Je vous ai déjà parlé de ma petite ville de banlieue. Elle est charmante, tout y est propret. Il n'y a pas de HLM cradingues, pas de barres d'immeubles pour boucher la vue. L'église a été entièrement rénovée avec des fonds publics, la mairie aussi. Ce n'est qu'à 35 km de Paris, mais c'est la campagne. Beaucoup de verdure et l'Oise qui s'écoule, peinarde. C'est joli-Joly tout plein, un vrai bonheur écolo, ma petite ville. Question population, c'est là aussi très propret ( la vache, qu'est-ce que je vais prendre ): Il n'y a pas beaucoup de populations d'origines étrangères, quasiment pas de primo-arrivants comme on dit; la diversité, on ne connaît pas. Quand un homme de couleur se promène dans les rues, c'est forcément un parisien en goguette; quand une femme emburqanée passe, c'est obligatoirement une brebis égarée. Propret et préservée, vous dis-je, ma petite ville de banlieue. C'est simple, il ne s'y passe rien, les flics désoeuvrés, dit-on, dans leur beau commissariat, jouent à la belotte. Les commerces sont de tradition, on se les refile de père en fils depuis des générations, ou peu s'en faut...
C'est clair, ma petite ville est une ville très bourgeoise, tellement bourgeoise que même François et Valérie s'y sont installés; ils louent une belle villa, le temps que les travaux de rénovation de leur magnifique et très grande gentilhommière soient finis. Une vraie maison bourgeoise avec de jolies tourelles d'où l'on peut voir venir de loin et espérer toucher du doigt les sommets !
Et patatras, voila que la (dé) mondialisation attaque notre ilot sécurisé et franchouillard. Le Bar-café-Tabac a été racheté. Il était fermé depuis une semaine, il s'y passait surement quelque chose. C'est, c'était le troquet de ma jeunesse, mes premiers cafés sur le zinc, mes premières bières, les juke-boxes, les flippers à 1 franc la partie, les premières dragues, les clopes que l'on fumait alors en toute liberté et impunité. On y allait sécher les cours, refaire le monde et faire chier le taulier qui n'aimait pas trop les jeunes. C'était chouette, des comme on n'en fait plus. Sauf que lui, le taulier du Balto, bon an, mal an, il avait tenu le coup. L'ambiance n'avait pas changé: un bistrot, quoi, un vrai !
Sans doute sera-t-il rebaptisé, on oubliera le Balto, peut-être sera-t-il renommé Shanghai Paradise ou Tabac-La baie d'Halong, ou que sais-je encore d’exotique. Mon vieux bistrot-tabac n'est plus, il a été racheté par des chinois; personne du cru pour racheter notre vieux repaire et faire durer le plaisir. C'est certain, ce ne sera plus pareil.
Folie passagère 901.
D'accord, pas d'accord: atoilhonneur@voila.fr
Je ne crois pas qu'il faille vraiment deux T à belote, mon cher Corto !
RépondreSupprimerMais je m'égare, je me crois encore dans le billet précédent.
Pourquoi faire réparer une gentilhommière alors que dans six mois on crèche à l'Elysée ?
@marianne: un T ou 2 est-ce si important, vs verrez que ds 20 ans on ne jouera plus à la belote. jeu d ailleurs que l on avait pas le droit d'apprendre chez moi, petit, car trop "popu ".
RépondreSupprimerFrancois à l'Elysée, mais vous n y pensez pas ? Remarquez , on m aurait dit que des chinois rachèteraient mon troquet, je ne l aurai pas cru non plus
Tu fais du Lucchini là... :D
RépondreSupprimerAu bistrot ivre avenue de la Mer
RépondreSupprimerJe ne t'attendais plus
Je ne t'attendais plus
Je n'ai pas quitté le port
Ce soir encore
J'irai remplir mes rêves des verres que j'ai vidés
J'avais trop soif de vivre
Que j'en ai bu la mer
je t'avais fait un com..qui a disparu,
RépondreSupprimerbon, je te disais, comme a dit l'autre " un ça va, c'est quand il y en a plusieurs que ça va plus " il parlait des auvergants non ?
