jeudi 11 septembre 2014

11 septembre 2001: Je me souviens de tout.


Il y a treize ans, je bossais dans un petit immeuble près de Lille, une petite tour ronde de cinq étages. Nous étions dans ce bâtiment une quarantaine de personnes, tous de la même entreprise. Dans l'après-midi, à un moment précis, une ambiance bizarre s'est installée, une sorte de rumeur s'est propagée je ne sais comment mais je me souviens qu'alors, nous nous étions tous jetés sur nos ordis et avions lancé des recherches sur internet. Internet ne fonctionnait pas aussi rapidement qu'aujourd'hui mais je parvins à entrer sur le site de TF1. Je me souviens d'avoir crié "putain" quand j'ai vu les premières images. Deux collègues se ruèrent sur mon poste, nous étions sidérés. Nous voyons la première tour déjà en feu, nous verrons, en direct, le deuxième avion percuter la deuxième tour, quelques minutes après 9 heures, heure de New-York.

Je me souviens de tout. Je me souviens parfaitement, avec une précision incroyable, de ce que fut cette fin de journée. Je me souviens de l'emplacement de mon bureau, des fringues que j'avais, des collègues qui étaient présents, les gestes que nous faisions. Je me souviens que malgré l'interdiction, nous nous mîmes à fumer dans les bureaux, devant nos écrans. Je me souviens du calme inhabituel qui régna par la suite dans l’immeuble, nous étions tous à fixer les images de TF1, impossible de s'en détacher. Les téléphones sonnaient dans le vide, nous ne répondions plus. Personne ne pensait à rentrer chez soi en cette fin d'après-midi, c'est seulement vers 21 h 30 que je rentrais chez moi. J'allumais la télévision, jetait un plat tout prêt dans le micro-onde, me servait un whisky, un Johnny Walker, retirait ma cravate, mes pompes, le tout sans lâcher des yeux la télé et ces images absolument incroyables, passées en boucle, des tours qui s’effondraient. Je me souviens des images du crash sur le Pentagone, du crash à Shanksville. Seul dans mon appartement, je me souviens avoir à plusieurs reprises parlé à voix haute: ce n'est pas possible, je rêve, on nage en plein cauchemar, c'est pas possible. Je me souviens que le téléphone a sonné à deux ou trois reprises et que je ne pris même pas la peine de décrocher; ce n'est que vers minuit que je répondis à un appel de ma mère qui était effondrée et inquiète: " Ah, tu es là, tu n'es pas en voyage, c'est bien, ça me rassure, c'est horrible".

Je me souviens que vers 1 heure du matin, avant de me coucher, je fis ma valise, je prenais un avion tôt le matin au départ de Lille, à 7 heures, un avion pour Genève...

Je me souviens avoir compris dès ce premier soir et plus encore le lendemain matin en arrivant à l'aéroport que plus rien ne serait comme avant.

Je me souviens de tout.

Folie passagère 2451.
D'accord, pas d'accord: atoilhonneur@voila.fr

30 commentaires:

  1. On se souvient très bien en effet, mais personne ne sait vraiment ce qu'il s'est passé réellement ...
    Et puis le nouveau Président noir américain qui était sensé être le nouveau Messie, n'a pas du tout rassuré le monde.
    Il y aura des évènement dont on risque de se souvenir ...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. @Sen: "personne ne sait vraiment ce qu'il s'est passé réellement" ah bon ?? tout est plutot limpide.

      Supprimer
  2. Je me souviens aussi parfaitement de ce jour-là.
    J'avais zappé par hasard sur TF1 en début d'après-midi. Ma première pensée : "Tiens, TF1 a changé le film qui était programmé". Jusqu'à ce que je vois le bandeau en bas de l'écran et que j'entende la voix du journaliste.
    Alors c'est un grand froid que j'ai ressenti, dans tout le corps et qui ne m'a pas quitté de toute la fin de journée.
    Le plus épouvantable : ces fétus de paille que l'on voyait tomber le long des tours et qui étaient en fait des hommes, des femmes, qui se jetaient dans le vide.
    Non, je n'oublierai jamais les images de cette journée, pas plus que les phrases qui tournaient dans ma tête : "Ce n'est pas possible... C'est un cauchemar".
    En écrivant ces lignes, j'ai la gorge qui se serre et ma révolte est toujours là.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. @Gilly: Tout était épouvantable. jusqu aux conséquences et aux mutations que cela a entrainé.

