiquement...le pompon revient à France 2 avec ses téléfilms qui te disent ce que tu dois penser de l'histoire ou de la société, qui font généralement de toi le salaud de Français et de l'"autre" la victime ...dire que je paie pour me faire dézinguer...
    Tout comme dans les émissions de débat où on voit toujours les mêmes qui martèlent toujours les mêmes choses, la "culture" subventionnée va toujours dans le même sens...

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    1. @nana: "ses téléfilms qui te disent ce que tu dois penser de l'histoire ou de la société etc..." tu comprendra donc aisément ce qui peut pousser nos actuels gouvernants a tout faire pour protéger l audiovisuel français. Quoi de mieux que les films et toussa pour véhiculer ce que l on a envie de véhiculer.

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  3. je trouvais que le quotas de diffusions d'oeuvres françaises était une bonne choses , la chanson française est ,ou était suivant ses goûts, d'une certaine classe , je me souviens d'avoir bossé sur des textes de Brassens entr'autre ,ma péférence va quand même sur le reggae et le jazz , toujours déçu des formations françaises , bon les films c'est autre chose , les américains viennent tourner en France des films qu'aucun réalisateurs français ne pourrait faire .
    Pépère à sauver quoi ? Il est au courant qu'internet existe ou qu'on peut trouver tous les dvd et cd du monde entier . Une piètre victoire .

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    1. @Claude henri: En regle générale, je suis contre toutes formes de quotas, une aberration égalitariste et mettre des quotas c'est forcément " bouffer " de la place à d'éventuels autres talents. Et qui dit quota dit aussi arbitraire.
      Prends ton journal TV, je supose que tu en as un et épluche les programmes des chaînes du service public, et t as tout compris de ma méfiance vis à vis de cette pseudo exception culturelle.

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  4. Il y a une erreur dans l'avant dernier paragraphe, la citation ne provient pas de Raymond Ruyer mais de José Maria Aznar ancien premier ministre espagnol.

    Sinon je reste perplexe sur l'objectif de cette exception qui est de contrebalancer l'offre américaine, les consommateurs ne seraient pas capable d'apprécier les oeuvres de qualité?

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    1. @Judex: corrigé.

      Les consommateurs consomment ce qu on leur offre à consommer alors ils sont capables d apprécier uniquement ce que l'on leur a donné a apprécier. la grande masse n allant pas encore sur internet faire son marché culturel. Alors oui, ils sont certainement capable d apprécier la qualité reste a savoir s'ils savent par eux-mêmes la trouver.

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  5. marianne ARNAUD17 juin 2013, 21:21:00

    Le premier instrument de notre culture, mon cher Corto, celui qui représente notre personnalité et notre liberté face au monde est notre langue.
    Que dire d'un gouvernement qui se bat à peu près inutilement pour son "exception culturelle" alors que celle-ci est déjà garantie par les traités européens, et dans le même temps, se prépare à légiférer comme un vulgaire régime totalitaire en matière de langue, pour imposer aux Universités l'humiliation de devoir dispenser, sous contrainte de la loi, leurs cours en anglais ?
    François Ier doit se retourner dans sa tombe ! Mais suis-je sotte, ne vient-on pas de nous expliquer que l'homme nouveau est né en 1789 ?
    Donc du passé faisons table rase, et battons-nous contre les Européens et les Américains, comme au temps de notre splendeur, pour défendre les téléfilms de France 2 et nos rapeurs !

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    1. Ceci dit, ça risque d'être comique. Quelqu'un a-t'il déjà suivi un cours universitaire français en langue anglaise ? C'est tout simplement navrant, au mieux les gugusses baragouinent un vague globish d'une pauvreté lexicale qui ne peut être enfoncée que par le néant du programme socialiste.

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  6. @marianne: sans compter que question langue, la socialie et la bien-pensance n'ont cessé d'adapter celle-ci à leur avantage. ce ne sont pas les exemples qui manquent.
    La culture est devenue un enjeu économique et politique. Comme sur le plan économique, ns ne valons pas tripette, reste la politique.
    La culture est un vecteur essentiel de la transmission d'une idéologie et/ou d'une pensée politique. La télévvision publique en est la parfaite illustration.

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  7. Le problème du cinoche français, c'est qu'il cumule les handicaps.

    Les producteurs veulent avoir des vedettes "bankable" comme on dit, parce qu'elles attirent les foules, ou sont censées les attirer. De fait, on assiste comme au moment des transferts de footeux à une montée des cachets qui n'est pas en rapport avec la réalité. Les sommes dépensées pour un seul film pourraient à vedettes pourrait aisément servir à produire de jeunes cinéastes.