Les autres vont arriver...sois patient
bisous
On n'avait pas le droit...
RépondreSupprimerVotre bonnet ne vous serre pas trop ?
Non , parce-que quand la tête enfle à ce point là,
faites gaffe, vous allez finir par exploser.
@didier: ah que non, je n ai pas cette prétention, je constate et m'attriste. pas tant qu un chinois ait racheté ( si en fait ) mais surtout que personne du coin n est cru bon ou ait eu les moyens de racheter.
RépondreSupprimerpar ailleurs, pour connaitre un peu, le fonctionnement du montage de commerce chinois, comment s'étonner qu'ils puissent racheter si facilement ...
@loc: c'est joli, avec un petit air de nostalgie inside.
bon w.e
@boutfil: je sais bien hélas.
@anonyme: anonyme ? de quoi je me mêle ?
Aubervilliers est devenu chinois et c'est au tour de Chateauroux :)
RépondreSupprimerDu coup, ça ne vas plus s'appeler chez Laurette....
@virginie: ma pôvre Lucette, Laurette, c'est d'un autre temps que les moins de 20 ans ...
RépondreSupprimerJ'ai connu des cafés à Paname tenus par des auvergnats odieux avec la clientèle. Les deux, trois, bistros tenus par des chinois que je côtoie sont très bien et l'accueil est sympa. Ca change des auvergnats bougons. D'ailleurs à ce propos, la profession avait réagi il y a quelques années et avait recadré l'accueil, le service, mettant en place une sorte de charte de la brasserie parisienne. C'est que les chiffres étaient catastrophiques, il y avait une baisse drastique de la fréquentation et les cafetiers se devaient de réagir.
RépondreSupprimer@vlad: mais je n en disconvient pas, le taulier de mon Balto n'était pas un modèle d'amabilité, il faisait son taf, n aimait pas les jeunes, se posait pas de question, mais quand il te servait un café ou un demi, il disait " a la vote " ou " merci " ou "santé". Les chinois qui ont repris ont le sourire mais ils sont chinois. C'est plus pareil, j ai pas l impression d'être dans un troquet bien de chez moi. qd il sert un café il dit " chi ché"
RépondreSupprimer"Chi ché"... Gni ? Que cela signifie-t-il ? Ici dans mon patelin, les Auvergnats sont vendéens. Et ils savent tenir leurs estaminets. Et les chinois sont... chinois (et ils bossent tard le soir) mais il ne me semble pas qu'ils aient commencé à reprendre les rênes de bar-tab'.
RépondreSupprimerdans mon quartier c'était bougnats puis arabes maintenant c'est chinois un peu partout pour tenir la caisse mais pas pour les clients..même à Chateau Rouge quartier à 200% africains, c'est les chinois qui reprennent petit à petit
RépondreSupprimerceci dit, ils sont bosseurs, font pas d'histoires et sont des voisins plutôt agréables et discrets
@al west: ça veut dire "merci " en mandarin de Canton.
RépondreSupprimer@boutfil: C'est vrai que les chinois sont des bosseurs, rien a dire. Et généralement sont discrets. Ils font leurs business entre eux. Et que ce soit ceux d'ici ou de la-bas, j ai presque de l'admiration pour eux.
Le seul truc, c'est qu'ils tissent leur toile, doucement, sans faire de bruit et petit a petit, ils grignotent
"Là, où il y a un chinois, là est la Chine"; Deng Xiaoping.
RépondreSupprimerLes chinois sont pragmatiques, c'est tout.
Méfiez vous quand même de l'usurier chinois, il tannera voter peau et la vendra au centimètre carré pour se rembourser.
Côté nourriture, il devient de plus en plus difficile de trouver un bon restaurant chinois.
Évitez les bars à sushis, ils sont pour la plupart tenus par des chinois sauf peut être ceux de rue Saint-Anne.
Mais c'est quand même triste ces bouts de France qui disparaissent de notre sol. C'est notre corps qui part en lambeaux et nous le regardons s' étioler sans avoir le droit de le défendre.