      Supprimer
  3. Ce jour là mon épouse regardait TF1, je pensais qu'il s'agissait d'un film catastrophe, c'était une catastrophe mais réelle et elle continue encore à nous hanter.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. @grandpas: qu on le veuille lu pas, qu on le reconnaisse ou pas, c'est a partir de ce jour là qu une nouvelle guerre " sainte " a démarrée

      Supprimer
  4. Par hasard,j'étais sur LCI ce jour-là,ce qui m'a permis de ne rien manquer du début et de raccrocher les wagons pour la suite.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. @jean marc: le jour de gloire si j ose dire du direct live

      Supprimer
  5. Merci pour ce texte Corto. Je me souviens moi aussi parfaitement de ce jour la... j'étais en voiture, ( sans autoradio, mort ) suivie par ma cousine dans une autre voiture.. nous allions chez moi. A peine arretées, ma cousine sort de sa voiture en courant " il y a eu une tour attaquée par un avion à N Y" ( quelque chose du genre ).. nous nous ruames sur la TV et ne décollames plus du poste.. j'étais hallucinée. cela ressemblait à un scénario de Tom Clancy..j'étais aussi terriblement angoissée par une suréaction des USA.. et ces gens qui se jetaient dans le vide... ce n'était pas " possible", pas " croyable".
    je crois que ce jour la, a vraiment marqué la fin d' une époque.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. @Anne: et le début dune autre marquée par l islamophobie, l islamoterrorisme, le Djihad, Alquaeda, Ben Laden, etc... puis, l'auto-proclamé Etat Islamique

      Supprimer
  6. J'ai eu un témoignage d'un ami qui était à l'époque responsable dans un grand supermarché de la région parisienne : tous les employés arabes dansaient de joie devant les images...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. @Marc: j ai un peu de mal a croire ton ami... même si on a su rapidement qu il s agissait d un attentat fomentée par des Ben Laden ' boys

      Supprimer
  7. Bonjour Corto,

    Il y a un roman de Tom Clancy où des terroristes jettent un liner sur le Capitole le jour du discours du président au Congrés, ce qui décapite l’exécutif américain et propulse le héros, Jack Ryan, à la tête du pays. Ma réaction à cette lecture fut de penser que l'auteur, talentueux par ailleurs, avait tort d'écrire de telle chose car ça risquait de donner de mauvaises idées à certains. Je ne pensais qu'on vivrait un jour cette œuvre de fiction en direct.
    Personnellement, ce qui m'a le plus frappé, c'est la manière dont l'avion pénètre la deuxième tour: il est comme on dit, plein pot, plein phare et il ne dévie pas un seul instant de sa trajectoire. 180 tonnes à 850 km/h: aucune structure ne peut résister. Je n'oublie évidemment pas les malheureuses victimes: pais à leurs âmes.
    N'oublions pas qu'en France, en 1994, des terroristes s'étaient emparés d'un Airbus d'Air France. Leur but était de précipiter l'avion et ses passagers sur la capitale. On ne remerciera jamais assez le GIGN pour l'exploit réalisé lors de l'assaut donné à Marseille (http://www.youtube.com/watch?v=W1rG-i3lsb0).

    Comme tu le dis très bien, plus rien ne sera comme avant.

    Bon après-midi (même en Socialie)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. @H: J ai lu tout Clancy, et m'étais fait le même genre de reflexion.
      Sur l acte en lui-même, il faut "saluer" la précision avec laquelle cette opération a été montée, le temps et l'argent qu il a fallu pour cela. Sans doute aucun service de renseignement pouvaient imaginer un tel cauchemar, encore moins nos dirigeants, encore moins les dirigeants américains qui ont jusqu a ce jour fatal pensé , ou du moins dit, que leur territoire était un sanctuaire.

