mercredi 10 avril 2013

A propos du Parti Socialiste...


Le Parti Socialiste, ce sont sans aucun doute ses adhérents qui en parlent le mieux...

" Cahuzac après Strauss-Kahn, et alors que d'autres affaires sont en cours : tout cela ne peut plus être mis sur le compte seulement des personnes. Tout cela au contraire fait système !

Je le dis sans ambages, et d'autant plus à l'aise que je n'ai cessé de le dénoncer depuis des années : c'est la dérive clanique qui s'est emparée du parti socialiste qui a conduit presque mécaniquement à cette situation. DSK, pas plus que Cahuzac, ne sont des accidents. Leur attitude, et plus encore le sentiment d'impunité qui, manifestement, les habitait, sont la conséquence d'un processus d'oligarchisation de l'appareil dirigeant du parti : à mesure que les luttes de clan ont perdu toute dimension idéologique se sont constitués des groupes d'intérêt visant seulement à perpétuer le pouvoir et l'influence de leurs chefs, le cynisme prenant la place des convictions, le rapport de force celle de la confrontation d'idées. 

La  belle série de victoires remportées aux élections locales durant la dernière décennie a fait le reste, offrant mandats et emplois à des ribambelles d'alliés, clients et porte-flingues  en tout genre, peu portés du coup à dénoncer des errements auxquels ils étaient indirectement associés. Le tout a été facilité par un triple processus auquel n'échappe aucun parti mais qui s'est révélé mortel pour le PS (car le PS n'est plus ! Il lui faut désormais renaître !). 

D'abord sa confiscation par une bourgeoisie d'appareil, qui a pris soin de remplacer l'intervention et le vote  des adhérents par une cooptation systématique dont la désignation d'Harlem Désir à Toulouse a été la caricaturale illustration, la lâche passivité des cadres du parti à cette occasion témoignant également de l'ampleur du mal. Mais comment  ne pas voir qu'il s'agit là aussi du produit d'une professionnalisation à outrance de la vie publique qui fait que l'on devient toujours plus tôt, toujours plus jeune, dépendant, pour vivre, d'un mandat ou de celui ou celle qui l'exerce ? Loin de corriger cette déviance, la parité comme le non-cumul des mandats vont conforter cette tendance en favorisant l'ascension de clones sans jamais contribuer à un quelconque renouvellement, notamment celle INDISPENSABLE relative à l'origine sociale des dirigeants. 

Ici enfin se trouve la troisième caractéristique de la déliquescence de ce que fut le parti socialiste qui a cédé à son tour à une "peopolisation" de la politique qui a conduit pour une partie de ses dirigeants à faire de la notoriété médiatique et des facilités  qu'elle offre une fin en soi et développe connivences et passe-droits.

Là est le principal échec du parti socialiste : son mode de sélection des élites ne diffère en rien de celui à l'œuvre dans le reste de la société. Son mode de fonctionnement ne promeut aucune valeur propre distincte de celles qui gouvernent le reste du monde politique. Aussi est-il désormais incapable de produire en interne les anti-corps qui lui permettraient de prévenir ou de stopper l'ascension  d'hommes ou de femmes dont l'attitude comme les choix de vie se situent aux antipodes de ses principes.  

Tout cela est-il réversible ? (...)

(...) A défaut, si rien ne change qu'à la marge, nous, socialistes, connaîtrons la lente agonie de tous ceux qui un jour ont refusé de voir la vérité en face et d'en tirer les conséquences. Le regard que porte déjà sur nous une bonne partie des Français, et parmi les plus modestes, n'est-il pas déjà suffisamment douloureux à supporter ? " 

Parti Socialiste, la crise d'un système, par Gaëtan Gorce, député PS de 1997 à 2011, sénateur PS depuis octobre 2011.

D'accord, pas d'accord: atoilhonneur@voila.fr

15 commentaires:

  1. Allez, je me permets une flatterie, mais peu de blogueurs décrivent aussi bien que toi le parti socialiste. Une analyse juste et qui colle aux faits.
    Ton décryptage est toujours un régal.
    Tu serais chroniqueur à la radio que tu ferais un tabac!

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    1. @pierre: le compliment me va à ravir si ce n'est que tu as lu un peu vite, ce texte n'est pas de moi mais de Gaetan Gorce

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    2. Merde!
      Bon, n'empêche qu'il vaut pour les autres. Je ne t'aurai pas dit ça juste pour le billet d'aujourd'hui.

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  2. marianne ARNAUD10 avr. 2013, 11:08:00

    Quelle lucidité et quel courage !
    Je n'en reviens pas de lire cela sous la plume d'un socialiste, mon cher Corto.
    Et moi qui croyais qu'il n'en restait plus un seul d'honnête parmi les élus socialistes, devrais-je réviser mon jugement ?

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    1. @marianne: après la tirade de Filoche, Gorce aujourd'hui; après DSK, Cahuzac, Guerini, Andrieux, Kucheida, Dallongeville, Navarro, ... ça craque, ça se lézarde. Plus question de faire la leçon de morale . tout cela a un petit côté jouissif autant que triste pour les adhérents et militants.

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  3. Gaëtan Gorce....Motion 2....Ségolène Royal.... Tout est dit!! :)

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    1. @nigloo: Gorce... copain comme cochon avec manuel Valls au sein des rénovateurs. tout est dit... il n a pas été écouté

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    2. Tiens, d'ailleurs en parlant de Ségolène, je me disais que ça faisait longtemps qu'on ne l'avait pas entendue venir donner des leçons.... et faire la morale... Mais, bon, c'est vrai qu'avec sa petite copine najat, on est largement servis...

      Titi

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  4. Non seulement ce monsieur est clairvoyant, mais de plus il en a dans le pantalon !
    Merci Corto, une fois de plus, tu mets dans le mille !

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    1. @mauricette: je mets peut etre dans le mille mais je ne peux que regretter que ce billet du sénateur n'ait eu que si peu d'écho. C'est étrange non ?

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    2. @ Corto

      Mais non c'est pas étrange : ça dérange...
      Et le Présiflan, il aime pas être dérangé. Car il n'a rien dans son froc ;-)

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  5. Après ça, Corto peut s'épargner la rédaction de son blog.

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  6. Très drôle, surtout "de Jaurès à Désir". Puissions nous être débarrassés un jour ou l'autre de cette engeance, au moins après nous pourrions faire le ménage cez nous. Et il y a du boulot!
    Amitiés.

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    1. @Nouratin: du boulot , il y en a aussi à droite, certes. Mais bon, hein, contentons nous déjà de cette lente agonie du PS

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