Requiem æternam dona eis, Domine, et lux perpetua luceat eis. Te decet hymnus Deus, in Sion, et tibi reddetur votum in Jerusalem. Exaudi orationem meam; ad te omnis caro veniet. Requiem aeternam dona eis, Domine, et lux perpetua luceat eis.
@grandpas: le camarade Deng était un visionnaire ! Pas grand monde en occident ne le prenait au sérieux à l 'époque.
RépondreSupprimerOui c'est triste mais faut rien dire, surtout ne rien dire!
Ton latin, malgré mes années d étude, c'est du chinois maintenant pour moi
Bonsoir au Maître des Clés,
RépondreSupprimerBonsoir à toutes et à tous,
- Pourquoi jalouse-t-on ce que j’ai acquis ? Demandais-je un jour. J’ai pourtant pris soin de n’acquérir que ce que personne ne convoitait. Pourquoi me le disputer aujourd’hui qu’il est à moi alors que nul n’en voulait ?
- Parce que, me répondit-il, l’homme sage est seul à ne convoiter que ce qu’il n’a pas. Afin de combler ses rêves, le fol se tourne toujours vers ce qu’ont les autres. Il ne convoite pas ce qui lui manque mais ce que l’autre a de plus que lui. Il te suffit de faire ton chemin en acceptant cette simple vérité : peu importe ce que tu obtiens, peu importe la façon dont tu l’obtiens, le privilège est d’obtenir, et ils ne partagent pas leurs privilèges.
Grandpas me dira, avec raison, que cela n’est pas du Mozart, mais ce n’est pas, du moins je le crois, dénué de tout sens.
Cordialement
@loc: attention qu on ne se méprenne pas, je n'envie ni ne convoite rien :) je trouve un peu dommage que personne n'ait pu ou voulu acquerir ce lieu de mémoire ( pour moi, lol ) et deuxio, je constates que ces chinois sont très forts ( j ai dit plus hau que j'avais presque de l'admiration pour eux ) et qu'on n'a pas trouvé la parade: ils grignotent, grignotent; jusqu'où ?
RépondreSupprimerc'est comme ça depuis qq années, les asiatiques reprennent les tabacs... sans doute parce qu'ils travaillent en famille ce que nous ne savons pas faire, comme se lever tôt ou fermer tard....
RépondreSupprimerTous tes souvenirs sont essorés direct. Comme ça. D'un coup. Un page se tourne. Ça oui, je comprends que ça doit te faire drôle! Ce que les Parisiens ne comprennent pas toujours, c'est que les troquets de banlieue comme la tienne sont autant de mini centres du monde. Comme à la campagne. Un endroit où des existences se tissent et où les moment passés sont incrustés dans les murs.
RépondreSupprimerUn bras de fer s'engage. Sont-ce les cafés et nous qui vont se siniser ou les Chinois qui vont se bougnatiser?
C'est vrai que c'est un peu notre faute: plus personne ne veut d'un boulot aussi dur. N'empêche...
D'accord, faut admettre, certains savent y faire.On en oublie presque qu'ils viennent de si loin.
D'autres, comme ceux au coin de chez moi, sont de parfaites portes de prison, qui parlent mal français. Là, ça fait vraiment mal au coeur.
@lo: comme tu dis... mais tout cela pose tt de meme des question sur notre devenir de... attention le mot qui tue... de "souchien"
RépondreSupprimerque des chinois puissent reprendre un bistrot ds une banlieue si "préservée",
que pas un français n ose ou puisse reprendre...
En tout cas depuis sa reprise par ces chinois, je n y vais plus dans mon bistrot
Alors tu te réfugies où?
RépondreSupprimerBien sûr que ça pose la question de notre identité. Les troquets sont les derniers endroits de vraie bonne franchouillardise au quotidien. Pas facile d'y associer un Zhonghua ren (autre mot qui tue!). Même un Zhonghua ren sympa.
@lo: ma pôvre, figures toi que je n ai pas trouvé encore la solution de remplacement ! snif !
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