    Par ailleurs, le CNC, comme tout machin d'Etat fonctionne comme une mafia. Les réalisateurs estampillés "cinéma d'auteur" récoltent la majorité des financements, même si les bouses produites n'intéressent personne ou presque en dehors du cénacle germanopratin. Un peu à l'instar de ce qui se passe entre le ministre de l'aculture et les zartistes subventionnés. Ces films ne s'exportent pas, ne sont pas regardés et phagocytent les financements qui pourraient contribuer à faire naître les talents à venir qui eux doivent ramer pour trouver un montage financier et se démerder avec des bouts de ficelle.

    Ce que tout le petit monde du cinoche hexagonal a oublié, c'est que le cinéma est avant tout un art de masse, industriel et mineur. Ce n'est pas un jugement, c'est un constat factuel, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas de grands films. Juste que pour être bon, un film doit plaire au public, pas juste à une bande de bobos qui se hausse du col, et ne doit pas être fait par des types puants de vanité qui se prennent pour Michel-Ange. Quant aux acteurs, ils devraient se rappeler ce que disait Robert Mitchum de son métier à Larry King (CNN), non sans humour : "Ce n'est pas un job très dur. Vous lisez un script. Si vous aimez le rôle et que pour l'argent c'est OK, vous le faîtes. Après vous avez à vous souvenir de votre texte. Vous le dîtes quand c'est le moment. Vous faîtes ce que le réalisateur vous dit de faire. Quand c'est fini, vous vous reposez jusqu'à la prochaine scène."

    Plus généralement, ce qu'on appelle "culture" aujourd'hui relève plutôt du culturel, c'est à dire peu ou prou de l'événementiel, du financier, du marchand. Quand on monte une expo Hopper au Grand Palais et qu'on ose appeler ça de la culture, c'est clairement du grand foutage de gueule. Des milliers de péquins se pressent chaque jour devant des toiles qu'ils ne peuvent pas véritablement regarder et apprécier, car cela demande du temps, de l'espace, du calme, et connaître "les ficelles" de l'art pictural. Au mieux, cela tient du voyage de groupe, de la visite au zoo, mais pas de la culture. C'est juste du show bizz destiné à faire des entrées, satisfaire la vanité des ministres qui peuvent ensuite venir se présenter devant nous en vantant les mérites de leur politique. C'est du ludique, du festif, de la consommation, pas de la culture. La culture, c'est un truc élitiste, quoi qu'en disent les gandins qui nous gouvernent. Ça demande des efforts, de l'étude, une curiosité intellectuelle jamais satisfaite. Et puis on a sciemment oublié que la culture a d'abord à voir avec le sacré qui est en occident à l'origine des images, puis grosso modo avec les Lumières l'irruption du profane a dégradé le sacré, le culte, en culture. La massification, l'entrée du business a fini le boulot en dégradant la culture pour en faire du culturel. Stade ultime de la dégradation où les oeuvres peuvent être recyclées par les publicitaires au service des marques, où on vend la marque "Louvre" à Abu-Dhabi, pour faire du fric et s'en servir d'enseigne pour la maison France - de père en fils depuis 1789 - à l'étranger.

    Ces connards ont tué la culture, ils ne font que tenter de défendre le pré carré des quelques zèbres qu'ils subventionnent.

    Pitoyable.

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  8. @Koltchack: Bien, jolie tirade que j approuve totalement. Un twittos hier me disait que ns ne comprenions rien. et qu il fallait défendre l exception culturelle audiovisuelle car elle était en grand danger. Tu parles Charles, effectivement, quand on voit ce qu est la création audiovisuellle française , m'étonne pas qu elle soit en grand danger... La médiocrité tue.

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  9. AVIS ! en complément:

    http://h16free.com/2013/06/18/24521-delenda-est-france-television

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  10. Toute l'exception culturelle française n'est en effet qu'un moyen de financer les copains artistes.
    Il suffit de regarder l'électorat PS, composé de la gauche culturelle bobo, des fonctionnaires et des immigrés, pour se rendre compte que sous l'enfumage égalitaire droit de l'hommiste, toutes les politiques menées sont purement clientélistes.

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    1. @droitedavant: La droite n ayant jamais su s'occuper de la culture, elle l'a abandonnée à la gauche qui en a fait son pré carré. D'où ce combat acharné de Fillipetti et consorts pour la " préserver "

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