      Supprimer
  8. Moi aussi, je me souviens. J'ai téléphoné à un ami et je lui ai dit: "Allume ta télé. Tu vas voir en direct le début de la troisième guerre mondiale".

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. @Pangloss: je crois que nos dirigeants d alors n ont pas pris la mesure de ce qui s'était passé car à mon sens c'est bien ce jour là que la nouvelle guerre des fous d allah contre l occident a commencé. Tout ce a quoi on assiste depuis au Mali, en Syrie, en Irak etc... ne sont que des répliques de ce séisme, des batailles, de celles qui sur le moyen ou long terme font une guerre

      Supprimer
  9. Comme tout le monde je souviens avec exactitude de ce jour , je me souviens avec exactitude des déclarations de tous les chefs d'état et 13 ans après toujours pareil , il y a autant de fou d'allah qui cherchent à faire exploser le monde des non-croyants . La leçon du 11 septembre n'a servi à rien .

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. @Claude Henri: En tout cas le 11 sept n aura pas instillé, hélas, dans la tête de trop nombreux dirigeants le danger que représentait l Islam et ses avatars radicaux.

      Supprimer
  10. Je me souviens également...
    Je bossais dans une cité à une porte de Paris.
    Je venais de terminer mon café quand des cris se sont fait entendre dans la cour d'immeuble.
    Des cris de joie...
    Les "jeunes" sortaient des escaliers le sourire aux lèvres.

    Oui, moi aussi je me souviens!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. @Vonflern: je n ai pas souvenir avoir entendu parler de ce genre de manifestations mais tu es le deuxième en commentaire à en faire état. Les "jeunes " d alors sont ceux qui votent maintenant , je suppose...

      Supprimer
    2. Ce jour-là, j'étais à Bruxelles, dans un bureau près de l'ambassade américaine. Après le deuxième avion, j'ai quitté précipitamment le bureau, me disant qu'un attentat visant l'ambassade était possible. Comme des policiers arrivaient dare-dare sécuriser l'ambassade (mais qu'auraient-ils pu faire en cas d'attaque aérienne ?...) et bloquaient la circulation, j'ai dû traverser toute la ville pour sortir vers l'ouest, vers Gand puis vers Lille. En passant par des quartiers "sensibles", j'ai aussi été stupéfié par le nombre de "jeunes" faisant le "V" de la victoire, criant leur joie, et regardant haineusement, m'a-t-il semblé, les quelques égarés qui, comme moi, passaient par là.
      Célestin

      Supprimer
    3. @Celestin: et de trois !
      Et pourtant je n avis jamais entedu parler de ces mouvements de "liesse" qui tendent à prouver que le terreau de l islamoterrorisme avait été efficace, hélas.

      Supprimer
  11. En effet, c'est un jour dont beaucoup se souviennent. Moi, je revenais du Maroc et il me restait une photo dans mon argentique. J'ai donc photographié le lever du soleil à Ouarzazate. Symbolique, non? Puis je me souviens de cet homme qui me faisait peur. Pour la première fois de ma vie, j'avais une crainte indicible. Je me disais: " et s'il avait une bombe sous sa djellaba ?" Je ne suis pas de nature anxieuse mais ce jour-là, je l'était, allez savoir pourquoi ! L'avion qui devait décoller de Casa à 15h est parti avec plus de 2 heure de retard après qu'on nous ait confisqué nos bagages à main et fait changer de place dans l'avion. J'avais réservé un hublot et après coup, je me dis que le personnel avait du cran de me l'accorder quand même. A ce moment -là, nous ne savions rien du drame qui était en train de se passer à NY. Je me souviens aussi que la douane n'était pas très curieuse et cela aussi m'a alerté. C'est en mettant mon auto-radio en route ( il était 20 h, heure française) que j'ai compris le drame.
    Et pour l'histoire, le hasard a voulu que je ne reprenne plus l'avion depuis lors. Il serait temps que j'en reprenne un, ne serait-ce que pour conjurer le sort.
    Et le monde a basculé. Ça n'est plus le même et le vérifié chaque jour.
















    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. @Idel: mon boulot m obligeait a l époque a prendre l avion deux a trois fois par semaine. je peux te garantir que j ai maudit à jamais les connards qui avaient fait ces attentats tant l ambiance n était plus la même, une angoisse permanente chez beaucoup et des contrôles de sécurité de plus en plus pénibles.

      Supprimer
  12. Ce 11 septembre, vers 15h, je suis descendue au troquet au pied du tribunal pour prendre un café. Les écrans diffusaient ce que j'ai pris pour un énième blockbuster catastrophe. Il m'a fallu un temps pour comprendre que c'était CNN en direct. Une seule tour était touchée. J'ai vu le 2º impact "in live". Des personnes se jetaient par dizaine du haut des tours pour échapper aux flammes. Des images qui ont disparu des archives. Il y avait alors 7 avions "perdus". 7. L'histoire n'en retiendra que 4. Où sont passés les 3 autres ?
    Je retourne à mes jugements, mais le cœur n'y est plus. Autant rentrer à la maison.
    Là fut la révélation. Mon parcours quotidien me faisait traverser Deuil-la-Barre, Epinay sur Seine et St Denis avant d'entrer sur Paris, par les chouettes quartiers nord, pour enfin atteindre mon cher XVº si réconfortant. Des barbus sur 75 % de mon trajet, djellaba blanche et keffieh assorti. Boucheries halal et vendeurs à la sauvette à chaque carrefour. Des femmes bâchées et une boulangerie qui affiche des viennoiseries "pur beurre", le rire jaune de la journée.
    Mon émigration fut mûrement réfléchie, 5 ans tout de même, mais ma décision irrévocable de quitter la France fut prise ce jour-là.
    Cata

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. @cata: les " chouettes quartiers nord " !! comme tu dis, je les connais bien, c'est de pire en pire même si les élus socialistes du coin font tout pour éparpiller ailleurs, dans les autres départements cette population éxotique en construisant a tour de bras des logements neufs que ces mêmes populations ne pourront louer.

      Tu es où maintenant?

      Supprimer
    2. Au fin fond de la pampa argentine. Ça change un peu de Paris...
      Cata

      Supprimer
  13. Le 26 juillet 2000 (lendemain du crash du concorde) je prenais l'avion pour partir à Djibouti. Drôle d'ambiance à Roissy et dans l'avion.
    L'été d'après, j'ai pris mes permissions assez tard, à cheval sur août et septembre.
    La veille de mon départ, j'étais à la FNAC pour faire le plein de DVD, livres et autres. J'entends des caissières qui discutent de l'impact des avions sur les tours.
    Je rentre chez mes parents, j'allume la télé. Je passe chez mon frère plus tard en début de soirée. Lui n'était pas encore rentré du boulot mais ma belle-soeur était devant la télé.
    Le lendemain, 12 septembre donc, j'ai pris mon avion vers Djibouti...avec escale à Djeddah en Arabie Saoudite!!!
    Rire - jaune - des passagers. "au moins, avec cette destination, on ne risque pas de détournement!"
    Là encore, ambiance assez surréaliste à Roissy.

    Je me rappelle que lors du déjeuner dominical qui précédait, la conversation était venue je ne sais comment sur le terrorisme et j'avais parlé de Ben Laden. Le nom était connu depuis les attentats de Dharan (un immeuble occupé par des militaires Américains sur une base saoudienne) des ambassades US de Nairobi et Dar Es Salaam et contre l'USS COLE à Aden. J'avais dit à table qu'il était dangereux.

    Popeye

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. @Popeye: tout était surréaliste et plus encore pour les gens qui prenaient l avion dans les jours qui suivirent.
      Quant à Djibouti où j ai passé presque deux ans, 85/86, au 5eme RIAOM, que de bons souvenirs, ou presque.

      Supprimer
    2. j'avais déjà noté que vous étiez un ancien du "grand 5 de guerre"

      J'étais pour ma part en assistance militaire technique, quatre jours par semaine à Holl Holl, si ce nom vous évoque quelques souvenirs...

      Popeye

      Supprimer

La modération des commentaires étant activée, leur parution peut prendre quelques temps.

TOUT COMMENTAIRE ANONYME SERA SUPPRIME

France, 2019.